faire – Codesign-it! http://codesign-it-ventures.fr innovation collaborative Tue, 29 Oct 2019 13:38:23 +0000 fr-FR hourly 1 https://i2.wp.com/codesign-it-ventures.fr/wp-content/uploads/2015/08/Co_logo_small.png?fit=32%2C32 faire – Codesign-it! http://codesign-it-ventures.fr 32 32 110756974 Rencontre avec des facilitateurs-makers : une préférence à passer par le faire ! http://codesign-it-ventures.fr/2019/10/29/rencontre-avec-des-facilitateurs-makers-une-preference-a-passer-par-le-faire/ http://codesign-it-ventures.fr/2019/10/29/rencontre-avec-des-facilitateurs-makers-une-preference-a-passer-par-le-faire/#respond Tue, 29 Oct 2019 13:38:18 +0000 http://codesign-it.com/?p=2583 [...]]]> Documentation de l’expérimentation Codesign-it!

Rencontre avec des facilitateurs-makers : une préférence à passer par le faire !


Cécile Roche-Boutin et Frédéric d’Incau sont membres de Codesign-it! Au sein du collectif on les appelle facilitateurs-makers ou prétotypeurs. Convaincus de la vertu à passer par le faire, ils proposent des approches manuelles, visuelles, qui rassemblent autour d’un langage qui fait appel à la forme plutôt qu’aux mots.
Je suis allée à leur rencontre pour qu’ils nous racontent.

Chez Codesign-it le maker a deux casquettes : soit il fait lui-même puisqu’il dispose des capacités manuelles nécessaires ; soit il met les participants dans une posture de faire, il est alors également facilitateur.

Le making dans le collectif cela peut être du coaching en prétotypage avec les outils YUGAMI : des «mini-kits» de prétotypage polyvalents permettant de réaliser un prototype de premier niveau des parcours utilisateurs, des applications, des lieux, des interactions, des concepts. Pour une formalisation accessible rapidement, avec une économie de moyens, dans son tout premier stade. Le prétotypage force ici à répondre à la question : à quoi ressemble cette idée, ce projet ?

“ On émet une hypothèse et pour pouvoir la tester on a besoin de fabriquer ensemble l’objet qui représentera cette hypothèse.”

La gamme YUGAMI se décline en 6 langages  que vous pouvez retrouver en détail ici !

“ Par exemple quand on fait une maquette d’espace, de quoi avons-nous besoin ? D’une échelle ! Donc le bonhomme doit être à l’échelle de la chaise. On facilite ici l’usage de la première représentation physique d’un espace. ”

“ Avant de produire une vidéo, on va inviter les participants à produire un storyboard afin de commencer à penser en plans, enchaînements de séquences, décors, voix off… ”

Le making au sein du collectif c’est aussi de la fabrication d’objets : créés comme supports de présentation, de réflexions ou d’interactions.

“ Si le sujet est la mobilité dans le 20ème arrondissement de Paris, on va fabriquer une maquette qui sera une représentation du quartier à l’échelle.”

Ici c’est le collectif lui même qui est représenté sous la forme d’une maquette :

Enfin, une partie de l’activité de maker-facilitateurs au sein du collectif comprend de l’accompagnement à la production et au test de prototypes. À la suite d’un atelier de prétotypage, les makers font appel à des designers (designers graphiques, designers d’espaces, UX designers, etc.) pour réaliser un livrable – une version plus élaborée de la maquette – qui sera ensuite testée en atelier par les makers et les utilisateurs finaux.

“ Une application digitale peut être prétotypée (prototype amont) en atelier collaboratif. En binôme avec des designers, nous allons réaliser un prototype cliquable, qui pourra être testé par l’équipe projet en interaction directe avec les utilisateurs. ”

Le prétotypage permet de changer de point de vue, mais aussi de développer un langage commun. Il y a quelque chose d’universel dans la parole, mais les mots manquent parfois d’univocité. Comment être sûr que nous posons les mêmes définitions derrière les mots que nous utilisons à ce moment précis de notre discussion ?

“ Le langage formel permet de lever des ambiguïtés, il tangibilise, rationalise, pose une base plus commune de discussion. L’effort de prétotypage permet de fixer temporairement les choses. Il oblige à la précision et offre une représentation commune, figée, mais manipulable et itérable. ”

Passer par le faire permet également de redistribuer les cartes de la collaboration. Ce n’est pas forcément celui qui dit qui compte mais plutôt celui qui fait !

Enfin, prétotyper c’est aussi une façon de tester : en faisant exister concrètement les projets, le prétotypage permet de les éprouver, de voir et d’accepter très simplement qu’on peut se tromper.

