échanges – Codesign-it! http://codesign-it-ventures.fr innovation collaborative Tue, 03 Apr 2018 16:59:28 +0000 fr-FR hourly 1 https://i2.wp.com/codesign-it-ventures.fr/wp-content/uploads/2015/08/Co_logo_small.png?fit=32%2C32 échanges – Codesign-it! http://codesign-it-ventures.fr 32 32 110756974 La Joie de Dame Fortune, roman collaboratif. http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/la-joie-de-dame-fortune-roman-collaboratif/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/la-joie-de-dame-fortune-roman-collaboratif/#respond Tue, 03 Apr 2018 16:59:28 +0000 http://codesign-it.com/?p=1664 [...]]]>  

La statuette de Dame Fortune

« Créer, c’est vivre deux fois » Albert Camus

Résumé :

Cette publication retrace le déroulement d’une session du diplôme universitaire de Codesign. Le cœur de la session est le récit d’une expérience de co-écriture d’un roman épistolaire et d’éclairages sur le modèle du parcours de vie de Jean-Pierre Boutinet et du méta-modèle de la Théorie U d’Otto Sharmer. Les réflexions des participants s’ouvrent sur la place de l’initiateur-trice d’un projet dans son déroulement et sa suite, la potentielle utilisation de la Théorie U dans une œuvre artistique collective et la place de la joie dans le travail collaboratif.

Caroline Guyon et Christine Da Silva, collaboratrices de La Française Des Jeux, sont les deux intervenantes venues stimuler les participants du diplôme universitaire de Codesign. Pour cela, Caroline et Christine ont partagé leur expérience de co-écriture d’une histoire singulière, à la fois au cœur et en marge de leur emploi. L’histoire de Dame Fortune et du roman qui lui est consacré.

 

Déroulement de la session :

Lundi 2 octobre, 9h, temps maussade, température basse, café chaud, nouvel espace du 12co, les participants se réunissent pour parcourir trois nouvelles journées dans le Diplôme Universitaire de codesign et les boucles de pédagogie inversée. Rien ne laisse présager que la joie sera si grandement présente ce matin.

Comme souvent, la session commence par un imprévu. Le pitcheur de l’accueil n’est pas là : qui va pitcher ? Car pour que la session commence, le rituel de l’accueil est nécessaire afin de connecter l’intervenant au groupe et de le mettre dans de bonnes conditions en connaissant mieux le déroulement de la formation et la composition du collectif. C’est Véronique qui, spontanément, se propose pour accueillir Caroline et Christine avant de leur laisser la parole.

Pour trouver le début de l’histoire qui nous est raconté, il faut remonter en 2014, dans le hall de La Française des Jeux. Caroline, ingénieur qualité, passe chaque jour devant une œuvre d’art, sans vraiment la remarquer. L’œuvre est dans le paysage, elle est le symbole de l’entreprise. Et puis un jour, Caroline se demande qu’elle est donc cette œuvre ? Ce symbole ? Elle est attirée par l’œuvre, et même les œuvres, identiques, présentes sur chaque site de l’entreprise et qui pourtant semblent être ignorées par le plus grand nombre. Cette œuvre c’est Dame Fortune, c’est écrit sur le socle mais une question naît : qui est-elle ? Qui est Dame Fortune ?

L’envie d’écrire sur l’œuvre mobilise Caroline. Elle transcende son propre jugement et les suppositions inhibitrices en partageant cette envie avec quelques collègues lors d’un déjeuner : Et si nous écrivions ensemble sur la vie de Dame Fortune ?

Certains répondront positivement à l’appel de Caroline, dont Christine. Les rencontres se dérouleront de façon hebdomadaire, le mardi entre 12h et 14h, dans un restaurant voisin de l’entreprise. Le collectif de 9 personnes est lancé et pose les principes qui le guidera pendant 6 mois :

Valeur commune : “Créer ensemble, c’est vivre deux fois plus heureux”. Réadaptée, la phrase d’Albert Camus, car il semblait délicat de « promettre la réincarnation ».
– Règles de fonctionnement : créer sans se juger, se faire plaisir, rester positif. Le fruit de notre imagination ne peut être divulgué qu’avec l’accord du groupe.

