lâcher prise – Codesign-it! http://codesign-it-ventures.fr innovation collaborative Tue, 03 Apr 2018 13:42:06 +0000 fr-FR hourly 1 https://i2.wp.com/codesign-it-ventures.fr/wp-content/uploads/2015/08/Co_logo_small.png?fit=32%2C32 lâcher prise – Codesign-it! http://codesign-it-ventures.fr 32 32 110756974 Un lieu pour faire sens http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/un-lieu-pour-faire-sens/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/un-lieu-pour-faire-sens/#respond Tue, 03 Apr 2018 13:42:06 +0000 http://codesign-it.com/?p=1644 [...]]]> Toute société s’organise dans l’articulation de sept dimensions:

  • politique : normes, règles, institution, gouvernance
  • naturelle : manifestations de l’incorporation des données physique et biologiques
  • économique : production et distribution des richesses et des biens
  • sociologique : tout ce qui participe à la construction du social
  • temporelle :
  • individuelle : valeur de l’autonomie, de la latitude personnelle, du choix
  • spatiale : questions liées à la distance, aux placements, aux côtoiements

Sébastien Rocq débute cette session par la présentation théorique de la notion d’espace social.

Aujourd’hui, il est primordial de parler aux personnes pour qui on crée un espace, dans un langage qu’elles comprennent, qu’à travers la dimension spatiale, il est proposé une disposition :

“L’espace est d’abord et avant tout une construction sociale” La production de l’espace – Henri Lefebvre

Dans le cadre d’un design d’espace dédié à la stimulation de l’intelligence collective, au codesign, apparaît essentiel qu’une partie du lieu, de l’espace ne soit pas programmée. Cette absence de programmation, de sur-design laisse alors place à l’appropriation du lieu par les individus. Car on ne pré-détermine pas ce qu’est un lieu avant que les individus en prennent possession, se l’approprient.

Sébastien cite Michel Lussault : “Il faut voir l’espace comme un agencement spatial des réalités sociales”

L’agencement, la construction d’un espace suppose alors une compréhension amont de la société pour laquelle il est pensé, designé. Cela dit l’importance de l’espace dans la démarche de codesign. L’espace, l’environnement influence les liens qui peuvent se créer entre les individus.

Sébastien nous parle de notre société et de sa transformation : nous sommes entrés aujourd’hui dans l’ère du collaboratif, notre économie aussi, nous sommes à la fois consommateur ET créateur. Il n’y a plus de frontière entre le pro et le perso et de cette mutation de notre société  découle aussi l’accroissement du besoin de chacun de s’approprier le lieu dans lequel il évolue (personnalisation de son espace de travail, habitudes de placement dans une salle de réunion, actions rituelles…).

Au même titre que la créativité ne peut naître qu’à certaines conditions : l’imagination doit être stimulée, l’esprit doit se sentir libre, l’individu à l’aise dans son environnement.

Alors, que doit-on rechercher dans la conception d’un lieu dédié à la naissance de nouvelles idées, à l’innovation?

Pour rendre une démarche d’innovation possible, il est nécessaire d’accepter qu’elle ne peut pas se faire en intra, l’internalisation ne fonctionne généralement pas : il faut créer une bulle ouverte dédiée à l’innovation. Ce lieu permettra de monter des prototypes, expérimenter, tenter, tester, itérer… Donner à voir, rendre matériel cette quête de nouveauté, d’innovation. Rendre possible la rencontre et l’union des forces, idées et créativité de chacun.

L’erreur serait de sur-designer, car à trop vouloir prévoir, organiser, anticiper, nous serions alors contre-productifs. Tout réside dans la juste mesure, le juste milieu. Le lieu se crée et s’invente au fur et à mesure, il se co-crée par les utilisateurs qui se l’approprient, le font évoluer, le transforment. Il doit pour cela rester accessible, ouvert : chacun doit pouvoir s’y retrouver.

Un lieu d’innovation, d’intelligence collective doit conjuguer trois dimensions :

 

Alors, quelle programmation peut-on en faire ? Quelle liberté y laisser ?

Julie Credou nous parle de son expérience de chercheuse et prend l’exemple du lieu de rencontres informelles de l’ENS Cachan. Ce lieu, hors cadre et pourtant installé au cœur de l’institution a permis à bon nombre d’étudiants chercheurs d’échanger et avancer dans leurs travaux, en partageant une bière (voire plusieurs), un instant, une conversation.

Pour Julie, il est évident et précieux de laisser la place aux rencontres fortuites, à l’informel. C’est la notion de sérendipité

 De ces lieux de rencontres et moments de déconnexion naissent de grandes idées, des réponses à des questionnements, des tests d’hypothèses. Ces instants permettent la célébration de chaque étape d’un projet mais aussi le partage sans cadre, sans peur du jugement de l’autre, sans bride pour l’imagination; grâce à ces lieux d’ancrage identifiés comme des lieux de confiance. Les moments rituels, informels font que les échanges brassent, les idées émergent. Les bienfaits de la spontanéité sont à préserver et demandent de l’ouverture, de l’empathie, de la bienveillance.

