ideation – Codesign-it! http://codesign-it-ventures.fr innovation collaborative Tue, 03 Apr 2018 16:25:29 +0000 fr-FR hourly 1 https://i2.wp.com/codesign-it-ventures.fr/wp-content/uploads/2015/08/Co_logo_small.png?fit=32%2C32 ideation – Codesign-it! http://codesign-it-ventures.fr 32 32 110756974 Design… et design ! http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/design-et-design/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/design-et-design/#comments Tue, 03 Apr 2018 16:16:44 +0000 http://codesign-it.com/?p=1659 [...]]]> Vers une théorie interdisciplinaire radicale du Design

Manuel Zacklad, professeur et chercheur du CNAM en Sciences de l’Information et de la Communication, et Directeur du Laboratoire Dicen-IDF (Dispositifs d’information et de communication à l’ère du numérique en Ile-de-France), nous a exposé sa définition du design amont, avec ses différentes dimensions et les classifications possibles.

Après une formation en Psychologie et en Intelligence Artificielle (thèse UTC, HDR Paris VI), il a mené une double carrière dans la recherche et développement privée et publique (ingénieur cogniticien, chercheur en ergonomie cognitive à Orange Recherche et Développement). Il défend la recherche partenariale avec les entreprises, notamment dans le cadre de l’encadrement de doctorants en conventions Cifre (EDF, Andra, NMPP, RATP, etc.).

Ses recherches actuelles portent sur le travail coopératif et la gestion des connaissances appliquées à l’étude des communautés, à la socio-économie des services, à l’économie de fonctionnalités. Par ailleurs il travaille sur les systèmes d’organisation des connaissances (SOC) et la théorie du document pour la conception de systèmes de partage d’information et de coopération via le web dans des contextes professionnels, citoyens et culturels.

Il revient avec nous sur la notion de design amont, sujet important pour le groupe d’étudiants que nous sommes, puisque le design participatif ou codesign, qui est au cœur de notre cursus, en est une matérialisation.

Le design amont se définit en ce qu’il vient contribuer, en amont de la conception, à l’invention de certaines propriétés des artefacts (objets de la création), en s’appuyant sur des méthodes sensibles.

En matière de design amont, Manuel Zacklad distingue le design de concept du design de relation.

La première partie de l’exposé va porter sur la clarification de la notion de design de concept. Ce dernier, moins concret que la conception de l’ingénieur, recouvre les différents types de contributions des designers dans les projets de conception, et on s’accorde à dire qu’il embrasse des pratiques existantes qui étaient dénommées jusqu’ici de façon différente.

Ainsi, Manuel Zacklad distingue le design d’objet, le design visuel et d’information (qui inclut la photo, la vidéo, la visualisation de données), le design d’interaction (aussi appelé conception des IHM- interface homme machine), le design de service et/ou d’organisation (autour des processus), et enfin le design d’environnement (qui inclut par exemple la scénographie, le stylisme de mode, l’architecture d’intérieur etc).

Une autre façon de classifier les pratiques du design amont est celle qui s’attache aux dimensions des objets de la création (les artefacts) :

Distinguons :

La dimension esthétique : Design de forme (conception du look & feel)
La dimension cognitive d’usabilité et d’efficacité : Design de fonction (conception des fonctionnalités)
Dimension socio-économique, segmentation : Design d’usage ou d’expérience (conception des différents usages selon les les usagers)
Dimension imaginaire, valeurs : Design symbolique (conception de l’image, du positionnement, du nom etc.)

Manuel Zacklad aborde ensuite le design de relation : celui-ci désigne la conception non pas des caractéristiques des objets/ services, mais des conditions qui faciliteront la créativité, la coopération et l’adhésion. A la différence du design d’interaction, l’engagement des parties prenantes est la finalité de cette approche. Le design de relation vise la génération d’idées mais aussi la collaboration, l’expression dans des contextes complexes ou peu favorables.

Là encore, l’intervenant entre dans le détail des spécialités du design de relation et présente notamment 2 approches majeures au service desquelles les savoirs faire d’animation de groupes et de facilitation sont souvent clés :

  • Le design maïeutique
  • Le design participatif

Le design maieutique, aussi appelé design thinking, est la plus connue des spécialités du design de relation. Le designer maieuticien se veut a priori ignorant et va faciliter l’accouchement des idées (méthode socratique).

