Essaimer une approche environnementale dans un système économique en tension par une approche collaborative est l’expérience très ambitieuse qui nous a été présenté par Philippe Coullomb, fondateur de wheretofromhere? en Asie-Pacifique, et auteur du livre « Collaboration by Design ».
Face à la tension croissante entre les enjeux environnementaux et économique, notre société prend conscience peu à peu du besoin de convergence vers un nouvel équilibre. D’ailleurs, une organisation d’acteurs économique, semblable à notre MEDEF a pris l’initiative d’explorer cette transition en Nouvelle Zélande. Elle a donc mandaté Philippe, spécialiste de la transformation des systèmes complexes, pour les accompagner dans la mise en place d’un dispositif collaboratif permettant la discussion, la décision et l’organisation de cette transformation.
Philippe nous raconte cet accompagnement, son cheminement et surtout les nombreux obstacles et difficultés endémiques de la convergence écologique et économique. Ainsi selon le principes de pédagogie inversée, notre groupe d’étudiants du D.U Codesign converge et parfois diverge vers plusieurs problématiques :
1 – Malgré le consensus sur le besoin de réinventer ou réorganiser la relation entre économie et environnemental, les participants de l’initiative néo-zélandaise sont souvent passifs, voire moyennement engagés. Ainsi, et comme ils se renouvellent régulièrement, cela entretient une forme d’inertie. Du coup c’est l’équipe externe d’animation du dispositif qui porte l’initiative. Alors comment conserver le renouvellement du collectif tout en s’assurant une adhésion partagée et impliquée ?
2 – Souvent, les participants divergent sur l’approche. Une approche délibérée de stratège qui consiste à d’abord s’informer, analyser et réfléchir, puis décider. Et une autre plus émergente portée par les opérationnels qui consiste à expérimenter d’abord. Alors que faire pour leur permettre de cohabiter ?
De nombreuses tentatives de réponses ont été avancées lors de cette session du D.U. Codesign. Mais ce sujet nous touche tous tellement, individuellement et collectivement, qu’il génère inévitablement de nombreux débats, ébats ou émois. Certains étaient particulièrement touchés par l’enjeu environnemental du projet, d’autres par la complexité de l’enjeu politique et sociétal. Autour d’un tel sujet il y aurait une multitude de façons de restituer cette session que chacun aura vécu de manière assez unique.
Personnellement je suis passionné par la physique des systèmes complexes, les systèmes biologiques, leurs modélisations et tous les phénomènes associés tel que l’auto-organisation, l’émergence, l’adaptation, les transitions chaotiques vers un équilibre stationnaire, etc. Je trouve fascinant que des interactions simples engendrent autant de complexité. Et que de la complexité émergent des phénomènes simples qui s’appliquent et décrivent aussi bien la finance internationale qu’une fourmilière.
Quoi de plus systémique que l’environnement et notre organisation économique ?
Cette approche est assez complexes, et n’intéresse pas forcement le plus grand nombre. Du coup les nombreuses tentatives de restitution deviennent souvent illisibles et indigestes car les synthèses s’apparentent plus à un traité scientifique de physique des systèmes complexes qu’à une restitution de session. Il aura fallu plusieurs mois pour laisser décanter cette session et ne garder que l’essence.
Lors de processus de transformation sur des sujets majeurs, il se crée systématiquement une dichotomie, une opposition entre deux approches. Je qualifierai l’une de « déterminée » et l’autre d’ « émergente« . Dans l’une, nous réfléchissons, instaurons une vision puis un plan puis agissons de la manière la plus efficace. Dans l’autre, nous essayons, commettons des erreurs, puis corrigeons puis ré-expérimentons de nouveau.
Plus la transformation et les enjeux sont critiques, plus cette tension ontologique entre l’approche déterminée ou émergente se cristallise. C’est ce qui est finalement arrivé dans cette expérience néo-zélandaise. J’ai trouvé formidable l’approche de l’essaimage présentée par Philippe.
La nature elle-même utilise des algorithmes d’essaimage pour optimiser et concilier l’approche « déterminée » et l’approche « émergente ».
En effet, une approche « déterminée » définit un KPI « Key Performance Indicator » (Indicateur Clef de Performance), qui permet par exemple aux abeilles de visiter et revisiter la performance de chaque voie explorée.
L’approche « émergente » des ouvrières leur permet de choisir d’explorer de nouvelles voies ou continuer à exploiter les plus performantes.
Point commun entre ces deux approches : la transformation des systèmes complexes : c’est systémique… pas systématique.
Merci à Philippe Coullomb pour son intervention !
Restitution proposée par Steve Costalat, participant du Diplôme Universitaire Codesign
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