Les questions qui soudent le collectif autour de l’envie d’écrire prennent forme :

– Pourquoi Dame Fortune tu es sur tous nos sites ?
– Pourquoi tu as les yeux bandés ?
– Qui es-tu ?

Dans le récit de cette expérience, la méthode ne précède pas l’envie. C’est chemin faisant, durant les premières semaines, que le collectif découvre les travaux de Jean-Pierre Boutinet sur la trajectoire de vie et le parcours de vie. Ce cadre sera la base du travail du collectif sur la vie de Dame Fortune, la structure du roman. Durant 3 mois, les échanges seront focalisés sur les événements et le déroulement de la vie de Dame Fortune.

La trajectoire et le parcours de vie de Dame Fortune

L’étape méthodologique suivante sera la découverte de la Théorie U. Il s’agit pour le collectif d’un méta-modèle qui leur permet de réinterpréter leur expérience au travers des étapes décrites par Otto Charmer. Caroline nous relate alors des éléments essentiels d’un parcours en U : esprit ouvert et suspension de la voix du jugement, puis coeur ouvert et suspension de la voix du cynisme et enfin volonté ouverte et suspension de la voix de la peur.

Autre élément qui pourrait être considéré comme un détail, mais que nos deux intervenantes s’accordent à qualifier de point crucial dans la vie du collectif : la date, une échéance pour achever l’ouvrage. Et la date fait sens dans l’entreprise qui réunit ce collectif puisque durant l’année de la co-écriture il y a un vendredi 13, un seul. La date devient alors une évidence.

Dans son cheminement avec à présent le U pour fil conducteur, après de multiples échanges et correspondances en plus des rencontres hebdomadaires, le collectif choisit la forme du roman épistolaire pour raconter l’histoire de Dame Fortune. A l’approche du vendredi 13, deux nouvelles questions se posent : l’ouvrage doit-il être publié ? Et si oui, sous les vrais noms ou sous des pseudonymes ? Le groupe s’accorde selon ses principes : il faut l’accord de chacun pour que la publication soit réalisée et si l’anonymat est préféré il sera adopté.

Le jour J étant arrivé la publication est réalisé sur l’Intranet de l’entreprise et partagé au plus grand nombre. En parallèle un livre en auto-édition est édité. La personne qui a publié est nécessairement sortie de l’anonymat, tandis que l’ouvrage est signé par les « Fortune Tellers ».

La suite des aventures du collectif était déjà présente sur la couverture de l’ouvrage puisqu’il s’agit du dessin… De nouveau l’appel est lancé, un collectif se mobilise, l’esprit, le cœur et la volonté ouvert-e-s les traits prennent forme à chaque nouveau rendez-vous…

Peut-être verrez-vous un jour une exposition d’œuvres collaboratives que Caroline et Christine auront réalisée avec d’autres, et si c’est le cas, je prends le pari que le vernissage se fera un vendredi 13.

Suite à ce partage, vient l’étape de problématisation, réalisée en parallélisant, c’est à dire en divisant le groupe de participant-e-s en sous-groupes de 5 à 7 personnes, pour rechercher un problème suite à la stimulation. La problématisation, pour essentielle qu’elle soit, est régulièrement problématique et confusante. On voit souvent émerger une intention ou une suggestion, une réponse même, parfois dissimulée dans une question, ou une affirmation sans que pour autant il s’agisse tout à fait d’un problème. La tentation de la question est grande et nous, participant-e-s, y cédons fréquemment. Cependant, il s’agit d’une démarche apprenante et dans les sous-groupes, il y a souvent une personne pour pointer l’écueil, si ce n’est pas le facilitateur ou le collectif qui le fait au moment du partage des problèmes.