Trois grandes étapes caractérisent principalement le design thinking : 1 / inspiration (on donne aux participants des éléments de connaissance approfondis), 2/ idéation (les participants génèrent des idées de solutions, d’abord de façon très large -c’est la divergence-, puis recentrée sur quelques pistes prioritaires), et enfin 3/ l’implémentation (les participants décrivent le plan des solutions retenues, qui peut se matérialiser sous forme de maquettes par exemple).

Le design participatif ou codesign présente de nombreux points communs avec le design thinking, mais elle s’en distingue par la notion de « démocratie de la conception » issue de son origine scandinave (participatory design) et l’implication de participants jusqu’aux choix de conception. On légitime cette sollicitation et ce « contrôle » du travail des « ingénieurs » par leur expertise de l’utilisation et des usages des nouvelles solutions.

L’exposé se termine et a permis au groupe de mieux cerner les différentes notions de design, terme et pratiques dont la présence se multiplie dans les projets, et notamment comment le design amont ne sépare pas les enjeux de description des caractéristiques des artefacts des enjeux de d’utilisation, d’usage et de valeur symbolique. On retient en outre que design amont inclut également les enjeux de l’implication des acteurs (design de relation). Les participants ont reçu des éléments éclairants et spécifiques pour être en mesure « d’expliquer le codesign à des néophytes », ce qui les a interpellé mais aussi questionné. Ces classification sont-elles assez opérationnelles? Comment ajuster la tension nécessaire entre le design de concept et le design de relation?…

A titre exploratoire, il est intéressant de retenir enfin que le codesign n’est pas opposable au design thinking ni à la Théorie U. On pourrait avancer que le codesign forme une sorte d’approche mixte, qui permet de mettre de l’émotionnel dans le design thinking, ou de mettre un cadre et du rythme à des méthodes type Théorie U, afin de garantir l’obtention de résultats. Quand le design thinking peut faire l’effet d’un parcours épuisant pour les participants (rythme, effet « machine à laver »), le codesign introduit des moments de respiration, de fête et de célébration sans sacrifier à l’obtention de résultats tangibles.


Restitution proposée par Eric BOYER et Jean-Etienne BOUEDEC, participants du Diplôme Universitaire Codesign

Merci à Manuel Zacklad pour son intervention !

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Projet Imagine : l’inspiration collective http://codesign-it-ventures.fr/2018/03/28/projet-imagine-linspiration-collective/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/03/28/projet-imagine-linspiration-collective/#respond Wed, 28 Mar 2018 12:13:16 +0000 http://codesign-it.com/?p=1591 [...]]]>

L’ONG Projet Imagine est au service de causes multiples, du handicap à la pauvreté, de la biodiversité à l’éducation… Pour diffuser ses messages, elle utilise un support original : le court et long métrage documentaire. Ceux-ci mettent en lumière des héros discrets, anonymes, ceux qui agissent secrètement pour le bien des autres sans en réclamer la vedette, ceux que l’on a juste le temps d’apercevoir prêter main forte à un inconnu avant qu’ils ne disparaissent au coin de la rue… Leur intention ? Frapper les esprits par leur force évocatrice, être source d’inspiration, donner envie de s’engager comme les héros modestes qui s’animent sur l’écran, pour mener ses propres batailles. Mais l’ONG s’assure également d’accompagner les motivations naissantes pour éviter qu’elles ne retombent sitôt après la fin du film, en allant à la rencontre d’étudiants ou de salariés.

Cette ONG dirigée par la main bienveillante de Frédérique Bedos, a en effet conçu des programmes de sensibilisation à l’action citoyenne et à la solidarité, et s’apprête, cette année, à créer un programme propre aux villes. Ce changement d’échelle permet d’ouvrir le spectre des acteurs concernés, en touchant l’ensemble des citoyens et citoyennes. Mais aussi de se saisir du territoire comme d’un espace où les différentes entités sensibilisées aux valeurs qu’incarnent les héros Imagine peuvent être mises en relation : écoles, entreprises, prisons…

Après avoir consacré ses talents de compositeur à la mise en musique des péripéties de certains héros Imagine, Nicolas Wauquiez a proposé d’apporter le soutien du collectif Codesign-it! au projet des villes Imagine, qui a déjà séduit la ville de Louviers, en Normandie. Rassembler les membres de l’organisation et les facilitateurs de Codesign-it!, avait pour but de définir, collectivement, le visage de la ville Imagine.

