Lors d’un après-midi au Musée d’Orsay, Catherine Foliot nous a invités à revisiter l’histoire. Nous avons ainsi découvert des précurseurs, qui ont osé à leur époque sortir du cadre… et finalement pratiquaient déjà l’innovation collaborative.
Catherine Foliot, membre du collectif Codesign-it et fondatrice de Passage Management, s’appuie sur l’art pour nous inviter à voir les choses différemment. Elle a publié un ouvrage en 2014 intitulé « Ce que regarder veut dire ».
Nous découvrons ainsi le musée d’Orsay sous un autre angle :
- D’un côté, ceux qui respectent les traditions, les habitudes, les règles fixées par l’Académie (perspective, proportions idéales, en cohérence avec le nombre d’Or, sujets religieux et antiques). Thomas Couture, en 1851, gagne ainsi le premier prix à l’Académie avec son tableau Les Romains de la décadence. Belle récompense, mais qui s’en souvient aujourd’hui ?
- De l’autre, les « rebelles », au premier rang desquels Gustave Courbet. La même année, il ose proposer Un enterrement à Ornans… qui casse tous les codes. Il finit par se faire exclure de l’Académie, seule structure qui, à l’époque, permettait de gagner sa vie en tant que peintre… mais persiste et signe, et nous le connaissons tous aujourd’hui.
Comment Courbet, puis les impressionnistes, en avance sur leur temps, ont-ils pu continuer à créer ? Nous retrouvons de nombreux points communs avec le monde de l’innovation collaborative aujourd’hui :
- L’importance de lâcher les certitudes ou les acquis pour être capable d’oser, petit à petit, comme le propose aujourd’hui la Théorie U
- La curiosité qui pousse à s’immerger dans d’autres cultures pour s’en inspirer. Les voyages apprenants des impressionnistes leur ont permis d’intégrer, par exemple, les techniques de l’estampe japonaise.
- La recherche d’un écosystème plus favorable : Courbet s’est exilé en Hollande, comme de nombreux entrepreneurs aujourd’hui choisissent de quitter des organisations trop figées
- La puissance du collectif avec des modes de coopération inédits : les impressionnistes avaient créé une association et faisaient preuve d’une grande solidarité. Ceux qui avaient réussi soutenaient les autres en achetant leurs toiles, pour que leur valeur soit reconnue. Ils ont, avec leurs mécènes, inventé le concept des galeries d’art, mode de distribution inédit à l’époque qui permettait de contourner le monopole de l’académie.
- Des lieux propices à la cross-fertilisation : ainsi l’atelier rassemble des disciplines différentes (peintres, pianistes…) qui se nourrissent les uns des autres. Une façon de pratiquer le « dé-silotage » et un avant-goût des Labs Innovation.
Ces notions font écho au témoignage de Brendan Backman, alias Kay One, que nous avons rencontré le matin et qui a illustré son propos en tatouant les étudiants du DU, ainsi reconnaissables dans les allées du musée d’Orsay.
L’expérience de cette journée a été particulièrement marquante. Nous connaissions, pour la plupart, déjà le musée d’Orsay, mais Catherine nous a proposé un regard décalé. La surprise de cette découverte nous permettra ainsi de ne pas oublier comment la force d’un collectif peut favoriser le développement des talents individuels.
Ouvrages de référence :
- Norbert Alter « L’innovation ordinaire »
- Michel Ragon « Gustave Courbet, peintre de la liberté »
Restitution proposée par Karine Lenoir Capelle, participante du Diplôme Universitaire Codesign
Merci à Catherine Foliot pour son intervention !
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Merci pour cette belle restitution! Bel exemple de LAB, les impressionnistes n’ont pas attendu…
Faire un pas de côté pour créer la réalité autrement, c’est bien à quoi nous convie la démarche d’innovation; les regards croisés du collectif qui décuple la richesse du résultat; notre apport à cet art de l’innovation collective vient consolider ce que nos prédécesseurs ont déjà réalisé.