Problèmes identifiés :

– Cultiver la joie dans le travail collaboratif.
– La méthode U permet à des artistes de co-créer des œuvres de meilleure qualité, reformulé ensuite en : comment ne pas diluer une expertise dans un travail collaboratif ?
– Conserver la juste place du leader (influence, neutralité, moteur, autonomie, …) alors qu’il est partie prenante
– Passer de mon projet à notre projet avec des volontaires (rêve, méthode, …)

Le temps consacré à la réflexivité permet de mettre en commun ce que les participants ont vécu, retiennent, ont appris durant la session. Dans ce cas, la méthode du domino a été utilisée. Réuni-e-s en plénière, Alain, notre facilitateur nous a invité à écrire sur un post-it ce que l’on souhaite partager, puis un-e participant-e initie le partage en lisant et en collant son post-it, si une autre personne à une chose identique ou proche, il suffit d’aller réunir les post-it. Si non, on passe au partage d’un autre post-it et du regroupement éventuel qui l’accompagne et ainsi de suite jusqu’à ce que chacun-e ait partagé ses réflexions. Cela permet de voir les points de convergence et les points plus singuliers.

Dans notre cas, la part des mots ou phrases lié-e-s à une dimension émotionnelle m’a marqué et notamment en ce qui concerne la joie : « la joie est dans la co-création », « la phase de prototypage est la plus excitante », « la méthode n’est qu’un support, la joie de la création collective est le vrai moteur », « la joie est dans la concrétisation d’un projet collectif » …

Des éléments saillants s’attachent à la place de leader, de l’impulsion de l’initiateur-trice : « l’initiateur d’un projet peut passer au rôle de participant (ou sortir) sans que le projet ne meure », « partager et laisser agir », « le rôle et la responsabilité du porteur de projet évolue au cours du temps », « connaître dès le début d’un projet l’évolution du rôle d’un porteur d’idée », « exprimer ses rêves », « parler de ses projets », « oser co-initier », « fédérer un groupe autour d’un idée perso en faisant de la place à chacun », …

 

D’autre encore reviennent sur l’importance du cadre : « un cadre partagé allié à beaucoup de liberté », « pour garantir ce « presencing » le cadre est nécessaire », « fixer les règles pour libérer la créativité », « se donner des règles, un cadre en amont + partage de valeurs ».

A l’occasion de cette séquence de réflexivité, le temps maussade de l’extérieur est oublié grâce à l’enthousiasme de ce qui se déroule à l’intérieur.

Ressources complémentaires :

– Les travaux de Jean-Pierre Boutinet sur le Parcours de vie et autres publications : http://www.jeanpierreboutinet.fr

– Le site internet du Presencing Institute et la Théorie U : https://www.presencing.com

– Résumé de la théorie U : « Éclairer l’angle mort de notre époque » https://www.presencing.com/sites/default/files/page-files/TU-ExecSum-French.pdf

L’un des apports majeurs concerne, pour ma part, les notions de trajectoire et de parcours de vie. L’élan donné par l’extérieur et l’élan donné par soi-même sont des notions qui me semblent être au cœur des démarches collaboratives. Lorsque la complexité est présente et l’incertitude ambiante, la capacité d’un collectif à chercher des pistes de solutions puis à prendre des décisions et enfin à les mettre en œuvre semblent proches du passage de la trajectoire au parcours de vie. Le groupe faisant alors, dans une certaine mesure, des choix déterminants dans la construction de son futur, impactant parfois celui d’autres, leur donnant une trajectoire avant qu’à leur tour, ils construisent leur parcours de vie…

Concernant le processus collaboratif tel qu’il nous a été présenté par Caroline et Christine (et tel que je l’ai perçu et retenu), j’en garde une sensation d’enthousiasme, de plaisir, de joie dans cette dynamique hybride, à la fois dans et hors de l’entreprise, à la fois pour soi et pour/avec les autres, à la fois dans un cadre et dans l’autonomie, …

Plusieurs fois, le fantasme qu’une formule existerait pour favoriser cette joie a été évoqué lors des échanges, elle pourrait ressembler à :

oser partager + motivation intrinsèque + production collective + échéance + implication = joie

J’ai personnellement été saisi par le récit de ce cas concret d’une démarche qui se calque, en chemin, sur la Théorie U. J’aime quand les modèles, méta-modèles, techniques, concepts, sont présentés par le prisme de l’expérience. Cela me permet de réaliser de façon plus précise à quoi ils peuvent se rattacher en situation. A mon sens cela évite de se perdre en conjectures ou en réflexions infinies qui, bien qu’intéressantes, risquent de perdre de leur substance en se s’éloignant du réel.

