expérimentation – Codesign-it! http://codesign-it-ventures.fr innovation collaborative Wed, 30 Oct 2019 13:42:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://i2.wp.com/codesign-it-ventures.fr/wp-content/uploads/2015/08/Co_logo_small.png?fit=32%2C32 expérimentation – Codesign-it! http://codesign-it-ventures.fr 32 32 110756974 La journée des métier de Codesign-it ! La pluridisciplinarité dans un collectif ça se cultive ! http://codesign-it-ventures.fr/2019/09/10/2550/ http://codesign-it-ventures.fr/2019/09/10/2550/#respond Tue, 10 Sep 2019 09:30:52 +0000 http://codesign-it.com/?p=2550 [...]]]> Documentation de l’expérimentation Codesign-it!

La journée des métiers de Codesign-it !

La pluridisciplinarité dans un collectif

ça se cultive !


C’était une première ! Le 14 juin dernier s’est tenue la Journée des métiers du collectif Codesign-it! 

Entre 2014 – année de création du collectif – et aujourd’hui ils sont passés de 8 membres fondateurs à 44 membres, 38 partenaires, et plus de 200 clients. 

Une des convictions du collectif est que la pluridisciplinarité des personnes qui le composent est une de ses plus grandes richesses. Mais comment s’engager dans un collectif en étant indépendant ? Comment véritablement se rencontrer professionnellement si ce n’est lors d’un projet ? Une question qui se pose d’autant plus quand le collectif est nombreux. Comment éviter les silos ou les regroupements par genre, et mieux travailler ensemble ? Ou tout simplement comment savoir qui fait quoi dans le collectif ? 

Michel Clavel et Julie Crédou, membres de Codesign-it, ont eu l’idée d’organiser une Journée des métiers : une journée collaborative consacrée à la découverte des personnes, des talents et des métiers de ceux qui composent le collectif mais aussi qui gravitent autour de lui. Parce que la pluridisciplinarité du collectif et des personnes qui le font vivre, ses membres ont à coeur de la cultiver, et avec soin.

“ Cette journée est une occasion de se rencontrer ; entre membres, partenaires et amis du collectif. Nous voulons donner une vision du collectif dans son entièreté, et mettre en avant ses différents métiers. C’est aussi un temps où l’on peut réfléchir à l’avenir, à la construction de nos métiers de demain et à de nouvelles approches pour répondre aux problématiques de nos clients. ”

Michel Clavel, membre de Codesign-it

“ C’est une journée vitale pour le collectif. Certains métiers ne sont pas assez connus et trop peu exploités dans les projets. La journée permettra de recréer des connexions entre des métiers plus centraux et des métiers plus périphériques et de créer des nouvelles perspectives d’interactions entre tous. ”

Matteo Gozzi, membre du collectif

Au moment de la préparation de la journée, les attentes sont fortes. Les doutes existent, non seulement car c’est une première édition mais parce que la réussite de la journée dépend de l’investissement bénévole des membres, partenaires et amis du collectif en tant qu’intervenants et participants à la journée. 

Elle se veut d’ailleurs la plus collaborative possible ! Il y a donc eu : 3 salles pour potentiellement 3 ateliers d’une heure en parallèle ; 5 ateliers proposés dans chaque salle ; soit au total une quinzaine d’interventions dans la journée. 

Le 14 juin dernier 40 personnes se sont présentées au 10CO, lieu de rassemblement parisien du collectif. 

“ Nous avons mis en place un duplex et de la visioconférence. Cela a bien fonctionné ! Certains étaient présents à distance depuis Lyon, Toulouse, les Pays-Bas, l’Angleterre et la Suisse. ”

Julie Crédou, membre du collectif 

Les ateliers proposés sont très variés. On y partage des initiatives du collectif (le projet Minimum : l’équipement mobilier minimum pour collaborer un maximum), on teste des idées encore à un stade très embryonnaire (le Facilitateur Vidéaste pour la montée en compétences des collaborateurs, Facilitation graffiti, etc.), on présente certains métiers pour mieux les comprendre et mieux les intégrer aux projets  (la Facilitation graphique, techniques créatives sensibles), on expérimente (le design d’expériences sensibles), on brainstorme sur le Visual management. Il y avait même un atelier surprise ! 

Une possibilité pour chacun donc, de créer son parcours individuel tout au long de la journée. 

Ils témoignent : 

“ Pour la matinée, j’ai choisi des ateliers très “visuels” : 

  • Les enjeux de la facilitation graphique : où et quand les intégrer dans la discussion avec nos clients, avec Viviana Gozzi, Laure Villemaine et Nicolas Caruso
  • Le Visual management avec Greg Serikoff
  • Le Visual leadership avec Antonio Meza

Une journée comme celle-là décloisonne les métiers. Je me suis rendu compte qu’un facilitateur graphique était aussi un facilitateur. Pas seulement un facilitateur graphique. On les limite parfois à cette unique compétence. J’ai compris comment parler de la facilitation graphique et je serai plus à l’aise pour l’intégrer et valoriser sa pertinence dans mes projets.

Avec Antonio, nous avons beaucoup travaillé. Il nous a fait réfléchir à une de ses idées. On a beaucoup produit. Et quand on produit, on apprend !

Je ne savais pas ce que j’allais voir pendant la journée et je me suis laissé surprendre. D’ailleurs je suis allée à l’atelier surprise de l’après-midi. C’était sur le panache ! J’ai apprécié le format de cet atelier avec un temps de discussion à deux. 

Cette journée m’a amenée vers d’autres façons de penser. J’aurais voulu voir encore plus d’ateliers. Je pensais partir à l’heure du déjeuner et finalement je suis restée jusqu’à la fin de la journée ! ”

Pénélope Baudoin Arkilovitch, amie de Codesign-it 

“ Une journée comme celle-là me rallie et me relie au collectif. J’ai participé à l’atelier sur les Techniques créatives sensibles présenté par Isabelle. Nous avons pris le temps ensemble de faire émerger ce que c’est, comment ça marche et à quoi ça sert. C’est penser davantage à la dimension corporelle et sensorielle (plutôt qu’à la dimension conceptuelle et cérébrale) qu’on va mettre en place dans une session et qui va concourir à amorcer une transformation. Non seulement cela nous intéresse, mais en plus cela ne demande pas forcément beaucoup de moyens pour faire des choses intéressantes.  Peut-être que nous nous mettons trop de limites au moment du design de nos sessions. Peut-être que nos sponsors ont plus d’appétit pour l’expérience sensible que nous l’imaginons. ”

Brice de Margerie, membre de Codesign-it!

“ C’était très inspirant. On était dans un partage de vision qui a fait émerger l’envie commune de créer une nouvelle offre. On s’est aligné sur la valeur ajoutée de cette dimension d’expérience sensible. Il y a maintenant un groupe de travail. Ce n’est vraiment pas ma zone de confort habituelle, mais j’ai quand même envie d’avancer avec le groupe. ”

Aliénor de Monredon, membre de Codesign-it!

Pour certains intervenants cette journée a été l’opportunité de tester une idée. C’est le cas d’Antonio par exemple dans son atelier Visual Leadership. 

“ La Journée des métiers a été l’occasion pour moi d’un miniLAB autour d’un sujet qui me tient à coeur, et que j’ai en tête depuis quelques mois. J’ai pu le tester et avoir un feedback émotionnel des participants. Je me suis engagé pour cet atelier et j’ai beaucoup reçu. ”

Antonio Meza, partenaire de Codesign-it

Rémi Sabouraud dans son atelier surprise sur le panache a cité les mots inspirants d’Edmond Rostand : 

« Le panache, n’est pas la grandeur mais quelque chose qui s’ajoute à la grandeur, et qui bouge au-dessus d’elle. C’est quelque chose de voltigeant, d’excessif – et d’un peu frisé […], le panache c’est l’esprit de bravoure. […] Plaisanter en face du danger c’est la suprême politesse, un délicat refus de se prendre au tragique ; le panache est alors la pudeur de l’héroïsme, comme un sourire par lequel on s’excuse d’être sublime […] »

Il fallait un peu de panache pour le faire et la Journée des métiers a été une réussite. Sous l’orchestration bienveillante de Michel et Julie, cette journée témoigne de ce qu’est le collectif : une communauté pleine de diversité mais aussi de solidarité. Les initiatives sont lancées et nous avons hâte de voir comment elles se concrétiseront. 

“ La Journée des métiers du 14 juin était un prototype. On a créé un moment qui n’existait pas. J’ai été très nourri par le contenu, par l’engagement  et par la qualité des relations pendant toute la journée. On avait une idée, on l’a concrétisée, et aujourd’hui elle paraît évidente. ”

Michel Clavel, membre de Codesign-it

La Journée des métiers du 14/06 était un peu comme une fête. On y a travaillé mais c’était également un moment de célébration du groupe. 

“ Une journée comme celle-là, ça densifie et accélère les connexions. ”

Greg Serikoff, membre de Codesign-it

“ On connaît a priori la diversité des personnes qui composent le collectif mais la Journée des métiers est une occasion de le vivre. C’est un moment de générosité qui recharge les batteries. Je suis plus chargé que quand je suis arrivé. ”

Antonio Meza, partenaire de Codesign-it

Alors vivement la prochaine édition ! Pour laquelle il y aura sûrement : encore plus de diversité dans les ateliers proposés ; des rencontres entre les intervenants pour permettre encore plus de résonances le jour J ; un speed-dating pour des rencontres en one-to-one ; et encore plus d’ouverture avec la participation de clients et peut-être même des co-opétiteurs !! 

Scribe de la Journée des métiers par Brendan Backmann / Kay One, facilitateur graphique, ami du collectif le 14/06, devenu depuis partenaire.

Licence Creative Commons

Cette œuvre de Codesign-it! et Fanny de Font-Réaulx est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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We could be heroes ! http://codesign-it-ventures.fr/2019/01/21/we-could-be-heroes/ http://codesign-it-ventures.fr/2019/01/21/we-could-be-heroes/#respond Mon, 21 Jan 2019 10:31:38 +0000 http://codesign-it.com/?p=2250 [...]]]> Documentation de l’expérimentation Codesign-it!

We could be heroes !


Il y a une hypothèse : celle que l’expérience du collectif Codesign-it doit être partagée au plus grand nombre notamment en la documentant. Pour répondre à cette hypothèse une dizaine de Codesign-iters ont décidé d’écrire un livre « pas chiant et apprenant » sur la vie d’un facilitateur de session d’innovation collaborative : UN LIVRE DONT VOUS ÊTES LE HÉROS.

Comme dans la célèbre série des années 80, le livre est un jeu de rôle. Vous entrez dans la peau du héros facilitateur, vous démarrez au chapitre 1 et dès la première étape vous avez le choix entre plusieurs options. Chaque option ramène alors à une nouvelle situation, un nouveau chapitre.

En février 2018, un premier Livre « La session dont vous êtes le héros » avait déjà vu le jour à l’occasion de l’Acôdémie Codesign-it (Programme de formation du collectif). Il avait pour objet l’alignement des sponsors.

Pour ce nouvel ouvrage 2019, le périmètre est plus large et nous fait parcourir la vie d’un facilitateur de l’avant session jusqu’à l’après-session.