Pour Béatrice Collet, qui a pris le relais en tant que facilitatrice, ce partenariat pro bono représente pour Codesign-it! l’occasion de consacrer des moyens à un projet dans lequel croit le collectif, un projet qui lui a plu pour son ambition et ses idées novatrices.

Pour l’équipe de l’ONG, c’est l’opportunité d’impliquer tous les membres dans le processus de réflexion, pour partager dès le départ un horizon commun. Car « pour être créatif, il faut du cadre », explique Béatrice. Avec cette vision d’ensemble, le Mouvement Imagine peut s’installer dans la durée.

L’intention de la première session a ainsi été de donner la parole aux membres du projet, en leur permettant de se projeter dans leur conception de la ville Imagine et de faire émerger des perspectives sur ce qu’ils attendent d’une ville plus juste et plus durable. Pendant une matinée, plusieurs sous-groupes restituent sur des panneaux leurs idées selon deux angles principaux : le paysage et les fonctions des villes. Pendant ce temps, les facilitateurs de Codesign-it! orchestrent les réflexions en coulisses…

Cette première phase d’idéation permet surtout de se donner le droit de rêver. À la question « Comment imagines-tu la ville idéale de demain ? », les réponses s’entremêlent : des potagers sur les toitures, des réseaux de compost pour une cité plus verte, des murs colorés pour valoriser le bien-être et l’accueil… Tous les aspects de la ville, politiques, économiques, sociaux, viennent composer ce grand portrait ingénu et foisonnant de la vision Imagine.

Amélie Lemarchand et Carla Altenburger, toutes deux responsables du pôle Mouvement de l’ONG, expliquent leur expérience collaborative comme une nécessaire mutualisation des compétences, un nouveau cadre de travail durant lequel toutes les voix comptent dans la construction d’un projet commun.

Les deux prochaines sessions canaliseront d’abord les idées pour les confronter à la réalité et aux moyens disponibles, à travers des mises en situation et l’utilisation de personas, pour les présenter ensuite à des élus ou acteurs des collectivités territoriales. A l’issue de ce parcours, toutes les étapes de construction du projet auront été validées, de la rêverie au concret, de l’idéation à l’étude de terrain, pour le préparer en amont aux éventuels obstacles.

Pendant que les réflexions murissent, la ville Imagine prend peu à peu consistance, délogée de l’espace imaginaire qu’occupent les idées pour bientôt s’installer dans la réalité.

Publication proposée par Nina Valin.

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Posture et état d’esprit du facilitateur : zoom sur le lien de confiance http://codesign-it-ventures.fr/2017/09/05/posture-et-etat-desprit-du-facilitateur-zoom-sur-le-lien-de-confiance/ http://codesign-it-ventures.fr/2017/09/05/posture-et-etat-desprit-du-facilitateur-zoom-sur-le-lien-de-confiance/#respond Tue, 05 Sep 2017 11:15:12 +0000 http://codesign-it.com/?p=929 [...]]]> Nadège Lossouarn, qui intervient cet après-midi, nous l’avons connue « de l’autre côté du miroir » quand nous étions sponsors d’une démarche innovante et collaborative au sein d’un ministère en transition !

Raison de plus pour être attentifs à son récit qui, au-delà des mots, révèle une personnalité totalement alignée avec ses actes. Dimension qu’elle évoquera dans sa présentation !

Ce n’est donc pas une surprise pour nous de découvrir que le sujet central de son intervention est le lien de confiance, et le climat de sécurité induit, que le facilitateur doit créer et entretenir tout au long du processus de travail. Car, en effet, c’est bien ce sentiment de confiance dans un environnement sécurisé que nous avons toujours éprouvés lors des différentes sessions organisées avec Nadège.

Et si ce sentiment s’est d’emblée imposé entre nous, cela ne signifie pas pour autant qu’il n’est pas le résultat d’un cheminement personnel, basé sur l’expérience, jalonné d’échecs et de réussites, et construit de la part du facilitateur, Nadège en l’occurrence.

La confiance peut se définir ainsi, par l’ensemble des croyances confortant le client dans la certitude que les intentions et les comportements de son partenaire d’échanges produiront les résultats attendus. [1]

Ce lien de confiance s’installe d’abord entre le facilitateur et le sponsor pour ensuite s’étendre à l’ensemble des participants.

Ce lien de confiance est un des atouts majeurs du facilitateur pour amener le groupe à être plus efficace, à avancer ensemble dans une direction commune. Ce cadre de confiance créé par le facilitateur permet à l’intelligence collective d’émerger.