A l’issue de cette matinée, des questions nouvelles émergent :

– Quelle est le processus de la reconnaissance dans le souhait de l’anonymat ?
– Quel est l’impact de ce type de démarche sur son travail du quotidien ?
– Quelle est l’influence de ces démarches sur la confiance en soi et l’estime de soi ?
– La joie peut-elle devenir un nouvel indicateur au travail ?

Autant de questions qui invitent à découvrir de nouveaux ouvrages, partager des expériences, mener de nouvelles explorations


Publication proposée par Guillaume Roissard, avec la précieuse contribution de Sophie Mourey, participant-e-s du Diplôme Universitaire Codesign

Merci à Caroline Guyon et à Christine Da Silva pour leur intervention !

Licence Creative Commons Cette œuvre de Codesign-it! est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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Un lab des labs ! http://codesign-it-ventures.fr/2018/03/28/un-lab-des-labs/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/03/28/un-lab-des-labs/#respond Wed, 28 Mar 2018 11:59:12 +0000 http://codesign-it.com/?p=1501 [...]]]> Le premier Lab d’innovation collaborative en France prenait forme sur la demande d’Antoine Scotto d’Apollonia, pour Airbus, fin 2008. Depuis, ces dispositifs consacré à la réflexion et à l’action collaborative a conquis les entreprises et entre temps, le Lab d’Airbus s’est multiplié en trois dispositifs servant chacun une fonction différente.

Les entreprises comme Airbus font appel à ce type de dispositif pour des raisons différentes, ce qui pourrait limiter l’intérêt d’une collaboration entre Labs. Mais le besoin de réinventer sans cesse le concept (proposition de valeur et fonctionnement) et de le renouveler selon les demandes, les contextes et les utilisateurs, représente en revanche une opportunité de rapprochement. Une première session avait donc été organisée par Nadège Lossouarn en 2017 entre Dominique Movellan de la Maif et Anne-Sophie Bianne d’Airbus, confirmant les bénéfices d’un partage des expériences.

Nadège Lossouarn, déjà impliquée dans le dispositif d’Airbus, a été amenée à intervenir dans des Labs de plus en plus diversifiés, à la fois dans leurs pratiques et leurs besoins. Et bien d’autres membres du collectif Codesign-it ont eu la chance, ces dernières années, de contribuer à la conception, à la mise en place ou au développement de tels Labs, par exemple chez Eurocopter, FDJ, Technip, ADP, Orange, BNPP, AXA, Total, Cartier, Air Liquide, RCI, Natixis, Pôle Emploi, L’Oréal, ainsi qu’au Ministère des Finances, à la Poste, à l’UEFA, au Commissariat Général à l’Égalité des Territoires, au Ministère de l’Éducation Nationale

L’idée d’un Lab des Labs est devenue une évidence. Une journée entière consacrée à la rencontre entre les opérateurs et futurs opérateurs des Labs d’innovation collaborative accompagnés par Codesign-it!, a donc eu lieu en décembre 2017 à Paris. Cela a permis un grand partage des modes de fonctionnement, des raisons d’être et des idées nouvelles soutenus par les quelque 90 représentants d’une vingtaine d’organisations. Catherine Foliot, Julie Credou, Viviana Gozzi, Trinité Laroche, Matteo Gozzi, François Penin, Guenola Rasa ont contribué avec Nadège Lossouarn à l’organisation de cette journée sans ambition commerciale, dont l’enjeu était de faciliter des rencontres et temps d’échanges et de réflexion inspirants. Au cours des discussions, sept angles de questionnement ont été développés :

  1. Le passage à l’échelle

Le passage à l’échelle représente ici l’application par essaimage des méthodes pratiquées au sein du Lab, au niveau de l’organisation entière. De nombreux moyens (méthodes, lieux…), déployés de manière concrète peuvent empêcher que les difficultés du quotidien ne freinent ou même bloquent la mise en œuvre d’une idée. Il s’agit de changer la culture d’entreprise en proposant de nouveaux modes d’interactions, de travail, de management, et de conduite de projet, issus des expérimentations menées sein du Lab. Échanger avec une startup permet par exemple de modifier le management dans toutes les couches de l’entreprise, et de faciliter par exemple la mise en place opérationnelle de nouveaux modèles.