Le travail de préparation avant écriture est donc colossal. L’équipe Codesign-it en charge a collecté de façon exhaustive les situations apprenantes et vécues par les membres du collectif. Fin janvier elle aura fini d’ordonner et d’uniformiser les cas. Au total vous pouvez traverser entre 50 et 60 scenarii plus ou moins complexes grâce aux 200 chapitres du livre.

François Rochet, membre du collectif, pourra alors commencer le travail d’écriture. Il choisit la Heroic Fantasy qui permet de « décaler le propos et de mieux s’identifier ». Les facilitateurs graphiques du collectif auront alors le plaisir d’illustrer ce récit héroïque. Avec un objectif de sortie à l’été 2019, le livre sera auto-édité sous format numérique mais aussi sous format papier à la demande.

« La théorie est plus accessible si on la transforme en situations pratiques. D’autant plus si on fait faire au lecteur un pas de côté ; si on le fait sortir de son cadre de référence. On ne prétend pas créer LE livre référence mais il sera au moins le témoin de ce que nous vivons au sein du collectif. Cela va nous servir, à nous, chez Codesign-it. Et si cela peut servir en dehors du collectif, tant mieux ! »

Alors comment sera ce héros de la facilitation ? Homme ? Femme ? Animal ? Aura-t-il un compagnon d’aventure ? Une famille ? Et des pouvoirs magiques ?
Verdict mi 2019 !

A l’occasion de cet article j’ai noté que, dans le collectif Codesign-it, ils étaient assez nombreux à avoir la fibre Auteur. Si vous voulez les découvrir en voici quelques uns (car j’imagine qu’il peut y en avoir d’autres que je n’aurais pas encore démasqués !)

  • Ce que regarder veut dire – Présence et métamorphoses (Catherine Foliot)
  • Encore un putain de bouquin sur la créativité – (Gauthier Helloco – en cours d’écriture)
  • Découvrir l’intelligence Collective (Olivier Piazza)
  • Le nénuphar – Carnet de route avec un cancer (Chloé Renault)
  • Agence 42 Tome 1 / Tome 2 (François Rochet – sorties respectives en Février 2019 puis Mai 2019)
  • 40 heures pour se préparer à l’entretien de personnalité (Nicolas Wauquiez)

Licence Creative Commons Cette œuvre de Codesign-it! et Fanny de Font-Réaulx est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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Immersion en réalité virtuelle ! http://codesign-it-ventures.fr/2018/11/29/immersion-en-realite-virtuelle/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/11/29/immersion-en-realite-virtuelle/#respond Thu, 29 Nov 2018 17:08:32 +0000 http://codesign-it.com/?p=2168 [...]]]> Documentation de l’expérimentation Codesign-it!
Episode 4

Immersion en réalité virtuelle !


Depuis 1 mois dans les locaux de Codesign-it à Paris, vous pouvez vivre une expérience d’immersion dans le monde de la réalité virtuelle et de la visualisation 3D.

L’objectif de cette expérience : faire émerger des idées, réfléchir et modéliser des concepts, des organisations, tester leur cohérence et les partager.

Comment ça marche ? DreamSketcher est un outil qui permet de dessiner en réalité virtuelle. Masque sur les yeux, manettes de pinceaux et couleurs en mains, musique dans les oreilles en option, vous entrez dans l’espace de modélisation : un parallélépipède rectangle de la taille d’une pièce de 12m2, dans lequel vous pourrez laisser libre cours à votre imagination autour de votre avatar (une photo 360° en nuage de points).

Astronaute et peintre en même temps, vous êtes au cœur de l’espace et dessinez vos idées, pensées ou réflexions autour du sujet de votre choix. DreamSketcher c’est une autre façon de s’exprimer, de co-créer et de partager, soit en live pendant votre immersion, soit à posteriori.

Le projet est expérimental et en partenariat avec David Nahon du 3D Experience Lab. C’est un prototype et tous les tests réalisés aujourd’hui ont pour objectif de faire évoluer l’outil et l’expérience. Avec une ligne directrice : trouver des utilisations pratiques qui apportent de la valeur dans le cadre de projets de transformation et d’innovation collaborative. A ce stade, plusieurs domaines d’application ont été identifiés : le coaching, les pitchs, l’imaginaire commun, la célébration, l’émergence d’idées nouvelles, la visualisation ou représentation immersive, le déconditionnement.

L’expérience permet d’aller piocher en profondeur, de se surprendre, d’expérimenter artistiquement des ressentis de façon très instinctive, de lâcher prise de façon douce et de changer son état d’esprit. Elle permet également de pouvoir en discuter ensuite et donner du feedback.

La semaine dernière je l’ai testée pour vous : j’ai représenté en 3D l’écosystème Codesign-it!
Je ne vous cache pas ma légère appréhension au démarrage de l’exercice. D’autant plus qu’en dessin je suis vraiment mauvaise… Mais l’expérience est facile d’accès et ne requiert aucune compétence particulière. Alors, sous l’œil bienveillant du chef d’orchestre de l’opération, Matteo Gozzi – membre de Codesign-it – je me sens en confiance et me lance dans l’aventure. Très vite l’appréhension disparaît et on se laisse embarquer dans la 3ème dimension où tout semble possible.

« Codesign-it est un collectif d’in(ter)dépendants, sans hiérarchie, un système de gouvernance par des cercles. Les membres et les partenaires gravitent dans cet écosystème autour de projets d’innovation collaborative chez les clients. Des idées, de la créativité et de l’innovation émergent du fruit de ces collaborations. Les différents projets et acteurs sont reliés et partagent. »

« Je n’ai pas voulu délimiter l’organisation. Tous ses acteurs évoluent dans l’espace, dans cet écosystème ouvert, transparent et mouvant. C’est comme si je pouvais les faire vivre, par leurs positionnements et par les liens tissés entre eux. J’ai l’impression d’être au cœur d’une maquette vivante. »

L’expérience est intuitive et rassurante, et grâce à elle l’écosystème de Codesign-it me paraît plus clair. C’était ma première fois avec la réalité virtuelle et je ne m’attendais pas à rester coincée dedans aussi longtemps ! Je pense d’ailleurs refaire appel à elle prochainement ; pour une représentation de la scénographie de ma prochaine pièce de théâtre par exemple.

En tous cas, je vous invite à tenter l’expérience ! Les DreamSketchers Open Test sont ouverts tous les jeudis de 14H à 18H au 10CO (lieu de regroupement parisien des membres de Codesign-it) ! Pour y participer, contactez- nous !

D’autres se sont déjà laissé tenter.
Voici quelques œuvres !





Paris, le 29/11/18 – Fanny de Font-Réaulx – Reporter chez Codesign-it!

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Ma 1ère fois avec Codesign-it! http://codesign-it-ventures.fr/2018/11/12/ma-1ere-fois-avec-codesign-it/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/11/12/ma-1ere-fois-avec-codesign-it/#comments Mon, 12 Nov 2018 16:27:38 +0000 http://codesign-it.com/?p=2084 Documentation de l’expérimentation Codesign-it!
Episode 1

 

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Ils ont voulu organiser ce qu’ils avaient conquis http://codesign-it-ventures.fr/2018/11/06/ils-ont-voulu-organiser-ce-quils-avaient-conquis/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/11/06/ils-ont-voulu-organiser-ce-quils-avaient-conquis/#respond Tue, 06 Nov 2018 15:34:24 +0000 http://codesign-it.com/?p=2063 [...]]]> Ils ont voulu organiser ce qu’ils avaient conquis (Bernanos).

Point de vue partial et imparfait sur Codesign-it aujourd’hui
Par Catherine Foliot

Ils avaient conquis la possibilité de faire entreprise autrement, chacun restant indépendant et libre, tout en étant reliés pour mutualiser les ressources et inventer une nouvelle manière de décider collectivement. Ils étaient huit à l’origine, mus par le double désir de fuir une grande organisation qui tuait leur espace d’expression et par la furieuse envie de créer un lieu autre – tiers – au sein duquel chacun pourrait éprouver sa liberté tout en étant ensemble.

Car ces métiers ne s’exercent pas seuls : l’innovation collaborative par essence se vit collectivement et les projets sont de taille à nécessiter des équipes. Ainsi, depuis presque cinq ans maintenant, Codesign-it tente de résoudre quotidiennement l’équation impossible d’associer la liberté individuelle à une gouvernance collective. Cette tentative est touchante, audacieuse, porteuse d’espoir.

Ces lignes sont là pour tenter de décrire, d’un point de vue par définition partial et incomplet, ce que ce collectif a conquis et les questions qui se posent aujourd’hui pour la suite de sa trajectoire. Je décris ici ce que je vis depuis trois ans que je suis résidente puis membre de Codesign-it, élue au bureau de l’association cette dernière année.

Qu’est-ce que ce collectif a conquis ?

J’aime ce terme de Bernanos, car on sent l’effort, l’inédit, les territoires vierges, peu fréquentés, peu connus. On sent la force des pionniers, des aventuriers qui, plus ou moins consciemment, s’engagent dans les herbes folles, les mers parfois déchainées et les eaux paradisiaques. On sent les heures, les nuits passées à penser, à imaginer, à prendre des décisions parfois radicales. On sent l’inconscience, le mouvement d’aller de l’avant, de continuer les premiers pas, ceux-là mêmes qui n’autorisent pas le retour en arrière.

Codesign-it a conquis cette énergie, cette force de la conquête, cette libido de la création.

Cette force de création, qui se ressent encore, a été, je crois, dédiée à trois paris : le premier fut de se prouver qu’il était possible d’y croire, le second fut de ne jamais enfermer Codesign-it dans aucune forme qui ne le fige et d’en décréter une expérimentation permanente, le troisième fut d’investir dans la transmission, à travers l’engagement dans un diplôme universitaire et la tentative de fabriquer des « Communs », formes de savoirs donnés à tous fonctionnant dans les règles de l’économie du don. Tous les paris furent gagnés et très vite et, en deux ans à peine, Codesign-it était une figure de référence sur le marché en tant que nouvelle forme organisationnelle, très investie dans la transmission et l’expérimentation permanente.

La gouvernance à l’époque était fondée sur les conversations entre membres dans le cadre de sprints d’une journée, mensuels, journées dédiées à l’évolution de la gouvernance de Codesign-it ! Les conversations étaient auto-facilitées, reposant ainsi sur le leadership de chacun. Ainsi, au cœur de ce collectif de professionnels aguerris de la facilitation de l’innovation collaborative, s’improvisaient des conversations qui aboutirent à des résultats tangibles pour lesquels les accouchements furent longs et parfois douloureux. Deux questions étaient en jeu : le statut de l’association qui ne pouvait plus porter les projets business et la taille du collectif.

Qu’ont-ils voulu organiser ?

Est-ce les questions d’organisation se posent quand on commence à croitre, à grandir en nombre ? Est-ce que ces questions secondent les premières dédiées à la création ? Est-ce que l’organisation est nécessaire pour matérialiser l’invention, voir même pour faire passer l’invention du côté de l’innovation, c’est-à-dire dans son ancrage dans la réalité sociale ? Est-ce que l’organisation est du côté de l’ordre et du contrôle alors que l’invention serait du côté du chaos et du pulsionnel ? Il semble trop facile d’opposer l’invention à l’organisation, alors qu’ordre et désordre sont nécessaires pour toute vie. Il y a tant de l’organisation dans la création que de la créativité nécessaire à l’organisation.