Convivialité, bienveillance, liberté, autant de notions auxquelles les pouvoirs décideurs doivent être attentifs et ouverts.

Car dans l’entreprise, comme dans un lieu de recherche, la démarche d’innovation appelle de la structure, de l’exigence. Et plus c’est structuré, plus il faut des moments rituels. Plus c’est exigeant, plus la pression est forte et plus le besoin de relâche est grand. Plus c’est important, plus on a besoin de feedbacks et de confronter les idées.

Pour l’entreprise, créer un lieu d’innovation, c’est créer un lieu porteur de sens.

Comment créer de l’adhésion autour d’un projet ? Il faut lui donner une intention.

Les impératifs pour que cela fonctionne :

1/ le projet soit rattaché assez haut dans l’organisation hiérarchique, aux décideurs. il faut un sponsor à haut niveau et un ancrage dans la réalité du terrain.

2/ ne pas laisser cet espace devenir un jouet, une posture, un outil de vitrine, de communication. Ce lieu a pour objectif de créer de la valeur ajoutée. Au sein de l’entreprise, le lab a pour objectif de matérialiser et donner à voir : il ne peut être seulement vitrine de la volonté d’innover. Afin d’éviter cet écueil, la définition et la méthode de sélection des projets est à penser en amont, dans la phase même de codesign de l’espace. Car l’espace ne devient lieu d’innovation qu’à partir du moment où il s’y passe quelque chose. Et cela réside avant tout dans le lâcher-prise du sponsor stratégique, dans son acceptation de l’idée que ce lieu doit fonctionner en dehors des normes de l’entreprise.

Le lieu doit être polyvalent dans ses usages (temps de travail collaboratif, temps de pause, temps de tests, prototypages…) cela s’accompagne d’un réseau d’acteurs capables d’en tirer parti et d’une équipe en capacité de le faire vivre.

Un lieu d’innovation a donc besoin d’un agencement, de fonctions et d’activités définies, d’une gouvernance et d’une équipe dédiée.

Les rôles “casquettes” d’une équipe Lab

Arrive alors le moment de problématiser. Le sujet : le lab, lieu de stimulation de l’intelligence collective. Lieu de proposition et d’émergence de projets. Lieu de recherches, de tests, d’apprentissages et d’échanges. Lieu des possibles : outils de prototypage, modularité, aspect ludique.

L’espace doit alors offrir à l’utilisateur toute l’autonomie nécessaire à sa créativité.

Un lieu d’intelligence collective, d’innovation collaborative est fondé sur l’initiative des acteurs et l’autonomie de leur travail.

Nous avons été invité à problématiser et réfléchir à des hypothèses pour la création d’un lab d’innovation au sein d’un grand groupe en nous basant sur le vantage points model.Nous avons donc travaillé par groupe sur des dimensions différentes. Certains se sont intéressés à l’ancrage stratégique, au programme d’activités, à l’aménagement du lieu et enfin au prototypage des activités. Chaque dimension est interdépendante des autres et nous avons tous pourtant réussi à réfléchir et proposer des solutions.

De cette séance de travail en groupe, il se dégage deux grandes conclusions :

  • le prototypage est un outil formidable pour matérialiser, accélérer la productivité, expérimenter de manière très rapide
  • il est important d’aborder tous les plans d’un projet de manière systémique et itérative

Ce que je retiens de cette session :

1/ notion de l’importance du sponsorship
2/ rôles de l’équipe et importance d’intégrer toutes ces dimensions dès le départ
3/ l’adhésion passe par un projet porteur de sens : ne jamais oublier le « pourquoi »
4/ la liberté passe par l’appropriation personnelle du lieu
5/ sur-designer est contre-productif
6/ les temps de pauses, l’informel stimulent aussi la créativité, la naissance d’idées car ils sont des temps de partage et d’échange précieux
7/ Importance d’aborder un projet de manière systémique

Pour aller plus loin :

http://laviemanifeste.com/wp-content/uploads/2007/09/michel_lussault.mp3 : interview de Michel Lussault

Bourdieu Pierre. Espace social et genèse des « classes ». In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 52-53, juin 1984. Le travail politique. pp. 3-14; doi : 10.3406/arss.1984.3327

http://www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_1984_num_52_1_3327

Lauriol Jacques, Perret Véronique, Tannery Franck, « Stratégies, espaces et territoires. Une introduction sous un prisme géographique », Revue française de gestion, 2008/4 (n° 184), p. 91-103. DOI : 10.3166/rfg.184.91-103.

URL : http://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2008-4-page-91.htm

La production de l’espace – Henri Lefebvre

Recherche et convivialité (Apérologie) – Office et Culture – Julie Credou


Restitution proposée Claire Lalanne, participante du Diplôme Universitaire Codesign.

Merci à Sébastien Rocq et Julie Credou pour leur intervention !