  1. Dé-siloter les Labs

La volonté de mettre les Labs en réseau passe par la construction d’une communauté de partage entre les différents vécus, qui soit durable et permette de tenir des sessions d’échange sur des objets spécifiques. Et pourquoi ne pas garder le contact à travers un tour de France thématisé du Lab des Labs ? Le rapprochement des Labs s’alimente aussi d’une réflexion autour de possibles contributions croisées : comment mutualiser les moyens, proposer des sujets de co-développement, ou diffuser le travail mené par un Lab dans un autre ? Enfin, il est apparu nécessaire de les connecter au monde éducatif, notamment aux étudiants : parmi les nombreuses recrues issues des écoles d’ingénieurs ou de commerce, peu d’entre elles sont familières au mode de fonctionnement collaboratif.

  1. Se réinventer

Comment avancer en assurant notre réinvention permanente ?

Il faut déjà se définir comme une expérimentation. Il en découle plusieurs choses : plutôt qu’une réponse unique à chaque problème posé, l’articulation entre la recherche, le développement, la valorisation, l’engagement, doit être constante. Les conditions de cette réinvention passent alors par la documentation, visant à nourrir des intérêts communs, et par un écosystème ouvert notamment au milieu universitaire, associatif, micro-entrepreneurial…

Cette dynamique de réinvention dans le contexte d’une activité dense, cartographie une gamme de services beaucoup plus large.

  1. Mesurer, démontrer, communiquer

Ne serait-ce que pour garantir le maintien du budget permettant de faire vivre un Lab pour l’année suivante, il est indispensable de démontrer la valeur des modes de travail et l’apport de la formation promus par les Labs d’innovation collaborative. Comment mesurer un succès, quand chacun n’a pas les mêmes vocations ? Par exemple, sur quel critères les parties prenantes vont-elles vouloir mesurer ce succès ? Sans communication hors session, seul le chiffre, le rendu, va compter… Valoriser l’activité des Labs devient alors indissociable d’une démarche de storytelling, qui peut inclure des indicateurs de moyen (préciser, par exemple, que 4 sessions de 48h ont eu lieu), et d’impact (quels ont été les résultats).

  1. Gouvernance

L’ouverture et l’entretien d’un Lab représentent une véritable opportunité pédagogique. On parle du cycle de vie de la gouvernance, qui correspond à celui de l’entreprise. Ce n’est pas tant le nombre de projets ni les indicateurs qui en découlent qui vont traduire l’évolution et la maturité de ce cycle de gouvernance, mais l’intention. Reconstruire l’offre proposée par les Labs revient à réorganiser l’intention, pas forcément de façon formalisée, mais en étant par exemple transparent sur la manière dont les projets sont sélectionnés. Au-delà de cette exigence de lisibilité, l’écosystème lui-même doit également rester en lien avec l’intention, tout en demeurant ouvert : quelle valeur créer pour que les individus soient en autonomie ? C’est là qu’intervient la gouvernance : la solidité du dispositif n’est pas seulement assurée par ceux qui font faire, mais aussi par ceux qui font, en participant au Lab.

 

  1. Ressources, compétences et stratégies associées 

Les ressources représentent des quantités ; les compétences, des qualités. Le Lab fonctionne finalement comme une cuisine : il s’agit d’y organiser une liberté efficace en termes de ressources et d’expertise. Comme dans une cuisine, ces deux éléments ensembles sont limités : on ne peut ni étendre infiniment le temps qui y est consacré, ni prendre un carnet de commandes à soumettre au sponsor. La question de la disponibilité des ressources se recoupe alors avec celle de la gouvernance : il s’agit d’établir des critères de choix, pour déterminer quelles commandes sont éligibles.