État d’esprit à installer à chaque nouvelle relation sur la base d’enseignements et d’expériences diverses, qui mobilise trois dimensions distinctes mais complémentaires :

  • la présomption de compétences

Le facilitateur doit faire preuve de pédagogie auprès du sponsor pour démontrer la maîtrise de son savoir-faire, sa compréhension du contexte, des enjeux et la pertinence des méthodes collaboratives qui vont être déployées. Les compétences du facilitateur sont aussi sa base de confiance en lui, ce qui lui permet d’assumer et d’assurer une capacité à co-construire avec un collectif.

  • la présomption de bienveillance

Tout au long de l’accompagnement déployé, le facilitateur doit veiller à faire preuve de bienveillance vis-à-vis du sponsor et des participants qu’il embarque dans la démarche. Cette bienveillance doit aussi être réciproque à l’égard du facilitateur, quand bien même les confrontations et échanges d’idées et de cheminements sont denses et animées. Cette bienveillance crée les conditions d’un travail efficace, serein et facilite la réussite de la collaboration. Elle s’établit en postulat initial réciproque puis s’entretient par des postures (la franchise, la sincérité, la transparence, l’écoute, le souci d’inclusion et la détection des irritants) incarnées tant par le facilitateur que par le sponsor tout au long de la démarche engagée.

  • la présomption de cohérence

Elle se traduit par la capacité du facilitateur à tenir ses engagements et à être sincère dans ses promesses. Dans l’accompagnement d’un client, pour Nadège, il est également important de rester aligné avec ses propres valeurs et ses propres engagements, par respect pour celui-ci d’une part et pour soi-même d’autre part.

 

Comme le souligne Nadège, on ne naît pas facilitateur, on le devient après avoir vécu des expériences réussies mais aussi des échecs dont il faut savoir apprendre et partager, en toutes franchises, quelques anecdotes.

Ce récit professionnel personnel a inspiré la communauté du DU autour de trois questions explorées en sous-groupes :

1/ Comment créer les conditions de la confiance ?

par la convergence des enjeux (des intentions claires et partagées entre facilitateur et sponsor, des attentes exprimées, des méthodes de travail validées,…)

  • par des objectifs réalistes et livrables,
  • par le « walk the talk/talk the walk » (faire ce qu’on dit, dire ce qu’on fait, avec un feedback partagé et co-porté),
  • par une méta-communication (partager la confiance, lâcher les peurs, crever l’abcès)
  • par la distance dans la relation (répondre à tout le besoin ou seulement au besoin, rester authentique, savoir dire non)

 

2/ Comment s’adapter en restant authentique ? En restant aligné ?

  • la définition des règles du JEU : transparence, cadre de sécurité, engagement mutuel, liberté de paroles
  • la clarté des rôles, des intentions, des objectifs, des méthodes
  • la capacité d’adaptation du facilitateur et sa capacité à dire NON

 

3/ Comment savoir qu’on a créé un lien de confiance ?

Des signes                                                                des comportements dans la relation

– Qualité du feedback                                               Franchise / Transparence / Écoute

– Repérage les irritants                                             Accueil / Qualité de la Présence

– On peut tout se dire !                                              Engagement / Disponibilité

– Intensité de la collaboration                                    De nouvelles missions / le bouche-à-oreilles

 

En complément de l’intervention de Nadège, au gré des rencontres, des expériences vécues, des apprentissages acquis lors du DU, on peut retenir que le facilitateur doit être une sorte de « couteau suisse », toujours disponible et utile sans être encombrant ! Il n’est pas un animateur, situé au centre de la relation, il n’est pas le formateur qui est au-dessus de l’interaction, ni le coach, ni le gourou. Au cours d’une session, la place/rôle du facilitateur va évoluer, il sera très présent/référent au démarrage d’une collaboration, d’une session pour idéalement s’effacer au fur et à mesure que la démarche de codesign est appropriée et portée par les participants et sponsors. Son objectif est d’amener le groupe à être plus efficace ensemble notamment par la co-construction et le co-design. Le rôle du facilitateur est de créer un cadre, de réunir des conditions indispensables pour permettre à l’intelligence collective de fonctionner, et aux solutions d’émerger tout en accompagnant le groupe vers l’autonomie pour sa propre transformation.

La confiance est un des outils à déployer au même titre que l’empathie, la neutralité, l’adaptabilité et la bienveillance.