Mais surtout, y vivant depuis trois ans, je me suis aperçue progressivement de l’immense hétérogénéité parmi les membres de Codesign-it. Pas tant dans leurs métiers ou leur capital social qui restent assez proches, mais dans l’idée que chacun se fait de ce qu’est une organisation. Codesign-it invente une nouvelle manière de faire entreprise, la forme que prend le collectif n’est pas connue par avance (par définition) et se prête ainsi à toutes sortes de projections. Peut-être est-ce là un point important et un apprentissage passionnant : comment chacun réagit-il ou elle à l’inconnu ? Comment chacun ou chacune va projeter sa vision sur cet objet non encore identifié ? Nous sommes au cœur de l’innovation, la vraie, au cœur de ce qui s’invente, s’expérimente, se crée avec les personnes qui la vivent.

M’est alors venu ce tableau de Brueghel. Nous sommes en 1558 en pleine Renaissance, époque traversée par les transformations de toutes parts : économiques, techniques, scientifiques, artistiques, philosophiques. L’homme y prend une place centrale, une place d’acteur, moins soumis aux aléas divins. Comme dans ces périodes de transformations fortes (que l’on retrouve au XIXème et aujourd’hui), les innovations sont multiples.

Au premier plan, on trouve le laboureur qui pousse sa charrue. Le berger garde l’élevage plus bas et le pêcheur au bord de l’eau récolte les fruits de son travail. Voici le monde de la culture, de l’élevage, de la terre travaillée pour qu’elle donne ses fruits, d’un rythme qui suit les cycles de la nature avec les contraintes et les possibilités qu’offrent chacune des saisons.

Le second plan nous emmène vers la mer et l’horizon. Deux grands bateaux quittent le port, sans doute pour découvrir ces terres encore inconnues, c’est l’époque des grandes découvertes, de l’atterrissage dans des terres que l’on pensait indiennes alors qu’elles furent américaines …. Ce sont ces pionniers aventuriers, entrepreneurs sachant convaincre les financeurs et leurs équipiers, osant aller au-delà de ce qu’on ne voit pas.

Et puis un peu en dessous du premier grand bateau, on voit des jambes dans l’eau, à l’envers,…quelqu’un qui a chuté. C’est le titre du tableau : la Chute d’Icare. Icare est le fils de Dédale qui a créé à Minos le labyrinthe pour cacher le Minotaure, fruit d’une liaison inavouable. Dédale puni se retrouve enfermé dans sa propre création avec son fils. Il le sait : la seule issue possible est l’envol. Il fabrique des ailes imitant les oiseaux, avec des plumes et de la cire. Il alerte son fils de la fragilité de l’appareil, lui en donnant les limites de sa trouvaille : pas de vol trop près de l’eau car trop humide, pas de vol trop près du soleil, car trop chaud risquant de faire fondre les ailes. Icare s’envole et grisé par l’envol, la liberté, oublie et vole vers le soleil qui lui brûle les ailes. Il chute et se noie, nous dit Ovide.

Entre la culture et l’aventure, il y a la transgression : aller au-delà des règles et des limites. L’innovateur est un transgresseur nous rappelle le sociologue Becker ; il distingue les innovateurs qui transgressent pour un mieux du monde – et les déviants qui transgressent pour détruire. Icare est la figure de la transgression qui dans ce cas s’avère destructive pour lui.

Chez Codesign-it , on retrouve les laboureurs, les cultivateurs d’une terre à soigner pour que les récoltes soient régulières. Les projets sont plutôt connus, les rôles sont précis et identifiés, les équipes ont déjà pu vivre plusieurs fois ces types de projets, l’apprentissage s’y organise, les business models sont éprouvés. Le modèle d’expérimentation permanente vient parfois heurter ces modes de fonctionnement, préférant des situations stables et acquises.

On trouve également quelques aventuriers, les avant-garde, celles et ceux qui continuent d’inventer, que ce soit des produits, des modes d’intervention, des formes d’organisation, des modes de relation clients. Pour eux, ce qui n’a pas de forme n’est pas un problème car ils les imaginent chaque jour et ces formes peuvent évoluer au gré de leurs visions. L’expérimentation est leur nature. Trouve t-on chez Codesign-it des Icare qui se seraient brulé les ailes ? Non, pas si explicitement. Mais d’Icare, il y aurait peut-être le pulsionnel, ou l’impensé, qui se traduisent dans des mots ou des passages à l’acte impulsifs qui causent des perturbations et des frictions. Mais nous ne sommes qu’humains, à l’image de ce tableau humaniste de Bruegel qui dresse nos différents rapports au monde, entre l’ordre et le chaos, entre la création et la destruction.

Je m’étais dit un moment que cette hétérogénéité poserait un problème pour Codesign-it !, me conformant à la pensée convenue qu’une organisation se doit d’avoir une vision partagée et une stratégie commune. Or chez Codesign-it, les visions sont différentes entre membres et pour ce qui est de la stratégie, certains ne veulent pas entendre ce mot quand d’autres expriment le besoin d’en construire une.

Aujourd’hui, je ne pense pas que l’hétérogénéité soit problématique, elle a été et elle peut être au contraire source de créativité et de vitalité mais, posons l’hypothèse, à deux conditions : que les membres utilisent davantage leur créativité, leur inventivité, leur agilité, dans la manière d’envisager des décisions et aussi dans la manière de se parler, visant une parole qui crée et non une parole qui détruise – utilisant, par exemple, – mais pas seulement – des techniques de communication non violente : parler en son nom, ne pas projeter ce qu’on dit sur les autres « tu fais ci », reconnaitre et exprimer ses besoins, etc.

Autrement dit, une perspective aujourd’hui pour Codesign-it serait de poursuivre à tirer encore plus parti de tout le potentiel de création qu’un groupe peut avoir, évitant les pièges de la destruction, c’est-à-dire, peut-être – devenir des funambules, marchant sur un fil oscillant entre ordre et désordre, entre labours et découvertes, reconnaissant ce mouvement de balancier, fait par chacun ou par la complémentarité des uns et des autres.

Comment rester funambules ?

S’aventurer dans ce qui nous est étranger…

C’est peut-être l’alerte posée par Bernanos dans cette phrase : « Ils ont voulu organiser ce qu’ils avaient conquis » : l’ombre de l’organisation pourrait détruire la conquête, l’organisation s’opposerait à la création, laboureurs et découvreurs ne seraient pas compatibles. Je crois que cette pensée de l’incompatible nous traverse tous – moi la première -, et que nous avons tous à un moment pensé que « les autres » sont pénibles, que leurs besoins différents des nôtres sont un poids pour notre liberté et enfreignent la rapidité dans laquelle nous souhaitons agir. Au cœur de cette réalité est la grande question humaine de l’acceptation de la différence, de ce qui nous est étranger, si facile à dire ou à écrire, si sensible à vivre, … qu’en est-il chez Codesign-it qui, fait de grande hétérogénéité, vit la différence quotidiennement ?

A quelles conditions est-elle fertile, c’est-à-dire encore une fois du côté de la création et non du côté du débat sans fin, du conflit de parti-pris ? « Écoutez les sons qui vous dérangent » disait le compositeur de musique contemporaine Xenakis. Non seulement il faudrait les supporter, mais plus encore, il faudrait les écouter ? Xenakis nous invite à expérimenter le déplacement de soi, car tout ce qui me dé-range, potentiellement me range autrement, m’amène ailleurs. Voici l’aventure de l’étranger qui n’est qu’en nous. Ce qui nous dérange est la part inconnue qui nous est propre et qui reste une aventure. La différence de l’autre nous invite à nous découvrir encore davantage, avec nos lumières et nos fragilités, ce qui nous rend humain. C’est même la condition de notre humanité.

S’inspirer sans modération sans tomber dans les dogmes

Quand on ne sait pas ce que l’on fabrique, on s’inspire. L’inspiration est l’un des moteurs majeurs de la création. L’inspiration sert à faire entrer de l’air, autrement dit du nouveau, mais elle ne doit pas devenir un modèle à reproduire. La limite est parfois ténue. Il y a pourtant une grande différence entre inspiration et modèle à transposer qui peut devenir dogme, autrement dit fabriquer l’inverse de la création.

Nous sommes parfois à la limite de la bascule de l’inspiration au dogme. Chez Codesign-it, dans une phase post-création qui cherchait peut-être une forme d’organisation stable, le modèle d’organisation de la sociocratie inventée par un ingénieur au XIXème siècle a suscité l’intérêt des membres. Cela m’a fait l’effet d’un Livre qu’on allait chercher parce que le modèle d’organisation se cherchait et que l’invention était peut-être trop coûteuse. C’est humain, là encore, nombre de sociétés l’ont vécu et sont construites ainsi. Des débats ont alors éclaté opposant les partisans de l’application de la règle à la lettre à ceux pour qui la sociocratie était une inspiration à adapter pour Codesign-it ! L’expérimentation de la sociocratie prendra fin à une date non encore précisée, et je crois que ce statut permanent d’expérimentation est ce qui protège la créativité et permet le non-enfermement dans des dogmes.

Rester expérimental : trouver les moyens communs de faire vivre l’expérimentation dans la durée, des Communs

L’expérimentation est un coût, ou plutôt un investissement pour poursuivre la part joyeuse de cette aventure, et la part d’espoir qu’elle porte depuis l’origine. Car l’expérimentation demande à expliciter des hypothèses, à suivre les réalisations, à débriefer des résultats et à clarifier les apprentissages. Elle demande de la rigueur, du temps, une façon différente d’être dans l’action, une distance autre à l’objet de travail.

Or ce temps et ces dispositions ne sont pas comprises dans notre temps rémunéré aujourd’hui. Nos revenus sont exclusivement tirés des projets que nous vendons et menons. Ainsi aujourd’hui l’expérimentation, au-delà du mot qui reste employé, n’est pas sérieusement menée car nous n’avons pas encore mis en place les conditions de sa réalisation. Nous avons voté une mission Documentation qui est un prémice, quelques bribes de feed-back ont été faites sur la sociocratie, des premiers pas ont donc été posés.

Or une hypothèse serait qu’investir une partie de notre budget d’investissement que nous tirons de la vente de nos projets serait une condition majeure à la durabilité de Codesign-it, dans sa part saine, porteuse d’espoir et revenant à son désir premier : comment faire vivre une organisation entrepreneuriale dans laquelle liberté et coopération sont possibles ?

L’expérimentation nous protège du dogme et des débats sans fin de qui a raison, l’expérimentation développe notre part d’humilité car nous ne savons pas tant que nous n’avons pas vécu des choses et appris de ce qu’il se passe.

L’expérimentation entretient la curiosité, cette part vivante qui nourrit le désir. L’expérimentation permet également d’apprendre, de poser des bases et des convictions à partir de l’expérience, et non pas à partir de leçons extérieures.

Laboureurs et découvreurs s’y retrouvent. L’expérimentation n’est t-elle pas ainsi une nouvelle forme d’organisation, applicable chez Codesign-it ! mais également au sein des projets que nous menons avec nos clients ? Le Diplôme Codesign, la poursuite du travail sur les Communs, les articles de recherche, une proposition de projet d’exposition dont le titre serait « C’est quoi ce travail ? » et bien d’autres formes existantes et à venir en sont les écrins. A suivre, avec impatience ….


Texte proposé par Catherine Foliot, membre du Collectif Codesign-it!