 

  1. La diffusion des pratiques et des méthodes

La diffusion des pratiques fait partie de l’ADN du Lab. Ce sont d’abord le lieu et l’intention de départ qui créent l’étincelle avant que des projets phares, une communauté de pratiques et un pôle de compétences se mette en place. Une fois cette base construite, comment l’élargir ? La diffusion des pratiques passe par des représentants, des catalyseurs qui, dans leurs missions, sont des agents du changement, choisis pour leur compétence de collaboration. Tout au long de la vie du dispositif, il est important de préserver, au sein du Lab, la responsabilité de former les parties prenantes. Lorsque le périmètre de l’organisation ou des problématiques devient trop grand, l’essaimage devient alors une nécessité. Rendu possible par une charte de pratiques, tel une boîte à outils qui constitue un socle commun pour tous les Labs, il doit toutefois pouvoir s’adapter à un écosystème, qui n’est pas forcément le même selon la culture de l’entreprise ou le sponsorship.

 

Publication proposée par Nina Valin.

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Rencontre avec une facilitatrice graphique http://codesign-it-ventures.fr/2017/05/22/rencontre-avec-une-facilitatrice-graphique/ http://codesign-it-ventures.fr/2017/05/22/rencontre-avec-une-facilitatrice-graphique/#comments Mon, 22 May 2017 18:42:26 +0000 http://codesign-it.com/?p=861 [...]]]>

 

Laure Villemaine raconte son histoire comme on raconte une bande dessinée d’aventure. Sa destinée n’était pas de devenir facilitatrice graphique, mais géographe. Sa passion des cartes, la fascination pour une émission de télévision devenue culte à ses yeux (“le dessous des cartes” de Jean-Christophe Victor) et enfin de nombreuses rencontres et circonstances particulières l’ont amené à découvrir une façon nouvelle de communiquer pour faire passer des messages complexes: de dos et sans dire un mot !

 

Mais qu’est ce que la Facilitation Graphique ?

En voici la définition, telle qu’on peut la trouver sur le site de la Communauté de Praticiens de la Facilitation Graphique (FGCP) :

“La facilitation graphique est une pratique qui utilise les médias graphiques pour favoriser les échanges et les réflexions au sein d’un groupe, afin de lui permettre de construire une vision commune. Elle sert, alimente et accompagne un processus de collaboration. C’est ce qui distingue cette pratique des autres métiers de la visualisation tel que le design graphique ou graphisme.”

 

L’impact de la facilitation graphique

Pourquoi Laure Villemaine cite t-elle “Le dessous des cartes” comme une des inspirations qui l’ont amené à la facilitation graphique ?

Les démonstrations illustrées de Jean-Christophe Victor lui ont probablement fait découvrir à quel point s’appuyer sur des éléments graphiques animés et évolutifs simples représentait une force considérable pour faire passer des messages. Et à quel point ces informations semblaient tout à coup plus marquantes et facilement mémorisables.

 

C’est bien plus tard, en animant une session de travail collaboratif, que l’occasion se présente à elle de constater les effets positifs de la facilitation graphique. Le sponsor faisant part de ses difficultés à présenter son idée et créer une dynamique nouvelle, Laure se saisit spontanément d’un marqueur et représente schématiquement la métaphore, les messages clefs et finit par faciliter les sessions durant 4 jours, feutre en main.

Même si ses premiers dessins, selon son propre aveu, “ne sont pas beaux”, ce coup d’essai est une réussite ! A tel point que le sponsor lui demande de produire une fresque graphique pour illustrer sa démarche.

Laure ressort de cette expérience convaincue que le visuel touche une partie émotionnelle plus forte que les autres vecteurs de communications traditionnels.

La facilitation graphique permet à l’auditoire :

  • de mieux comprendre ce qui se dit, car elle fait appel à différentes formes d’intelligence et stimule l’imaginaire
  • de renforcer l’engagement des participants par un ancrage supplémentaire, car la facilitation graphique sollicite le plaisir, le jeu et permet ainsi aux participants d’être plus actifs
  • de mémoriser plus facilement les idées, car elle est un outil de synthèse efficace qui simplifie considérablement le discours (sans le dénaturer)
  • de créer de l’émotion et favoriser davantage les interactions entre les participants
  • Enfin, la représentation via une carte géographique illustre les échanges entre les personnes et en fait ressortir les différents points de vue

La facilitation graphique doit être bien maîtrisée pour éviter de tomber dans un certain nombre de pièges, par exemple :

  • que la représentation graphique soit juste “jolie” et ne soit pas porteuse de “sens
  • ou qu’elle soit perçue comme trop réductrice
  • ou encore que le facilitateur graphique commette des erreurs d’interprétation

Domaines d’application et techniques de la facilitation graphique

La facilitation graphique peut être mise en œuvre dans de nombreux cas de figure, tant pour faciliter la pédagogie, la création, la vulgarisation ou la restitution, dès qu’il s’agit de processus de collaboration.