“ On peut toujours surfer sur l’idée de la bonne idée… Le prétotypage est une mise à l’épreuve du réel. Avec, en plus, la possibilité de rassembler autour d’un même objet tous ceux qui vont être à un moment ou un autre confrontés au projet. […] C’est didactique, engageant. C’est une capacité à simplifier et rendre visuelles des choses complexes. ”

Pour Cécile et Frédéric, nous devons donner davantage de crédit au passage par la forme comme point d’entrée direct de réflexions stratégiques.

“ Peut-être qu’aujourd’hui on ne se l’autorise pas assez. Derrière le mot design il y a des enjeux de fond et de forme ; mais la forme arrive souvent dans un second temps, après la stratégie. Avec le prétotypage, on invite à penser à la forme dès le début du projet, et pas seulement à un moment dans le projet. On se donne alors la possibilité de voir autrement, et donc de voir d’autres choses. ”

Dans les organisations le curseur est souvent assez éloigné du « faire » . On a parfois du mal à s’émanciper des codes préconçus, de nos façons de travailler ; à s’éloigner de nos feuilles de papiers, de nos ordinateurs et de nos mots. Il y a pourtant tant d’autres façons de penser et de communiquer. Avec le prétotypage on mobilise ses mains et sa tête en même temps ; et le résultat est souvent très immédiat.

Voici un exemple de projet réalisé par les prétotypeurs de Codesign-it dans le LAB d’Air Liquide France Industrie (ALFI) : 
En janvier 2017 le constat de départ chez ALFI est que le besoin des collaborateurs en formation Soft Skills n’est pas satisfait. L’intuition est alors double :

  • La direction de la Formation d’ALFI doit proposer des contenus régulièrement, et au delà des besoins exprimés des collaborateurs.
  • Le prétotypage doit être intégré dès le début du projet. Cela pas seulement pour une expérience “sympa” de bricolage mais surtout pour obtenir un résultat tangible et aligné avec les besoins des collaborateurs.

Le projet est alors monté en partenariat avec une école de code (la Wild Code School) et un UX designer & designer graphique (Charles Beauté).

En atelier, une plateforme digitale est prétotypée. Dans un second temps, les étudiants développeurs créent la plateforme en hackathon (48H non stop). Tout d’un coup la proposition de valeur existe !

A la suite de ce hackathon, une équipe de développeurs et designers ont créé une première version du site, en mode agile : lors d’un sprint de 10 semaines avec des temps de tests et de résidence au sein de l’équipe porteuse du projet chez ALFI.

“ On a eu un premier prototype, et cela grâce à un temps de conception collaboratif ; ce qui a généré beaucoup de fierté au sein des équipes. Il y avait quelque chose à montrer, une proposition de valeur consolidée au bout de seulement 3 mois de projet. Cela a également été un argument pour convaincre la Direction des Ressources Humaines de lancer le développement d’un prototype fonctionnel avec comme objectif de le tester pendant 2 ans.”

Le test a rapidement fait ses preuves et de manière anticipée un transfert du prototype vers les serveurs définitifs a été opéré. Le processus a été accéléré.

Pour conclure, Cécile et Frédéric s’accordent pour dire que : sans jamais perdre de vue les enjeux d’un projet, le making est une façon de se reconnecter à son corps. Et est une réponse possible au besoin d’intégrer davantage de plaisir, d’épanouissement et de sens à nos pratiques, et dans nos métiers.

“ Ce qui nous plait à la fin d’une semaine c’est de nous dire que nous avons mobilisé autant nos têtes que nos mains. Et c’est ce que nous aimons aussi faire vivre aux personnes avec qui nous travaillons. ”

Licence Creative Commons

Cette œuvre de Codesign-it! et Fanny de Font-Réaulx est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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Présomption de confiance http://codesign-it-ventures.fr/2017/03/18/presomption-de-confiance/ http://codesign-it-ventures.fr/2017/03/18/presomption-de-confiance/#comments Sat, 18 Mar 2017 14:37:58 +0000 http://codesign-it.com/?p=771 [...]]]> camp

En bon apprenant, zélé et curieux*, Hervé prend part à sa quatrième session de formation, fin décembre 2016, sans trop savoir à quelle sauce il va être initié – le coup de la sauce vous le comprendrez un peu plus tard -…

J’ai beau connaitre le mode opératoire distillé par l’équipe pédagogique en charge du Diplôme Universitaire : la fameuse boucle de pédagogie inversée, laquelle s’organise en séquences précises et (pas forcément) minutées : Engagement / Stimulation / Problématisation / Tentative de réponse / Feedback / Réflexivité pour finir par une Publication à rédiger ultérieurement**.

C’est justement cette tentative de restitution écrite que vous essayez de lire actuellement, vous êtes d’ailleurs peut-être déjà largué. Ce qui, pour revenir au premier astérisque, risque finalement de me desservir…Mais là n’est pas le sujet, bref où j’en étais déjà ? Ah oui, la boucle PI, je la connais donc, mais figurez-vous qu’à chaque fois que je la pratique, j’arpente un chemin différent. Plutôt étrange pour un exercice si codifié.