Licence Creative Commons Cette œuvre de Codesign-it! et Catherine Foliot est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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Voyage en congruence http://codesign-it-ventures.fr/2018/11/06/voyage-en-congruence/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/11/06/voyage-en-congruence/#comments Tue, 06 Nov 2018 15:08:09 +0000 http://codesign-it.com/?p=2031 [...]]]> Par Coline Pannier
V1.03
Rapport de résidence chez Codesign-it!
Octobre 2017- Mars 2018

Introduction

Pour conclure ma période de résidence chez Codesign-it, je voulais rédiger un texte réflexif et tenter de redonner un peu à ce collectif qui m’avait accueillie avec tant de générosité.

Ce fut un exercice difficile, tant se mélangent les souvenirs. Un mouvement de pendule entre Amsterdam et Paris, accumulation d’impressions, visites au 10co [l’espace parisien du collectif Codesign-it], incursions chez les clients, retrouvailles avec des amis, séjours dans ma famille, rencontres et solitude, charrettes et flâneries.

Pour y arriver, il m’a fallu retourner aux origines. Il a fallu revenir au « pourquoi ».

En août 2016, j’eus l’opportunité d’intervenir dans le cadre du Diplôme  Codesign [DipCo en partenariat avec le CNAM et le CRI, anciennement D.U Codesign en partenariat avec l’Université Paris-Descartes et le CRI]. Je venais d’écrire un article qui croisait mes réflexions sur la méthode Scrum et le game design, et c’est sur ce sujet que je choisis d’échanger avec les participants. Le 19 août 2016, Marjory Valckenaere, participante du DipCo, publiait selon la coutume une restitution de mon intervention. Elle l’intitula : « Et si la vie n’était qu’un jeu… ».

Le 4 juin 2018, 2 ans et une crise existentielle plus tard, je peine encore à mesurer l’ampleur de l’influence que Codesign-it aura eu sur moi. Comme beaucoup de participants au DipCo, de clients du collectif, de ses membres et partenaires, la rencontre avec Codesign-it aura été une expérience bouleversante. En rentrant dans cet endroit-là pour la première fois, je ne me doutais pas de ce que j’allais y trouver.

L’analogie du jeu m’a emmenée bien plus loin que je ne le pensais, dans un retournement vertigineux où la recherche intellectuelle a rapidement basculé dans le domaine de la métaphysique. La rencontre avec Codesign-it, c’était finalement une rencontre avec moi-même au-delà de l’ego. C’était un miroir bienveillant, et dans son reflet j’ai fait en même temps l’expérience de l’humilité et celle de l’audace.

Il y a des petits mots qui résonnent plus que d’autres. Cette expression choisie par Marjory, j’ai fini par le comprendre, c’était la question que je n’osais pas me poser.

« Et si… »

Pour la première fois, on m’autorisait à rêver.

L’envie grandit alors de me rapprocher de ce collectif, de comprendre sa logique, de côtoyer ses membres. L’envie progressivement devint nécessité. L’énergie m’appelait au-delà des frontières. Peu m’importait qu’il fût parisien, je bataillai pour avoir ma place dans cet espace-là.

Je voulais en être.

Grâce à ma marraine Catherine Foliot, j’entrai en résidence pour 6 mois chez Codesign-it parmi les ultimes recrues de la vague de croissance de 2017. Plusieurs mois d’immersion à l’automne 17 et l’hiver 18 où j’ai ouvert de nouveaux horizons, confirmé certaines hypothèses et jeté d’autres aux oubliettes, redécouvert des savoirs oubliés, accumulé les épiphanies. J’y ai surtout côtoyé des professionnels hors du commun, tant de rencontres et de conversations passionnantes, tellement d’inspiration.

Pourtant la fin des six mois approchait et mon intuition me dictait de repartir, ou plutôt, elle me soufflait de ne pas m’engager comme membre de ce collectif-là. Quelque chose me disait que je ne pouvais pas. Alors ce rapport est aussi pour comprendre, pour me comprendre moi, en me disant que les questions que je me posais dans mon introspection pourront peut-être à leur tour servir de miroir à ceux qui les ont provoquées.

Pour nourrir ma réflexion j’ai interrogé une douzaine de membres et résidents sur leur expérience personnelle : Alain Biriotti, Augustin Luneau, Catherine Foliot, Gautier Helloco, Greg Serikoff, Hubert Bannel, Julie Credou, Léo Veyrier, Mai-liên Nguyen Duy, Manon Bernard, Matteo Gozzi, Nicolas Wauquiez et Viviana Gozzi.

Échantillon non-représentatif, si ce n’est d’un petit bout de « mon » collectif. On les retrouve au fil de ce texte dans des encadrés. J’ai choisi de ne pas attribuer les citations, non par peur de les embarrasser mais parce que j’ai noté ces propos au fil de l’eau, déjà assimilés, interprétés. Juste un peu moins déformés car saisis dans l’instant. Ce sont des voix dans ma tête qui rejoignent les autres voix entendues au fil des rencontres, et toutes parlent encore derrière ce texte.

Qu’est-ce que Codesign-it ? Que signifie exactement être membre ? Quelles seraient les activités que je mènerais au quotidien ? Quelles sont les valeurs du collectif ? Faut-il partir ou rester ?

En progressant dans ce travail il m’est apparu qu’il serait impossible de capturer la réalité de Codesign-it. Reste alors une première réflexion sur la trace que le collectif aura laissé en moi. Je suis certaine que j’aurai plaisir à redécouvrir ses influences longtemps après mon départ mais, puisqu’il faut bien conclure, en voici l’état des lieux temporaire.

Chapitre Premier

Où le souvenir de mots étrangers esquisse les contours d’un pays particulier 

“We begin with that part of the language which defines a town or community. These patterns can never be ‘designed’ or ‘built’ in one fell swoop – but patient piecemeal growth, designed in such a way that every individual act is always helping to create or generate these larger global patterns, will, slowly and surely, over the years, make a community that has these global patterns in it.”

– Alexander, Ishikawa & Silverstein

« Enviro »

Lors de ma résidence, j’ai découvert avec assez de fascination l’attention portée au matériel et à l’organisation de l’espace physique. Cette attention est particulièrement visible dans les locaux de Codesign-it. Les merveilleux « services généreux » assurent que les outils soient à disposition. Les mitraillettes de feutres effaçables sont toujours remplies d’encre. Les meubles sont légers, les espaces cosy, les sièges confortables. Partout règne le Tableau Blanc, dans sa version géante et raffinée appelée PLUME. 

Panneaux PLUME dans les locaux de Codesign-it (septembre 2017)

Dans les locaux, l’entretien et le réassortiment du matériel est a priori l’affaire de tous, même si dans les faits certains s’en chargent plus que d’autres. Reste que lors de mes visites j’ai toujours été frappée par l’ordre et la propreté de l’environnement. Pas de chasse au stylo ou de câbles à brancher, l’outil de travail est prêt et on peut commencer.

« Je n’aime pas quand c’est rangé n’importe comment. C’est important que le lieu soit accueillant. »

Un tel niveau de commodité d’usage et de sophistication est le signe d’une attention portée depuis de nombreuses années à la question du matériel. C’est je pense la marque d’un respect profond pour l’activité qui est en jeu par le fait même de rassembler plusieurs personnes devant un tableau blanc et de les inciter à créer ensemble. Si les tableaux sont si grands, c’est qu’on perd en qualité en les rétrécissant. Si les chaises sont légères, c’est parce que la qualité des interactions dépend de leur agencement et réagencement permanent. L’enviro, c’est la manifestation physique de l’expertise en intelligence collective.

La même exigence est transportée, parfois littéralement, chez les clients. Cela va de l’emprunt de Post-it pour une session de travail jusqu’à la conception complète d’espaces collaboratifs qui prennent souvent la forme de « Labs ». Crozier et Gelinier, lors de leurs travaux sur les cercles de qualité, remarquaient : « la première leçon du Japon, c’est l’importance du quotidien. C’est dans le quotidien que se bâtissent la qualité, la productivité et le climat de coopération. » En élevant les standards de qualité de l’environnement de travail, Codesign-it nous invite à prendre vraiment au sérieux les moments de co-création.

« Cadrage »

Le codesign est un moment que j’aime appeler « instance de synergie ». J’entends instance ici dans le sens informatique ou ludique, c’est-à-dire comme la création d’un programme à partir d’un modèle dont on ajuste les paramètres.

Le codesign commence dès le début d’un projet chez un client. Le premier « sponsor meeting » [réunion de qualification et de cadrage] est la rencontre entre le client et le collectif autour d’un projet, mais c’est aussi bien souvent la première vraie rencontre entre les sponsors (porteurs d’une intention et d’un projet) au sein d’une même organisation. Il faut insister ici sur le pluriel : il y a toujours plusieurs sponsors, car c’est de leur volonté de faire ensemble que découle la démarche collaborative.

Instructions : Les étapes itératives du document de cadrage

Chaque sponsor meeting est une instance de synergie dont le but est d’enrichir le document de cadrage. Contrairement à ce que l’on peut voir dans d’autres contextes, ce n’est pas entre les réunions que les prestataires vont travailler pour proposer des solutions aux clients. La valeur nait du processus d’émergence cadré par Codesign-it pendant la réunion pour permettre aux sponsors d’accoucher de leur ambition commune.

« Session »

Le livrable du projet est également un moment, celui de la « session ». Une session de travail collaboratif, c’est un événement qui rassemble dans une unité de temps et de lieu des dizaines, parfois des centaines de collaborateurs d’une organisation. Tout le travail de préparation converge vers cet instant où les participants vont se présenter à l’entrée de la salle, prêts à démarrer les activités.

« Il faut transmettre aux clients, apprendre des petits gestes aux personnes et les autonomiser même si ça fait moins vendre. »

Je n’ai pas assisté à suffisamment de sessions pour juger précisément des facteurs de réussite, cependant il m’apparait que le succès d’un tel événement dépend fortement de la qualité des instances précédentes. Si la démarche n’est pas suffisamment collaborative dans la phase de cadrage et de préparation, la session aura des difficultés à livrer ses promesses. On voit alors qu’il ne suffit pas de faire venir des gens et de les mettre autour d’une table avec quelques exercices pour que la magie opère.

Il peut sembler étrange à l’ère du numérique de consacrer tant d’efforts à des activités exigeant la présence physique des participants. Ce constat est d’autant plus contre-intuitif que bien souvent les clients sollicitent Codesign-it pour les aider à « prendre le virage du digital ». Mais il suffit de se trouver dans la salle au moment d’une session pour se rendre compte que l’énergie dégagée par la mise en synchronisation de dizaines de cerveaux et par l’entrée en cohérence cardiaque des organismes n’est pas réplicable à travers la médiation d’un écran.

L’engagement physique des participants, leur présence simultanée dans un lieu, est la ressource la plus précieuse de la session. Si l’on n’en fait rien, cette ressource est perdue. J’ai pu constater ainsi que l’expertise de Codesign-it résidait en grande partie dans sa capacité à itérer sur le dispositif en permanence et jusqu’au sein-même de la session. L’équipe facilitatrice n’est pas seulement là pour guider un processus préétabli. Elle est au contraire en vigilance constante pour ajuster les paramètres en temps réel en fonction du niveau d’énergie et d’engagement des participants, jusqu’à ce que le groupe ait atteint le sweet spot de la synergie.