Cette œuvre de Codesign-it! est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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Le jour où j’ai parlé dauphin… http://codesign-it-ventures.fr/2018/01/02/le-jour-ou-jai-parle-dauphin/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/01/02/le-jour-ou-jai-parle-dauphin/#respond Tue, 02 Jan 2018 16:28:06 +0000 http://codesign-it.com/?p=1455 [...]]]> Rémi Sabouraud, membre de Codesign-it!, a introduit cette séance en déclamant un poème en alexandrins ; très rafraîchissant en cette première journée de canicule estivale !

Rémi est convaincu que la créativité est une compétence qui se travaille et en tant que codesigners, cette habilité fait partie de notre écologie personnelle, notre discipline de travail.

Nous avons donc cheminé au travers de plusieurs exercices visant cet apprentissage et en parallèle, nous avons expérimenté ce que l’on appelle le flow.

Le flow, c’est une sensation étrange d’harmonie de groupe parfaite, un moment où le temps n’existe plus, des instants où la concentration et l’engagement sont tels que rien ne pouvait nous distraire.

Le flow c’est aussi une histoire de courbe, d’énergie montante et descendante.

De son expérience professionnelle, Rémi nous indique que le flow se produit quand 8 éléments sont réunis :

Pour citer Rémi : « le facilitateur c’est comme un funambule sur une ligne oscillante » et c’est ce à quoi, en tant que facilitateur, nous sommes amenés à faire face en situation de modération.

Ça sera donc le thème de notre après-midi, muscler notre créativité, expérimenter l’inattendu, et constater les effets produits sur le groupe grâce à un ingénieux système de monitoring conçu par Greg et Rémi.

 

Tout a commencé par une stimulation, drôle, décalée et ludique, extraite du film OSS 117, une scène où des noms franchouillards à souhait, sont égrenés de manière totalement absurde pendant près d’une minute.

C’est à notre tour de se dire « bonjour » de cette manière, deux par deux, on ne triche pas, on ne prend pas les noms de nos proches, la consigne donnée est d’inventer !

Je me rends compte que plus on avance dans l’exercice, plus les techniques de créativité apparaissent presque naturellement et qu’en cassant les paradigmes tacites d’une recherche créative, on arrive à sortir des sentiers battus assez facilement et rapidement :

  • Analogies : Dubois, Dutilleul, Duhêtre, Duroseau, Dubuffet, Delaporte, ….
  • Modification : Dulitteul, Dusoreau, Duffubet….
  • Combinaison : Infectédelavérolle, Tuéparomicide…

Cette forme de créativité, sous contrainte, laisse ensuite la place à une autre technique, plus libre, bien qu’étant modérée : le rêve éveillé.

3 participants « cobayes » étudiants du D.U., acceptent de jouer le jeu, ils sont allongés au sol, les yeux fermés, et se laissent embarquer dans leur récit par Rémi.

Ils parlent à voix haute et imaginent ensemble quel serait le futur du DU.

Peut-être plus difficile à mettre en œuvre, en contexte d’entreprise ou dans des situations où les participants se connaissent moins bien, il me semble que cette technique doit faire l’objet de plus de précautions dans sa mise en place, je constate toutefois que le pouvoir de l’inconscient au service de la génération d’idée a fait son œuvre rapidement et s’est montré diablement efficace (…vous avez déjà parlé le dauphin ?!)

Sans transition ou presque, Rémi nous offre une nouvelle stimulation à partir d’une courte vidéo de Serge le mytho.

Et par groupe de deux, nous inventons à notre tour des histoires abracadabrantesques. Je prends cela comme un jeu, je le trouve drôle et stimulant quand se livre alors une forme de compétition induite sur le thème de « celui qui racontera la plus grosse c… ».

Au-delà d’une application directe en exercice créatif de divergence, il est intéressant de noter que nous partons à la découverte du lâcher prise, de l’imagination.

L’exercice a la vertu de démontrer qu’il est possible, voir facile d’enjamber une situation d’inconfort avec pour seul outil un peu d’imagination, d’impertinence et de liberté de ton…

Bien échauffés, nous partons à la conquête de notre dernier défi.

Le groupe est divisé en 3 et chaque sous-groupe prépare 3 situations inattendues auxquels nous pourrions être confrontés en facilitation.

Par deux, nous répondons, le plus rapidement possible à cette situation en mobilisant notre imagination et notre capacité de rebond.

 

 

Dernière courbe, ou dernier virage, retour au calme pour la conclusion avec les œuvres magiques éphémères et oniriques d’Andy Goldworthy et les Variations de Goldberg de Bach interprétées par GlenGould qui ont pour Rémi un fort pouvoir d’inventivité et qui plongent chacun d’entre nous dans un moment personnel d’introspection et de réflexivité .

 


Restitution proposée par Sophie Mourey, participante du Diplôme Universitaire Codesign.

Merci à Remi Sabouraud pour cette riche intervention, et à Greg Serikoff pour sa facilitation !

Cette œuvre de Codesign-it! est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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