Les trois cerveaux du facilitateur graphique


cerveau

J’ai entendu parler de facilitation graphique il y a peu de temps et quand je l’ai vue mise en œuvre, j’ai pu en constater la puissance. Alors, c’est avec un grand plaisir et beaucoup d’impatience que j’attendais ce moment : wouahou on va parler de facilitation graphique au D.U !

Le jour J est enfin là !

Viviana Gozzi a effectué une magnifique démonstration de facilitation graphique en retranscrivant en temps réel, sous forme de textes et de dessins, une description des différents leviers de la facilitation utilisés en session collaborative.

Quel plaisir de la regarder travailler et comme cela s’avère vraiment inspirant ! J’imagine tous les petits neurones miroirs [1] qui s’allument dans la tête des participants du D.U juste en observant Viviana….

Après une phase de problématisation (eh oui encore !), nous restituons au groupe nos réflexions, via un essai de facilitation graphique. Trois courageux ont donc scribé la parole de leur collègue du DU. Chapeau pour l’exercice ! J’avoue que je ne me suis pas sentie de le faire… cette fois du moins.

Ce que j’ai compris de la facilitation graphique 

Cette discipline (appelée aussi scribing ou encore graphic recording) est en lien avec l’instant et avec les autres. Il s’agit de retranscrire  des exposés, des conversations d’une ou plusieurs personnes de manière visuelle et graphique. Le facilitateur graphique est sur le fil lorsqu’il effectue une prestation en direct ; il sélectionne les éléments à retranscrire, les façonne et détermine l’équilibre entre dessins et contenus textuels. La facilitation graphique n’est pas un exercice d’illustration à proprement parler. Cette technique accompagne des dispositifs collaboratifs, des ateliers, des conférences…

Tel un jongleur, le facilitateur graphique varie ses dispositifs tant de manière temporelle que contextuelle en fonction de l’objectif donné. En effet, un scribing est réalisé en temps réel (en live, visible de tous) ou en différé en marge des ateliers. Œuvrant assis ou debout, le facilitateur graphique est également mobile dans tout l’espace où il peut capter ce qui est important ou signifiant.

Par exemple, un « knowledge wall » (une fresque de synthèse) permet, via une grande surface relais, au facilitateur graphique de visualiser les idées, les conversations, les points clefs en léger différé.

Plus dynamique, le ScribeTalk est film d’animation utilisant souvent des techniques de facilitation graphique. Il permet d’expliciter, d’éclairer un propos. C’est une modalité que l’on peut utiliser notamment si le scribing est « exporté » vers des personnes n’ayant pas participé au processus collaboratif, par exemple pour une communication en interne ou en externe, ou encore de la formation

Qui a dit levier de facilitation ?

La facilitation graphique est l’un des leviers de facilitation des processus collaboratifs et, selon Viviana, son apport sera d’autant plus riche qu’elle s’insère dans un dispositif collaboratif complet.

En effet, en rendant visuelles nos conversations, elle permet de mieux les ancrer dans notre mémoire. Elle crée un raccourci vers la compréhension et peut modifier la conversation en créant en direct ou en différé la visualisation d’une idée, d’un concept…

Le regard décalé du facilitateur graphique enrichit les échanges en apportant un éclairage différent. Par la métaphore, l’analogie, l’humour, le ressenti, il incite au déconditionnement en immergeant les participants dans un autre univers visuel, en les aidant à prendre du recul sur eux, individuellement et collectivement. Des interactions sont créées spontanément autour des réalisations du facilitateur graphique. D’ailleurs, ce dernier recherche ces moments de feedback avec les participants ou les autres facilitateurs.

Un autre apport me semble essentiel : l’émotion générée chez les participants. La facilitation graphique contribue à rendre l’expérience collaborative unique. Il s’agit aussi d’apporter du beau ! Et le beau agit comme un baume apaisant sur les sécheresses de notre quotidien.

« Maman, je veux être scriber ! »

Si votre enfant veut devenir facilitateur graphique, sachez déjà qu’il lui faudra trois cerveaux ! Un pour écouter et comprendre ce qui est dit, un pour le transformer et un pour le restituer et le rendre visuel. Et tout cela en même temps et sous le regard de tous ! Exigeant, non ?

C’est une affaire de professionnels, même si le métier est jeune (17 ans en France), car les clients ont une attente forte vis-à-vis réalisations des facilitateurs graphiques. Il ne s’agit pas d’une science exacte comme le précise Viviana : elle varie en fonction de la personnalité du facilitateur graphique. Il existe néanmoins quelques formations et des sites de communautés de praticiens.

En résumé, trois cerveaux, du talent, de la motivation et beaucoup de pratique !

Test and learn !

Plasticité neuronale [2] oblige, stimulons-la en apprenant des choses nouvelles dans des domaines nouveaux, et développons des façons de faire nouvelles tout au long de notre vie ! Et comme rien ne vaut la mise en pratique, mon article se termine avec un premier essai de facilitation graphique, en différé… et ok, c’est juste un essai…

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Quand on dit que le D.U. Codesign est transformant….

Merci à Viviana Gozzi pour son intervention et sa magnifique démonstration !

Restitution proposée par Emmanuelle Faure, participant du Diplôme Universitaire Codesign.

Licence Creative Commons
Cette œuvre de Codesign-it! est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

 

 

[1] Les neurones miroirs sont une catégorie de neurones du cerveau qui présentent une activité aussi bien lorsqu’un individu (humain ou animal) exécute une action que lorsqu’il observe un autre individu (en particulier de son espèce) exécuter la même action, ou même lorsqu’il imagine une telle action, d’où le terme miroir.

Pour en savoir plus :

http://www.sciencesetavenir.fr/sante/les-neurones-miroir-vous-connaissez-on-vous-explique_28744

https://www.youtube.com/watch?v=iZ1P7NjY4hA

http://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences/neurosciences/neurones-miroirs_9782738119247.php

 

 

[2] La neuroplasticité – ou plasticité neuronale – peut se définir comme l’ensemble des manifestations traduisant la capacité des neurones à se modifier et se remodeler tout au long de la vie.

Pour en savoir plus :

https://www.youtube.com/watch?v=GgtLyYCpFsU

 

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