« Autoporteur »

Parmi les mots qui m’ont interpelée, l’adjectif « autoporteur » (ou « autoportant ») me semble particulièrement significatif. L’idée est la suivante : un groupe de personnes se rassemble sur un atelier pour un temps donné et reçoit des instructions sous forme de consigne. La consigne est censée se suffire à elle-même et le groupe doit pouvoir s’organiser et démarrer son travail sans nécessiter l’intervention d’un membre de l’équipe de facilitation. Les instructions sont généralement imprimées sur une feuille A4 et comprennent parfois un template d’outil.

Instructions : Consigne « Capsule temporelle » donnée en exemple lors d’un atelier de formation

La notion de « dispositif autoporteur » illustre bien l’un des partis pris fondateurs de la démarche collaborative, qui est le refus impératif de la part de l’intervenant extérieur se positionner en sachant. Le choix de laisser les participants se dépêtrer seuls des problèmes qui peuvent survenir dans l’utilisation de la consigne est une condition nécessaire au ressenti d’empowerment. En effet, si la consigne est bien conçue, le groupe trouve rapidement ses marques et chaque personne finit par se rendre compte qu’elle est aussi capable qu’une autre.

« Je suis ‘sponsor inconditionnel’ : j’ai confiance dans la capacité des personnes à se réinventer, à se trouver, à se déterminer. »

C’est cela la belle leçon du dispositif autoporteur : la certitude qu’un ensemble humain placé dans les bonnes conditions est capable de trouver ses propres solutions et qu’il n’y a pas lieu d’attendre qu’une une Déesse Salvatrice ou un Homme Providentiel descende du ciel ex-machina pour ordonner le chaos. L’effacement du facilitateur derrière sa consigne est comme une affirmation préventive destinée à chaque personne : « tu seras créative, car à vrai dire tu l’es déjà, et tu n’as pas besoin de moi pour te tenir la main. »

Cette approche m’évoque celle du coaching, c’est-à-dire une démarche visant à favoriser l’autonomisation des individus en les mettant en capacité de trouver en eux les ressources et les réponses à leurs questions. La transmission de pouvoir se situe précisément au moment d’incertitude où le vertige du lâcher-prise donnerait envie de se réfugier derrière une figure d’autorité ou un prêt-à-penser ; le groupe s’empare alors de la confiance absolue qui est placée en lui et cesse de chercher vers l’extérieur sa source de validation.

« Facipulation »

Pour conclure sur ces mots étrangers, je voulais mentionner une expression que j’ai entendue à plusieurs reprises et qui laisse deviner l’éthique professionnelle du collectif : « facipulation ». Croisement entre facilitation et manipulation, ce mot-valise dit bien le danger qu’il représente. C’est la problématique de l’agenda caché, du mensonge, des intentions mauvaises.

« No bullshit ! Je veux prendre le moins possible de missions qui sonnent faux, c’est dangereux pour tout le monde. »

La facipulation est plus grave que le manque de fair-play, car celui-ci concerne des comportements inadéquats des joueurs dans le cadre du jeu. La facipulation, c’est la posture de l’arnaqueur. C’est ce qui se produit quand le maître du jeu manipule les règles à son profit, quand le casino pipe les dés. Une trahison. Au lieu d’être garante du processus, la facilitatrice devient guidée par l’obtention d’un certain résultat. La session n’est collaborative qu’en apparence, puisque tout est joué d’avance et que le dénouement est déjà connu.

Si la condition et la vertu du travail collaboratif résident dans la confiance, alors la facipulation est le péché capital qui en sape les fondements. Mais comme souvent dans les processus psychologiques, la manipulation par la facilitation n’est pas forcément un processus conscient.

Nous avons tous en nous une part de mauvaise foi. Des sponsors peuvent par exemple être intimement convaincus qu’ils sont dans une démarche collaborative, alors qu’ils sont plutôt dans une démarche de communication. C’est, il me semble, l’un des enjeux majeurs de la phase de cadrage. Mais la question doit se poser même en amont, avant d’accepter un projet [pendant la phase de qualification].

Les instances de travail collaboratif ont le pouvoir de transformer en profondeur les individus. J’y ai vu souvent un déplacement où l’on sort de son rôle habituel pour adopter une autre perspective [déconditionnement]. Or sortir des sentiers battus et des routines mentales nous place en position de vulnérabilité.

L’expérimentation doit se faire dans un cadre sécurisé – on n’apprend pas à faire du parapente en se jetant seul d’une falaise. Il y a cependant un moment de basculement dans le vide, où il faut lâcher prise. C’est dans cet instant que la confiance dans le matériel, les procédures, l’instructeur, doit être absolue.

« On est des dénicheurs de non-sens. »

La rigueur et l’expérience professionnelles des codesigners sont essentielles pour sentir rapidement les mandats qui sonnent faux, les prises de contrôles enveloppées de bons mots, les vielles peurs qui avancent sous cape. Une posture qui peut être difficile quand il n’y a pas encore de preuve concrète du déraillement, juste une intuition, un ressenti.

C’est pourtant à ces signaux faibles qu’il faut faire confiance. Reconnaître les petites lâchetés de la conscience humaine. Ne jamais baisser ses standards et revenir avec encore plus de fermeté à l’ambition, pour être à la hauteur des clients qui font le choix du collaboratif et soutenir le courage des démarches sincères de transformation.

Chapitre Second

Comment les compagnons de route agrégèrent une joyeuse troupe, et la bonne fortune qui s’ensuivit

“The future is rational only in hindsight.”

– MG Taylor

L’héritage énigmatique de l’ASE

Pendant mon immersion chez Codesign-it, j’entendis à plusieurs reprises que le collectif avait été fondé par des « anciens de l’ASE ». En écrivant ce texte, je réalisai qu’il planait encore sur l’ASE un vent de mystère ; j’entrepris donc une brève enquête pour en apprendre davantage, à commencer par la signification du fameux acronyme. Armée d’un deuxième mot-clé, « Capgemini », je trouvai facilement la brochure présentant l’ASE, qui a toujours sa page dédiée dans la catégorie « Stratégie et Transformation » du cabinet de conseil, et découvris finalement le nom complet : Accelerated Solutions Environment. [L’ASE a été créé à l’origine par le cabinet de conseil EY sous licence MGTaylor (Group Genius), puis cédé à Capgemini].

Je m’attendais sans doute à un sens plus poétique car je fus vaguement déçue par cette traduction. Combien de laïus promotionnels promettent d’accélérer, toujours plus vite, pour devancer les concurrents ? Combien offrent des solutions, soulageant les symptômes, rassurant pour un temps ? Seul le troisième mot donnait à l’ensemble une saveur singulière, « environnement ». Il faisait écho à d’autres termes entendus ces derniers mois, « écosystème », « pollinisation croisée », « écologie personnelle ».

Porter son attention sur l’environnement, c’est tenter de répondre à la question : « quelles sont les conditions optimales pour l’éclosion ? » C’est une perspective de jardinier, qui nourrit le sol et observe la relation entre les plantes, les insectes, le climat. Une métaphore horticole que l’on retrouve d’ailleurs dans le descriptif de l’ASE : « cultiver l’intelligence collective ». Mais avec des promesses de rendement plus radicales que celle d’un jardin, puisque la dynamique « permet de bénéficier immédiatement des fruits de l’intelligence collective ainsi dégagée. » L’intelligence pousse plus vite que les plantes.

Codesign-it n’est pas l’ASE, même si l’on y trouve en germe certaines tendances que j’ai pu observer dans les prestations de service du collectif. Ainsi, l’exploration à travers plusieurs points d’entrée, la parallélisation du travail en groupe, les temps d’itération et de circulation, sont des éléments récurrents dans le design de certaines sessions auxquelles j’ai pu participer. Cependant la nouvelle branche créée par Codesign-it diffère du parent des origines par une caractéristique fondamentale : son aspect évolutif.

« Codesign-it, c’est une expérimentation. C’est conçu comme ça très explicitement depuis le début. C’est une hypothèse qui sera validée ou invalidée. »

L’intention de Codesign-it est d’être une expérimentation. Une ambition affirmée explicitement dès la première ligne de la charte que j’ai signée en tant que partenaire et résidente : « Nous désirons un monde où les conversations et les expérimentations engagent les personnes dans des transformations responsables, inclusives et enthousiasmantes. »

La dimension expérimentale est inscrite profondément dans l’ADN du collectif. La démarche itérative ne se limite plus à des instances isolées mais transpire à tous les niveaux, à commencer par son fonctionnement interne.

Le choix des mots reflète l’aspect évolutif, transformateur et expérimental. Il ne s’agit plus de cultiver « l’intelligence collective » mais désormais d’être un laboratoire « d’innovation collaborative ». On pourrait dire dans cette perspective que le collectif Codesign-it est une tentative d’appliquer des principes conçus pour une instance de 3 jours à un groupe de travail sans limitation de durée, et d’en observer les résultats. Par l’application systématique de ces principes, l’expérimentation se poursuit et produit constamment de nouvelles hypothèses, de nouveaux problèmes à résoudre.

Un collectif d’indépendants

L’hypothèse de départ mentionnée par les fondateurs de Codesign-it était d’abord celle du format juridique de l’entité. Pour des collègues sortant d’un cabinet de conseil traditionnel, la question était : « Serait-il possible de travailler ensemble sans constituer une société par actions ? » Cette question juridique n’est pas qu’une question technique, elle reflète la philosophie de départ à plusieurs niveaux.

Les fondateurs partageaient le souhait de ne pas faire dépendre l’appartenance au collectif à l’apport d’un capital de départ. Aujourd’hui, une SAS permet de gérer l’activité commerciale auprès des clients mais elle est assujettie à une association loi 1901. Les membres sont ainsi adhérents à l’association et non actionnaires.

« On a fait vraiment le choix de dire : on ne veut pas des gens qui rentrent parce qu’ils ont le fric, les moyens. »

L’appartenance au collectif se fait au mérite par un processus de cooptation. Le ou la futur(e) membre passe par une période d’essai qui est celle de la résidence ; son statut de membre peut ensuite être confirmé via une invitation secondée par deux autres membres [puis via une décision par consentement de l’ensemble du collectif]. C’est bien le facteur humain qui prime dans le choix des membres, et non le facteur financier.

Une deuxième raison évoquée pour choisir la forme associative est sa simplicité de gestion. Les statuts d’une association loi 1901 sont plus faciles à déposer et à faire vivre que d’autres formats. La mise en place rapide de l’association a permis de démarrer les partenariats et inscriptions pour le DipCo.

« Quand je raconte l’histoire de Codesign-it à des gens, qu’on est pas une SAS en mode capitalistique, c’est perçu comme avant-gardiste. »

Enfin, la forme juridique reflète le choix de constituer un collectif d’indépendants. Chaque membre est ainsi le gérant de sa propre entreprise et met en commun certaines ressources pour pouvoir augmenter sa capacité d’action. Sans vouloir donner trop d’importance au descriptif commercial de l’ASE cité ci-dessus, il est amusant de constater que les principes qui y figurent sont appliqués à la lettre dans la formule de Codesign-it, au point de constituer un échantillon parfait de « 20 à 100 dirigeants » en capacité d’innover. Ce système a deux vertus notables, que l’on pourrait appeler l’éthique de responsabilité et le principe de liberté.