 

Merci à Nadège pour son intervention et sa bienveillance !

[1]   Jean Frisou – Confiance interpersonnelle et engagement : une réorientation béhavioriste

 

Restitution proposée par Dominique Jeandot et Patrice Roux-Caillebot, participants du Diplôme Universitaire Codesign.

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Hack ton entreprise ! http://codesign-it-ventures.fr/2017/01/02/hack-ton-entreprise/ http://codesign-it-ventures.fr/2017/01/02/hack-ton-entreprise/#respond Mon, 02 Jan 2017 11:35:41 +0000 http://codesign-it.com/?p=695 [...]]]>  

makestorming

Dans le cadre du D.U. Codesign, nous avons eu la chance de rencontrer Marie-Noéline Viguié, co-CEO et co-fondatrice de nod-A / Makestorming.

Born to hack

Marie-Noéline Viguié s’est affranchie très tôt des carcans. Elle a pris la tangente dès sa sortie de l’EDHEC, en se lançant dans l’indépendance et l’entreprenariat sans jamais passer par la case “salariat”. Après plusieurs années de collaboration avec l’ASE/Capgemini qui lui ont permis de bâtir sa propre vision des processus d’intelligence collective, elle a participé à l’aventure de La Cantine/Silicon Sentier (aujourd’hui intégrée au NUMA), où elle a appréhendé de plain-pied l’univers des startups.
Puis elle a créé nod-A, avec Stéphanie Bacquere, en 2009 et co-fondé Museomix, un dispositif visant à hacker les musées (cinq ans d’existence, plus de vingt-cinq musées dans le monde).

Marie-Noéline, c’est une hackeuse dans l’âme qui aide les hackers en herbe à passer des mots à l’action au sein de leur entreprise.

Un premier appel au hack

En 2010, la difficulté des musées à renouveler leur public fait réagir un petit groupe de passionnés d’art : la tradition séculaire de présentation des œuvres, codifiée par des siècles de pratiques de conservateurs, est de plus en plus décalée des attentes et des modes de partage des nouvelles générations.

Ce petit groupe d’hacktivistes culturels décide alors de faire rentrer dans un musée – les Arts Décoratifs – des populations diverses (codeurs, designers, médiateurs musées, publics…) qui, pendant trois jours, imaginent de nouvelles façons de faire découvrir ou redécouvrir une œuvre. Pour ce faire, chaque groupe créé un prototype qui permet de mettre en valeur une création conservée au musée afin de sublimer l’expérience du visiteur grâce au digital, à la documentation (sonore, vidéo, écrite) ou en enrichissant l’œuvre par une installation dédiée.

Le résultat est époustouflant et onze projets originaux sont créés dont “Splendeur ou misère des courtisanes”, une mise en vie notamment audio de la chambre à coucher de la courtisane Valtesse de la Bigne.

Depuis, l’opération a été dupliquée en France et dans le monde (Montréal, Mexico…) et une dizaine de musées adoptent chaque année le format Museomix pendant trois jours. Le dispositif est même entré au catalogue de formation du Ministère de la Culture, ou comment le hack peut être repris et diffusé par l’Institution !

Tous hackers !

Les apprentissages de Museomix ont permis à Marie-Noéline et son équipe de faire un pas supplémentaire pour propulser la dynamique du “ hacking” dans le vaste domaine de l’entreprise.

Pour soutenir les corporate hackers en herbe, ils ont développé le MAKESTORMING, une approche qui réinvente la culture du travail dans les grandes entreprises en hackant leurs organisations et en y viralisant les pratiques du monde des startups.

Et c’est ce qu’elle a partagé avec nous dans le cadre du D.U. codesign. Nous avons écouté, médusés, ce conte héroïque et décalé, entre œil qui brille et regards qui se croisent – partages silencieux de situations communes que l’on aimerait bien REMIXER

Et forcément tout cela soulève une “grande” question : comment on peut devenir hacker dans sa boîte ou son organisation ?

Marie-Noéline nous a livré une recette somme toute assez simple :

1/ Des personnes motivées et curieuses issues de différents horizons avec un mantra :

je suis acteur / je suis en capacité de faire / je suis autonome / je vais assumer mes responsabilités
+
un objectif commun bien intégré
+
un goût immodéré pour la collaboration et le partage
+
de la persévérance
+
une grande propension à appréhender et à présenter les choses différemment
+
une capacité à désobéir pour “bien” faire

2/ Beaucoup de jus de crâne pour une première phase : l’idéation

3/ De l’adresse et du cœur pour la seconde phase : le prototypage

4/ De l’huile de coude et du culot pour la troisième phase : le test visible in situ

… à saupoudrer d’une pincée de folie et une grosse louche de courage !