Elle s’appuie sur un certains nombre de bonnes pratiques et astuces à avoir en tête avant toute séance de facilitation graphique :

  • Trouver un point d’entrée et penser à raconter une histoire.
  • Écrire au moins une phrase qui illustre le propos. Rédiger le titre à la fin, pour rajouter éventuellement ce qui pourrait manquer
  • Donner un sens à la lecture (ne pas hésiter à rajouter des flèches pour indiquer ce sens)
  • Ne pas oublier qu’on fait “pour les autres” et qu’il faut être compréhensible !
  • Respecter l’équilibre entre le dessin et le texte
  • Se soucier de la gestion de l’espace (créer des familles d’idées et définir visuellement des zones distinctes). Ne pas oublier que le vide a son importance !
  • Poser les éléments au fil de l’eau sans dessiner les liens immédiatement, et anticiper le remplissage en fonction de la durée de la réunion
  • Ne pas hésiter à jouer sur les différences de taille des personnages en faisant des zooms pour mettre en avant telle ou telle idée
  • Choisir la couleur du texte/ du dessin en fonction du sens qu’on veut donner, 2 ou 3 couleurs maximum (choisir une couleur chaude et une couleur froide)
  • Rester cohérent entre la typo et le message
  • Mettre un cadre autour de chaque texte n’est pas obligatoire
  • Éviter la pollution visuelle, faire propre avec un trait net pour aller plus vite à l’information
  • Se souvenir que le format horizontal est plus facile
  • Ne pas confondre la création issue d’une facilitation graphique “live” et la production d’un outil de communication à des fins de diffusion. La facilitation graphique s’adresse avant tout aux participants de la réunion, ce n’est pas autoporteur !

Pour démarrer, Laure conseille de tester des techniques simples, sur la base de formes géométriques, de personnages en bâtons, en s’appuyant sur les regards pour signifier les émotions et désigner le sens de la lecture. La bouche et les sourcils complètent efficacement le regard pour définir les expressions souhaitées. Les pieds, représentés très symboliquement, ont une importance car ils montrent la direction vers laquelle se déplace le personnage (de face, de dos…).

Le texte doit être écrit de préférence en majuscules pour faciliter la lecture.

Les traits sont le plus possible nets, droits, francs. Il est utile de représenter un plan fixe (le sol par exemple) pour définir l’espace où évoluent les personnages et créer des repères.

La posture du facilitateur graphique et les qualités nécessaires

Finalement les qualités nécessaires pour faciliter graphiquement ne sont pas tant un talent de dessinateur qu’une capacité à synthétiser le discours. La technique est importante mais elle n’est rien sans une posture adaptée. Il faut être concentré au maximum, se placer dans un état émotionnel particulier qui permet de retranscrire le plus fidèlement possible les échanges et de cette façon :

  • engager
  • aligner
  • rassembler les participants

Pour l’anecdote, Laure raconte une séance de facilitation qu’elle a menée devant 700 personnes durant laquelle elle a scribé sur scène – dans un cirque – à côté des intervenants pendant 6h. Elle était tellement entrée dans “sa bulle de concentration” que surprise qu’en fin de session on lui demande ce qu’elle pensait des échanges, elle s’était retrouvée incapable de dire le moindre mot.

La posture de concentration extrême se focalise sur la retranscription fidèle, pas sur l’analyse et la formalisation de sa propre opinion.

 Outils et références utiles

Pour numériser facilement les scribes :

Pour s’inspirer :

Pour se former :

Pour faire émerger des idées :

Merci à Laure Villemaine pour son intervention !

Restitution proposée par Frédéric Fleury, participant du DU Codesign participante du Diplôme Universitaire Codesign.

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