Éthique de responsabilité, principe de liberté

L’éthique de responsabilité signifie que chacun est responsable de son activité, de sa vision, de son développement professionnel. Cela demande un certain courage et une forme de maturité. On est obligé d’être véritablement adulte dans la relation de travail. On reçoit des demandes et du feedback, mais personne ne va donner des ordres à personne.

« Je crois en la notion de responsabilité. On est tous responsables de ce qui nous arrive, et de ce qui nous entoure. « 

La participation aux actions internes se fait sur la base du volontariat et la régulation se fait par les pairs. C’est donc une posture plus difficile, mais qui donne aussi une plus grande satisfaction du travail accompli, puisque chacun est autonome dans l’organisation de ses tâches. Chaque membre s’empare d’un sujet qui lui tient à cœur et le fait vivre avec d’autres personnes qui sont motivées par le même sujet.

L’éthique de responsabilité ne signifie pas qu’on est seul sur la brèche et qu’on sera montré du doigt en cas de coup dur. Ce serait se tirer une balle dans le pied car le processus d’essai-erreur est indissociable de la démarche expérimentale. La responsabilité signifie cependant que si je ne prends pas d’initiative, je ne participerai à rien. Il m’incombe de poser des questions et de m’engager dans des projets de gouvernance interne.

C’est sur ce mode qu’a été conçue par exemple l’Acodémie, formation interne au métier de Session Designer qui a été créée pendant ma période de résidence : les participants animent eux-mêmes la session de manière tournante, après avoir interrogé des experts et en capitalisant sur l’expérience des autres participants.

Le principe de liberté est le deuxième aspect qui m’a semblé résonner très fortement chez les membres. Il touche de nombreux niveaux. Le choix de travailler ou pas sur certains projets, avec certaines personnes, avec certains clients. Le choix de participer à des projets internes, la forme que prend cet engagement. Mais aussi les discussions sur les droits et devoirs des membres, sur les règles, sur l’intérêt général.

« Le bien commun, c’est chacun gardant sa liberté individuelle. »

Si chacun est libre et indépendant, le but n’est cependant pas de faire cavalier seul. Il doit aussi y avoir un moment où on fait l’effort de se rencontrer : c’est dans cet espace de chevauchement que se crée le collectif.

Une récolte prolifique

« On est passés assez rapidement de la naissance, à l’enfance, à l’adolescence, et aujourd’hui on est déjà assez mûrs, on est déjà dans un jeune âge adulte. »

Liberté et responsabilité combinés font que les points de rencontre entre les membres sont d’une extrême richesse. Pour l’avoir vu de l’intérieur, je peux témoigner que la force de frappe de ce collectif est véritablement époustouflante. À l’heure où tant de défis s’accumulent à l’échelle planétaire, j’y ai vu la preuve éclatante des capacités d’actions des groupes humains et je dois dire que ça donne une sacrée dose d’espoir.

Codesign-it est relativement jeune mais a déjà acquis une réputation solide sur le marché. Le label « Codesign-it » est synonyme de qualité sur le marché français et c’est une grande source de fierté pour moi d’avoir pu y être associée en tant que résidente. Cela tient en grande partie à la maturité des membres eux-mêmes et aux critères de recrutement. C’est aussi une conséquence logique des croyances et principes qui guident le collectif, de la bienveillance et de l’espace laissé au feedback et aux idées nouvelles.

« Un succès qui me tient vraiment à cœur, c’est ce lieu. Je suis super contente de ce lieu et super fière. J’aurais jamais imaginé il y a 3 ans avoir 600 m2 dans le centre de Paris… C’est vraiment génial. »

L’une des manifestations visibles du succès est le lieu où s’est installé le collectif. Véritable oasis foisonnante au cœur de Paris, les locaux du 10co et du 12co créent un espace de respiration où membres, clients, étudiants du DipCo et du DUIC (Diplôme Universitaire Intelligence Collective, Université de Cergy) et autres partenaires peuvent venir se connecter entre eux et se reconnecter à leurs racines communes. C’est un lieu de travail, avec ses salles de réunions, mais aussi une sorte de démo du « mode de vie » collaboratif avec sa bibliothèque partagée, ses tableaux blancs et ses espaces de rencontres informelles.

« Le lieu ici est magnifique. Ça a une âme, c’est vivant, c’est un carrefour, un lieu inspirant de rebonds et de rencontres. »

Les « prétotypeurs » [makers spécialistes du prototypage rapide amont] y ont posé leurs caisses à outils et créé un fabuleux atelier qui me rappelle le garage qu’avait mon grand-père, avec ses outils au mur et ses machines à découper, mais aussi l’agence d’architecte de mon père avec ses maquettes et ses grandes règles en métal.

Chez ceux qui passent dans cet atelier pour la première fois on voit pétiller les souvenirs d’enfance, l’émerveillement, l’envie de toucher et de bidouiller. C’est un espace qui rend possible la créativité par son design, tant il est aligné avec sa fonction de prototypage et d’expérimentation.

Initiation au bidouillage utile dans l’atelier (novembre 2017)

Si ces locaux du 10-12co respirent une telle énergie c’est parce qu’ils reflètent l’amour du travail bien fait, l’amitié entre les membres et le plaisir qu’ils ont à travailler ensemble. De manière très cohérente, l’expertise sur l’aspect matériel du collaboratif et l’attention portée sur « l’enviro » se trouvent illustrées dans l’espace physique de la rencontre.

Le succès et ses enjeux

Au moment où j’ai l’ai rejoint, Codesign-it sortait d’une phase de croissance importante avec le passage de 17 membres à 42 membres et résidents. Les discussions sur la taille et le statut de contributeurs du collectif ont dû être houleuses car ceux qui y ont participé en sont manifestement sorti un peu sonnés. Mais ils n’ont pas eu beaucoup de temps pour souffler ; à peine la décision prise et déjà il fallait se remettre au travail pour intégrer tous ces nouveaux membres et leur faire une place au cœur des décisions.

« C’est un système vivant, où on ne sait pas ce que ça va donner demain. »

Les phases de croissance amènent des enjeux pour toutes les organisations en termes de structuration et d’évolution des processus. L’augmentation du nombre demande une plus grande clarté dans les choix stratégiques.

« On se diffuse plus vite que ne se diffuse l’innovation collaborative. On diffuse ça. C’est de l’océan bleu. »

Certaines ambiguïtés qui vivent bien en petit comité deviennent des arrêtes tranchantes quand le groupe atteint une masse critique. La croissance va donc de pair avec l’explicitation des valeurs, la formulation de la grammaire commune, la clarification de la vision. Une étape nécessaire afin que chaque membre puisse se positionner sur son adhésion aux directions choisies.

Représentation visuelle du collectif (décembre 2017)

Le processus est d’autant plus intéressant dans le cas qui nous occupe qu’il s’agit d’une structure sans dirigeant(e). Le collectif a choisi de s’organiser de manière participative et de se former à la sociocratie, un mode de gouvernance basé sur quatre grands principes : les décisions par consentement, les cercles de gouvernance, les double liens et les élections sans candidat. Il n’y a pas une seule personne qui porterait officiellement la vision de l’organisation et à laquelle on pourrait se référer en cas de doute.

C’est une configuration assez unique car même dans les cas d’école de gouvernance participative – pensons par exemple aux modèles fréquemment cités « d’entreprises libérées » ou d’organisation « teal » comme FAVI ou Gore Tex –, il y a souvent une figure de fondateur dont la personnalité charismatique a donné l’orientation et l’impulsion de départ.

Les choix stratégiques dans le collectif se font de manière organique, en fonction des sujets qui sont ressentis comme importants par ses membres. Et malgré la qualité de la collaboration et l’expertise en interne, les décisions ne se prennent pas sans heurts. L’expérimentation n’est pas toujours aisée quand on la mène sur soi-même.

Chapitre Troisième

Où le choix d’un mauvais problème crée d’autres problèmes

“For millions of years, mankind lived just like the animals. Then something happened which unleashed the power of our imagination. We learned to talk and we learned to listen. Speech has allowed the communication of ideas, enabling human beings to work together to build the impossible. Mankind’s greatest achievements have come about by talking, and its greatest failures by not talking. It doesn’t have to be like this. Our greatest hopes could become reality in the future. With the technology at our disposal, the possibilities are unbounded. All we need to do is make sure we keep talking.”

– Stephen Hawking

L’épouvantail de la gouvernance interne

Dans le domaine de la gouvernance interne, la fiction comme la réalité semblaient décevoir les membres du collectif. Mise en place à l’automne 2017, la sociocratie devait, j’imagine, apporter des éléments de structure à un organisme en croissance. Elle ne semble pas avoir rempli toutes ses promesses. D’après certains témoignages elle aurait même eu l’effet inverse de celui escompté, en provoquant le désengagement de certains par la dilution du sentiment de responsabilité.

« Aujourd’hui la sociocratie est génératrice de chaos et de bordel. »

Je n’ai pas vraiment d’opinion sur ce mode de gouvernance, n’ayant pas participé directement aux cercles pendant ma période de résidence. Il est fort possible que la sociocratie ne soit pas bien adaptée au contexte de Codesign-it, dont les membres sont impliqués en interne de manière assez inégale et irrégulière. Je m’interroge cependant sur la source des désagréments : si l’adoption de la sociocratie est concomitante de l’intégration d’un contingent important de nouveaux membres, comment isoler la variable sociocratique dans les difficultés de gouvernance ?

« C’est pas une entreprise.

C’est pas une association.

C’est pas une SAS… »

Un certain nombre de questions polarisantes faisaient débat chez Codesign-it, notamment en ce qui concernait l’équilibre entre les contributions au collectif et le temps passé chez les clients ; et entre la volonté d’aider l’humanité et la pratique au quotidien d’accompagnement des clients.

« Dans un truc qu’on appelle une expérimentation, quand est-ce qu’on passe à l’industrialisation ? »

Ces débats se cristallisaient entre autres sur la question de la propriété intellectuelle, sur la préservation de l’expertise professionnelle, sur la participation aux rituels des sprints [assemblées régulières des membres et résidents, pour faire avancer les sujets internes du collectif] et aux cercles de décision.

L’incitation au désengagement

« Comment un collectif composé de gens vraiment indépendants crée des incitations individuelles à s’engager dans le collectif ? »

S’il est admis que la formation d’un collectif permet de mettre en commun certaines ressources pour accroitre sa capacité d’action, les choix d’allocation de ces ressources sont loin d’être évidents. Le collectif en tant que collectif a besoin d’éléments de base pour pouvoir fonctionner, ce qui signifie qu’un certain nombre d’actions doivent être entreprises pour le maintenir. Ces actions demandent de la part des membres un investissement soit en temps (action directe), soit en argent (action indirecte, par délégation).

« C’est difficile de gérer tout ça avec le temps perso, le temps pro plus le collectif. »

Le principal problème de l’investissement en temps est sa perception comme un manque à gagner : le temps passé à gérer des sujets internes n’est pas un temps facturé à un client. Par conséquent, il ne rapporte rien.

« Aujourd’hui on cultive le non-engagement. »

Chaque membre gère son entreprise en indépendant, comme un freelance, et priorise le service rendu au client. Il y a donc une double incitation à ne pas passer du temps sur les sujets internes : incitation financière et incitation d’éthique professionnelle.