Secret du chef : être humble et produire des réalisations simples et concrètes, rendre visible pour décaler les esprits de ceux qui nous entourent.

Quelques entreprises ouvrent d’ores et déjà la porte au hacking. Marie-Noéline a cité, entre autres, Accor, dont le “Shadow ComEx” composé de trentenaires challenge le ComEx institutionnel sur les décisions stratégiques autour de la transformation digitale. Toujours en support de cette dynamique, nod-A déploie depuis peu un programme #licence2hack : une semaine entière où la direction générale donne carte blanche à toute l’entreprise pour mettre à jour les failles de l’organisation, identifier les tensions à casser et, avec les employés et des ressources externes, lancer des hacks qui marqueront son histoire. Un véritable espace participatif pour libérer les idées et les actions.

Par essence, chaque individu peut y contribuer, s’il “adopte une attitude rebelle, constructive et bienveillante afin de créer de la valeur pour l’entreprise et redonner du sens au travail” (définition donnée par les co-fondatrices de nod-A).

Let’s do it !

Cette source d’inspiration offerte, il nous fallait l’utiliser, la travailler, s’y frotter…

Exemple d’une mise en application : hacker quelques modes de fonctionnements d’une vénérable entreprise de service octogénaire. L’objectif recherché ? Faire concrètement avancer des projets ou des sujets en accélérant leur mise en œuvre, faire évoluer ou contourner des processus trop lourds et complexes, voire amener des organisations à se redéfinir en faisant grandir les mentalités. Sur le papier cela paraissait simple, mais il aura fallu sauter quelques haies et étouffer quelques réflexes conditionnés pour expérimenter les premiers hackings.

Pour passer à l’action, il semblait nécessaire de repérer quelques pairs car l’union fait la force. L’appétence de certains pour simplifier l’organisation ou proposer d’autres façons de mener des projets est présente dans chaque organisation, il fallait donc les rencontrer, échanger avec quelques uns pour créer – disons plutôt amplifier dans ce cas – la dynamique.

Notre petit groupe formé, nous avons structuré une démarche simple pour atteindre des objectifs concrets ; nous avons donc :

  • listé quelques sujets que l’on souhaitait voir avancer,
  • identifié les points de blocages de chaque sujet,
  • réparti les tâches entre les membres du petit groupe d’hacktivistes fraîchement formé,
  • coordonné nos actions en échangeant sur les tactiques à adopter pour contourner chaque blocage rencontré.

Puis nous nous sommes lancés… Tous les fruits de ce hacking naissant ne sont pas encore mûrs mais l’arbre en porte maintenant quelques-uns. Grâce à notre envie, notre volonté et l’expérience glanée dans d’autres d’organisations, nous avons pu en quelques semaines :

  • renforcer une équipe en charge d’un sujet important pour collectivement l’accélérer en prenant du temps de travail sur sa mission principale,
  • réussir à lancer une expérimentation souhaitée par plusieurs directions dans le domaine de l’idéation participative,
  • aller chercher en externe des compétences nouvelles et trouver le financement pour prototyper de nouvelles idées d’un métier tierce.

En parallèle de notre groupe, nous avons découvert qu’un service avait monté une salle de créativité dans son bâtiment pour y promouvoir le Design Thinking, qu’un autre allait refondre son organisation et ses processus en faisant pleinement participer l’ensemble de ses collaborateurs à ce chantier, que la formation interne avait inclus “sous le radar” des contenus originaux (que certains esprits chagrins qualifieraient de subversifs – dont une conférence de Marie-Noëline !) et continuait allègrement dans ce sens tant qu’on ne la bloquait pas.

Quel que soit l’exemple trouvé, chacune de ces actions a été choisie à l’aune de ce qu’elle apporterait à l’organisation en terme de réalisation ou d’enrichissement du savoir-faire (connaissance et mise en œuvre) des collaborateurs.

La motivation première de tous ces hacktivistes rencontrés dans l’entreprise est la volonté de faire progresser la communauté, même si le chemin est long et sinueux.

Merci à Marie-Noéline Viguié pour son intervention !

Restitution proposée par Sara Boucherot et Quentin Lebel, participants du Diplôme Universitaire Codesign.

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