Les premières sessions, je dois l’admettre, me semblaient quasi ésotériques avec leur lot de gros mots et leurs sorciers gardiens du temple, je n’avais tout simplement pas le même référentiel que les autres participants, une petite mise à niveau et me voilà armé. En pratiquant, pas à pas, j’ai commencé à saisir par le corps et l’esprit les notions qui traversent cette formation. Elle est par exemple censée faciliter la facilitation pour des facilitateurs/trices novices et/ou confirmé-e-s, et ça marche ! Ça marche car ces sessions bénéficient de deux ingrédients cruciaux : la confiance et la bienveillance. La bienveillance des intervenants, des membres de l’équipe pédagogique mais aussi des participants, à l’égard de chacun. La confiance qui s’installe facilite l’ouverture à la réflexion par l’écoute et le dialogue. Les passages par le faire et les retours d’expériences sont aussi essentiels pour faciliter le cheminement.

 

Croiser les regards et les pratiques, les postures et les convictions, se jouer des évidences pour aller regarder dans les détails, car c’est là, parait-il que le diable se cache. Tout cela n’est possible que par la confiance que confère le cadre, condition essentielle pour que l’apprenant puisse repartir serein, même si parfois il peut être chahuté. Chaque session tente d’expérimenter les usages et concepts évoqués durant la formation afin d’en faciliter la compréhension, et c’est ainsi réitéré à chaque nouveau rendez-vous. Bref on boucle à nouveau, pour ne pas dire encore et toujours. C’est aussi l’autre enseignement essentiel de cette formation, on boucle, on itère, mais à des niveaux différents à chaque fois, ce qui rend l’exercice d’autant plus singulier et captivant.

 

Je connais le dispositif, cadré et intemporel, expérimental et participatif, et pourtant je ne sais pas où il me mènera, comme à l’occasion de cette matinée du 21 décembre au 10-co, le nouveau local du collectif Codesign-it!, où une belle rencontre a pu être organisée avec Nicolas Détrie, faiseur et membre historique du collectif Yes we camp.
C’est un collectif à géométrie variable qui prototype des espaces d’expérimentations collectives. Leur slogan : « Rapportez les merguez, on s’occupe du reste ! » On boucle à nouveau … Rappelez-vous, le coup de la sauce en début d’article ! (…)

Nous voilà à la fin du texte d’Hervé et Gaële n’a pas croisé d’aiguillage pour initier le chemin de traverse qu’il lui suggérait. Pas si facile d’ouvrir une 2ème voie/x mais l’invitation à codesigner la publication est belle et la gouvernance de Yes we camp inspirante… Comme eux, faisons-nous confiance : « on sera capables de gérer ça… ».

Alors je tente un détour pour finir, en reprenant la boucle à contre sens. La conversation ce matin-là n’en finissait pas de ré-ouvrir d’autres espaces fertiles et de suggérer de nouveaux décalages mais je vous propose de revenir, en pointillés et sur la pointe des pieds, aux toutes premières phrases de l’intervention de Nicolas en souhaitant que ces images à écouter vous soient également stimulation(s).

« Porter des regards obliques sur la trajectoire d’un collectif » ; « Atteindre un point de bascule chez chacun qui permette un véritable point de rencontre » ; « Favoriser la production d’un espace de porosité suffisant pour cela » ; « Mettre à l’abri des personnes vulnérables parce que le monde va trop vite, le monde va sans elles » ; « Donner de la place à la concomitance » ; « Décarbonner les modes de vie » ; « Réhabiliter les figures du nomadisme, de la mobilité, et prendre le temps d’interroger les traces que l’on entend laisser ?…

 

Le collectif Yes we camp prototype des formes innovantes et éphémères de cohabitations entre processus, publics et genres dans des espaces ou le maître mot est perméabilité ! Pour en savoir plus :

 

https://yeswecamp.org

www.chezalbert.org

https://lesgrandsvoisins.org

https://www.flickr.com/photos/camping2013/sets/72157657739134713

www.caravanade.org

 

Merci à Nicolas Détrie du collectif Yes We Camp ! pour son intervention

Restitution proposée par Gaële Lavoué et Hervé Bouchet, participants du Diplôme Universitaire Codesign.

*Rien n’est moins sûr, mais je profite de la publication pour massurer une bonne image auprès de l’équipe pédagogique. Cest elle qui décidera de valider (ou non) mon diplôme.

**Je tente de placer ce mot le plus souvent possible, on peut dire que cest du comique d’itération depuis qu’à l’adolescence mes camarades se moquaient de moi quand je l’utilisais.

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