« Il y a en a qui ne font rien et qui souffrent économiquement de ne rien faire. »

J’y vois un risque d’aboutir à une situation paradoxale où les membres qui investiront le plus de temps dans le collectif seront ceux qui gagnent le moins d’argent, puisque ce sont ceux qui n’ont pas de clients. Et les membres qui réussiront avec brio chez leurs clients le feront en s’appuyant sur un collectif géré par d’autres membres sur la base du volontariat, qui ne seront pas pris en compte dans le calcul. Une situation qui ne manquerait pas de générer des frustrations et des injustices.

Or ces frustrations peuvent avoir du mal à s’exprimer. Il n’est pas souhaitable d’être perçu comme le « perdant » et il faut se montrer sur son meilleur jour pour pouvoir être staffé. S’il faut être toujours constructif et plein d’allant, alors ceux qui traversent des phases difficiles seront tenté de le faire chez eux, au risque de s’isoler. Doit-il y avoir un espace pour l’expression des démotivations ? Codesign-it peut-il, doit-il s’accommoder d’un membre déprimé ?

Le collectif a entamé sa propre réflexivité sur ces questions. Certains évoquent un principe de fraternité ou de solidarité. Il serait logique qu’une troisième dynamique face surface pour équilibrer les forces centrifuges du principe de liberté et redonner sa dimension collective à l’éthique de responsabilité.

« Il y a un paradoxe entre la liberté et l’engagement. J’adore ce paradoxe, je le trouve extraordinaire. »

La production commune et le rôle du DipCo

S’il y a une question qui m’a semblé belle et embrouillée, c’est bien celle de la relation entre Codesign-it et son diplôme. Passionnante démarche de pédagogie inversée, source de nouveaux membres, organe de diffusion des pratiques, expérience humaine hors du commun, le « Diplôme Codesign » est un OVNI dans le monde de la formation professionnelle. L’atmosphère de partage et d’émulation du DipCo imprègne les locaux, le site web, l’esprit du collectif.

« Le DipCo est une formidable réalisation. Il a déjà fédéré plus d’une centaine de participants dans la communauté, un pari réussi en terme de rapidité de développement. »

C’est un objet qui me touche particulièrement, et pas seulement pour les raisons évoquées en introduction de ce rapport. On y trouve mises en pratiques les valeurs humaines du collectif, sa générosité dans la mise en commun des connaissances, sa confiance dans les capacités de chacun, et simplement le plaisir partagé d’apprendre ensemble.

« Le côté open-source est un parti-pris important, c’est une force car il permet la porosité. »

Comme beaucoup de nouveaux membres et partenaires, c’est par le DipCo que j’ai connu Codesign-it. J’avais été frappée à l’époque par le concept de « stimulation », processus par lequel l’intervenant est sollicité pour faire part d’une vision personnelle qui est ensuite problématisée puis restituée par les participants. La restitution est une ressource qui est mise à disposition de l’humanité (francophone) sous licence Creative Commons. Cette dimension de partage est fondamentale dans le DipCo et dans son rayonnement.

Une session du DipCo (novembre 2017)

Oui mais voilà : Codesign-it n’est pas le DipCo. C’est une entreprise commerciale qui vit en symbiose avec le DipCo depuis les origines mais qui fonctionne selon d’autres logiques. J’ai l’impression qu’il subsiste des ambiguïtés dans la relation entre ces deux entités et que ces problématiques sous-jacentes, non explicites, se retrouvent transposées dans d’autres débats et notamment dans la question des communs.

« Trouver le juste équilibre. Partager, mais partager de façon structurée. Ne pas donner les clés n’importe comment. »

J’ai par exemple signé une charte de partenaire où il est écrit que « les idées qui émergent et se développent dans le cadre de nos projets communs appartiennent à tous, dans une logique Creative Commons ». Or, pour donner un exemple, je n’ai pas vu dans ma période de résidence un seul document ouvert partageable sur le « commun » phare du collectif, la démarche Parkour. [Ce contenu est désormais accessible en ligne ici ]. Pas de dialogue ouvert, pas de fils de discussion, pas de communauté d’utilisateurs.

Je n’ai pas bien compris si c’était un problème de documentation, dû à la difficulté de représenter et de mettre à jour le document Parkour ; ou si c’était un problème de stockage du fichier sur un espace restreint dans une Dropbox ; ou encore si cela tenait à d’autres raisons qui m’échappent. Quoi qu’il en soit l’accès à cette ressource était rendu difficile et cela me semblait en contradiction directe avec les principes affichés, a fortiori quand on le compare avec l’accessibilité des restitutions du DU.

La question de la redistribution

« Est-ce que tu peux vraiment dire à quelqu’un : ‘Tu mets ça en Creative Commons ?’ Dans l’absolu s’ils décident de ne pas le faire, ils ne jouent pas le jeu, ben c’est tout. Les contraindre ça crée une frustration. »

Une autre ambiguïté était celle du type de contribution qui rentre dans la logique Creative Commons, par opposition à d’autres formes de licences. Ainsi, les personnes qui passent beaucoup de temps à travailler sur un outil trouvent manifestement injuste que l’on en transfère automatiquement la propriété aux biens communs, sans contrepartie. Par ailleurs, quelqu’un qui fournit un effort en R&D non facturé peut se retrouver individuellement lésé si d’autres l’utilisent ensuite chez les clients, bien qu’il ait participé à l’accroissement de la richesse collective.

On peut je crois distinguer deux niveaux de communs : les communs internes (produits labellisés qui peuvent être une source de revenus) et les communs externes (mis à disposition gratuitement sous licence Creative Commons). La mise à disposition gratuite d’outils n’est pas un problème en soi, comme l’ont montré l’expérience du logiciel libre ou celle du Business Model Canvas. La question est plutôt celle de la répartition de la richesse engendrée, d’une part entre les contributeurs, et d’autre part entre contributeurs et non-contributeurs.

Ce problème n’est pas une préoccupation du DipCo, qui ne produit pas de richesse monétaire et n’a donc pas à se soucier de sa redistribution. Mais il me semble essentiel pour un collectif à vocation commerciale de s’efforcer d’être hyper-explicite sur les sujets de propriété intellectuelle.

« Il y a un enjeu dans l’articulation entre le côté association pour transformer le monde et le côté entreprise commerciale. Le « et » macronien permet de s’en sortir mais la synthèse se fait dans la douleur. »

Le risque en restant dans l’ambigüité est de voir les membres développer le goût du secret pour protéger leurs arrières : ne plus partager ses idées de peur qu’une trouvaille personnelle ne soit collectivisée, ou qu’un outil qui constitue un avantage compétitif ne soit récupéré par la concurrence. Sur ces sujets, je pense qu’il vaut mieux avoir des ambitions modestes exécutées avec rigueur que des visions grandioses qui ne sont pas appliquées.

« On n’arrive pas à mettre en commun nos canevas, c’est aussi parce que le temps qu’on y passe n’est pas facturé. »

En tant que résidente, n’étant pas impliquée dans les décisions budgétaires ou les cercles concernés, je n’avais des débats internes que des informations de seconde main. J’avais toutefois besoin de me forger une opinion en tant que potentielle future membre : quelles seraient réellement mes activités ? Quelles seraient mes sources de revenu ? Que deviendrait ma production ? Quels efforts devrais-je fournir, et dans quelles directions ?

J’imaginai alors la répartition de l’effort demandé sur deux axes :

Estimation de la répartition de mon effort dans le collectif

Suite à mes échanges avec les membres, il m’apparaissait que ma principale source de revenu proviendrait de la contribution aux sessions, à travers des unités de valeur appelées « staffing » ou « rotation ». Les staffings et rotations étant inégalement distribuées et sans garantie, en vertu du principe de liberté et de l’éthique de responsabilité, je constatai que certains membres avaient moins de revenus que d’autres. J’en conclus qu’il me faudrait consacrer un temps significatif à chercher, sécuriser et effectuer des rotations.

Je remarquai également que personne n’avait de vision claire et alignée sur les activités tournées vers l’interne qui devraient être rémunérées par le collectif, un domaine qui au final m’intéressait plus que les activités tournées vers l’externe.

« On est des chercheurs ici. Je voudrais arriver à lancer une réflexion pour valoriser de manière monétaire la recherche. »

Dans les faits seules deux personnes, pour la gestion de la SAS et l’entretien des locaux, étaient salariées. Il était parfois question de rémunérer la R&D. Ces sujets étaient loin d’être tranchés et ne me semblaient pas prioritaires pour le collectif.

La rançon de la peur

« Quand tu parles de l’intérêt général, c’est une forme despotique : tu prives de liberté chaque individu. Ce que tu penses être un bien commun est en fait une sorte de dictature. »

Les dissonances commençaient à peser sur le moral de certains membres. L’incertitude sur les sujets de fond créait du stress, un stress qui n’est pas l’adrénaline d’un projet stimulant mais bien le signe d’une inhibition de l’action ; la réaction d’une créature placée en face d’une injonction paradoxale.

« J’ai du mal à savoir où on sera dans 6 mois. Depuis 2 mois je me dis qu’on n’a pas de stratégie et on va finir par en crever. »

Cela était dû, j’imagine, au fait que certains membres craignaient que le collectif n’évolue pas dans la direction qu’ils/elles souhaitent, ce qui les aurait mis en porte-à-faux par rapport à leurs valeurs ou à leurs aspirations profondes.

« Y a des endroits où ne va pas car c’est trop difficile émotionnellement. »

Les discussions récentes sur l’accroissement de la taille du collectif [aujourd’hui limité à 50 personnes] et l’arrivée des nouveaux membres semblaient aussi avoir été douloureuses pour beaucoup. Des blessures qui n’avaient pas été suffisamment soignées et donnaient lieu à des logiques d’évitement.

« Il faut ouvrir les barrières de l’intérieur qui fait peur. »

J’ai observé aussi des oppositions de principe qui se figeaient dans certains débats comme ceux mentionnés plus haut et qui risquaient de s’incarner dans des idées ou, si l’on n’y prenait pas garde, dans des dogmatismes qui deviendraient des guerres de tranchées ou des conflits de personnes.

Ce problème de dissonance me semble particulièrement important à affronter car ces logiques de survies créent des simplifications, où petit à petit on commence à percevoir les sujets comme polarisants.

« J’ai une inquiétude sur le fait qu’on dépend les uns des autres. On est interdépendants et en même temps on n’est pas synchronisés. »

La divergence de vision finit par se voir dans le glissement vers des conflits de pouvoir. Des hiérarchies se créent alors de manière insidieuse pour la prédominance d’une faction sur une autre, processus exactement inverse aux ambitions de la gouvernance participative.

Voici quelques exemples d’oppositions que j’ai identifiées dans les entretiens que j’ai menés:

Conseil ———————————– Facilitation
Temporaire ———————————– Permanent
Commercial ———————————– Humanitaire
Contenu ———————————– Coaching
Dépendant ———————————– Indépendant
Liberté ———————————– Engagement
Responsabilité ———————————– Passivité ?

Des contraires que tout semble opposer…

La tentation des solutions

Laloux a bien montré je crois la nécessité des hiérarchies d’actualisation, basées sur les compétences, dans un organisme évolutif. Lors de la prise de décision, il est préférable que la voix d’une personne compétente sur un sujet soit plus écoutée qu’une autre.

« Il y a des personnes qui ont des visions et des intentions très différentes. »

Il faut en revanche se prémunir à tout prix contre les hiérarchies de dominance, où l’on cherche à accroitre son contrôle en créant des zones de rareté artificielles dans l’information afin de s’arroger un monopole sur des zones d’incertitudes. Les hiérarchies de dominance sont basées sur la peur, alors que les hiérarchies d’actualisation sont basées sur le respect.

« Les bases ne sont pas solides. Il n’y a pas une vision partagée. Tant que le business marche ça va… »

C’est pour cette raison que je suis une ardente avocate du travail sur les processus. La mise en place de certaines procédures, en particulier de rituels réflexifs, est une tâche de maintenance indispensable à l’homéostasie de l’organisme. Toutefois j’entends ceux qui disent que trop de règles ou des processus basés sur la peur sont contre-productifs.

« Jusqu’où on est expérimentaux au point de pouvoir arrêter l’expérience demain? »

Il pourrait être judicieux de s’interroger sur la redistribution des ressources à destination de certaines fonctions d’écologie interne. Le jardin n’a pas seulement besoin d’une belle intention : il lui faut de l’air, de l’eau, du soleil, et aussi plein de petites bêtes qui le traversent, et puis l’amour récurrent du jardinier. De quoi Codesign-it a-t-il besoin pour bien pousser ?

En tant que lieu, le 10-12co joue bien son rôle pour créer la rencontre dans l’espace physique. Je me demande en revanche si le collectif porte suffisamment de soin à la rencontre dans l’espace psychique. Au niveau émotionnel d’abord : il ne faut pas sous-estimer l’importance dans une organisation des personnes qui « font le lien ». Au niveau mental ensuite : certains processus bien conçus pourraient permettre minimiser le temps passé sur des tâches sans valeur ajoutée et sur des problèmes récurrents.

La cuisine du 10co (septembre 2017)

 

« C’est bien de se voir sur des choses informelles et pas que sur les tensions ‘est-ce que je vais être staffé ou pas staffé ?’ »

Les équipes auto-organisées sont souvent soutenues par un rôle en charge de son bien-être, tel que le coach d’équipe, ou garant des processus, tel le Scrum Master. Son but est de s’assurer que le groupe a les ressources pour fonctionner et de sentir les déséquilibres avant qu’ils ne deviennent dangereux. Ce genre de rôle pourrait très bien être occupé par des membres rémunérés, éventuellement de façon tournante.

There and back again

En écrivant ces lignes je me rends compte bien sûr que c’est le rôle que j’ai commencé à prendre… c’est une vielle habitude…

J’ai intégré toutes ces problèmes qui m’ont été transmis, j’ai commencé à les disséquer, à les analyser, à proposer des diagnostics et des solutions, même si on ne m’en a pas donné le mandat. Alors je me dis que le but de ce chapitre était simplement d’en arriver là, et de voir cela.

Ce n’est certainement pas à moi de résoudre ces problèmes, à peine peut-être de les nommer. Je n’ai aucun doute sur le fait que les membres de Codesign-it sont capables de s’auto-organiser. Le seul honneur qui pourrait m’être fait est que des bribes de ces idées finissent un jour sur un tableau blanc, contemplées, améliorées et vite effacées.

J’ai fini par lâcher prise, sur ce rôle, sur ces envies de résoudre les problèmes des autres pour ne pas avoir à me préoccuper des miens. En m’éloignant j’ai vu que je partais à regret, tant il est difficile de quitter un si bel objet, et encore plus tous ceux qui l’ont créé.

Instructions : « Ne tombez pas amoureux de vos idées. »

Puis j’ai vu les orbites d’autres tribus se synchroniser. Les voix des codeurs résonnent, ils ne savent pas toujours collaborer… Les game designers s’agitent dans leurs rêves éveillés… L’armée des geeks débarque et il y a tant de jeux à inventer.

Avec la distance je vois d’autres contours, des récurrences et des divergences. Puissent nos mondes continuer à dialoguer pour cross-fertiliser nos cultures respectives.

De ce rapport imparfait et déjà obsolète, j’espère surtout qu’on retiendra que c’est une preuve d’amour.

Chapitre Quatrième

Où l’éloignement permet un rapprochement et vice-versa

“La seule solution qui paraisse applicable consiste à retrouver le comportement des origines, c’est-à-dire à faire coïncider la finalité individuelle à celle du groupe. Mais ce groupe s’est élargi aujourd’hui à l’échelle de la planète et se nomme l’espèce.”

– Henri Laborit

Un organisme en quête de son ADN

Parmi les ambivalences qui survivent bien en petit comité, l’incertitude au sujet du but est probablement celle qui résiste le moins à l’accroissement de la taille.

« Il y a eu un changement de structure où le noyau a explosé et englobé tous les éléments qui étaient autour. »

Les nouveaux venus pressent de questions l’organisme, leurs « pourquoi ? » et leurs envies nouvelles forçant les plus anciens à constater les endroits où ils manquaient de vision.

Le collectif a commencé à s’interroger fortement sur sa stratégie et sur sa vision. Il ne pourra pas faire l’économie je pense de cette réflexion, s’il veut éviter de se retrouver bloqué dans des boucles sans fin sur les décisions importantes, incapable de savoir sur quels critères trancher.

« Je ne suis pas dans la recherche permanente du renouvellement. Je veux trouver des trucs qui marchent. »

Le temps est venu de la réflexion sur la force qui meut l’organisme, sur ce qui le pousse à développer certains traits plutôt que d’autres et sur ce qui maintient l’intégrité de sa structure, en d’autres termes, son ADN. Une réflexion sur sa raison d’être, d’où devraient émerger les grands principes qui permettront d’orienter son action.

Bien que ce temps de réflexion soit, j’imagine, un moment un peu pénible, il permettra in fine d’accroitre la liberté d’action de chacun en clarifiant ce qui est du ressort du collectif et ce qui ne l’est pas. Il permettra aussi d’ouvrir un peu un organisme qui je trouve manque nettement de diversité, avec de futures recrues qui le rejoindront plus sur des critères de purpose et moins sur la base des affinités personnelles ou des origines sociales.

« On est très consanguins chez Codesign-it, on ne prend pas beaucoup de risques. »

Toutes les tendances sont utiles, j’en suis persuadée, pour former un collectif. On a besoin des progressistes et des conservateurs, des audacieux et des prudents, des individualistes et des altruistes, des introvertis et des extravertis, des poètes et des scientifiques, des dingues et des sages, de toutes ces tendances qui cohabitent d’ailleurs en chacun de nous.

On a besoin de toute la richesse qui fait la complexité des humains. La seule tendance à exclure c’est celle du sabotage, même s’il est fait sans intention de nuire. Mais invariablement le sabotage se produira si des personnes ne sont pas à leur place, et cela, elles ne peuvent pas le savoir si le collectif n’est pas clair dans ses intentions.

Aussi la seule opposition qui me semble fertile est-elle celle de l’intégrité : qu’est-ce qui est dedans, qu’est-ce qui est dehors ? Encore n’est-elle valide qu’en tant qu’elle est toujours relative, fluctuante, à questionner.

Pour le reste, l’ADN permettra d’intégrer les opposés car il naît des contraires qu’il met en mouvement. L’équilibre dynamique vient de l’alternance entre les pôles et l’un ne peut exister sans l’autre ; le féminin et le masculin, le noir et le blanc, le positif et le négatif, la peur et l’amour, la vie et la mort.

« On tendrait vers une association entre des contenus, de la méthodo, et du coaching. Un triangle consultant-facilitateur-coach. »

En appliquant ses propres méthodes d’intelligence collective à la question de son but, Codesign-it pourra dépasser les oppositions de principe pour trouver son équilibre dynamique et tirer le meilleur de tous ses métiers et de chaque personne qui le compose.

Le retour aux sources

Nombreux sont ceux qui dans mes entretiens mentionnaient la diversité de métiers au sein du collectif. Personnellement je trouvais cela un peu surprenant car Codesign-it ne m’avait pas semblé si hétérogène que cela dans sa composition – surtout venant de l’industrie du jeu vidéo et de ses spécialistes en tous genres.

« J’ai eu du mal à vraiment saisir tous les tenants et les aboutissants du collectif. Il y a mille expériences selon les personnes du collectif. »

Tout est relatif. Si les membres percevaient cette diversité, c’était certainement par rapport à un état antérieur de leur propre expérience.

Fin mai 2018, de passage au 10co, je me trouvai attirée dans une session de l’Acodémie dont l’ambition était de donner une vue d’ensemble des philosophies, principes et outils utilisés chez Codesign-it. Comme à son habitude, l’Acodémie était facilitée par des non-experts qui avaient mené une recherche et des entretiens sur le sujet.

En autres choses, je découvris pour la première fois les axiomes de MGTaylor – une sacrée révélation.

Je n’étais pas la seule dans ce cas et il me semble que dans l’héritage de l’ASE, ce savoir-là mériterait d’être formellement transmis.

MG Taylor Axioms

 

Visioning, learning and planning:

1.     The future is rational only in hindsight.

2.     You can’t get there from here, but you can get here from there.

3.     Discovering you don’t know something is the first step to knowing it.

 

Mechanics of how people should and shouldn’t share their experience as they collaborate:

4.     Everything that someone tells you is true. They are reporting their experience of reality.

5.     To argue with someone else’s experience is a waste of time.

6.     To add someone’s experience to your experience – to create a new experience – is possibly valuable

 

Engineering and solving the problems created by the first three axioms:

7.     The only valid test of an idea, concept or theory is what it enables you to do.

8.     You understand the instructions only after you have assembled the red wagon.

9.     If you can’t have fun with the problem, you will never solve it.

 

Universal principles of creativity:

10.  Every individual in this room already possesses the answer. The purpose of this intensive interaction is to stimulate one, several, or all of us to remember and extract what we already know.

11.  Creativity is the process of eliminating options.

12.  In every adverse condition, there are hundreds of good solutions.

 

Cycles of success and failure:

13.  You fail until you succeed.

14.  Nothing fails like success.

Dans The Lean Startup, Eric Ries donne plusieurs exemples d’utilisation des « 5 whys » et il en ressort que la plupart des erreurs individuelles sont le résultat d’un déficit de formation ou d’intégration. Les plus anciens vont fonctionner de manière optimale sur certains processus, selon des principes qu’ils considèrent comme évidents, et les nouveaux venus vont petit-à-petit boucher les trous de leur ignorance en rationalisant des solutions bancales.

« On part du principe que tu sais. Il y a des bonnes âmes pour t’expliquer, mais il faut demander. »

C’est quand la machine déraille qu’on se rend compte qu’une procédure n’avait pas été explicitée ou que la dernière recrue n’avait pas été formée sur les standards de qualité.

Rien ne va de soi dans vos pratiques et dans votre métier.

Instructions : Bonnes pratiques congruentes de la facilitation graphique

Dépasser le binaire

L’opposition que j’ai entendue entre entreprise commerciale et volonté de transformer le monde, j’avoue que je ne la comprends pas vraiment. Je vois bien une différence entre l’activité commerciale chez les clients et une activité non-commerciale dans le DipCo, mais pour moi l’idée qu’une entreprise puisse faire l’économie d’une réflexion sur son impact sur le monde est complètement dépassée.

« On essaie de changer là où on peut, par petites touches. »

Chacune de nos décisions, que ce soit à titre personnel ou au niveau professionnel, a le pouvoir d’améliorer les choses ou de les empirer. On ne peut plus, on ne veut plus mettre nos vies dans des boîtes séparées.

Alors c’est vrai, il n’est pas toujours facile d’arbitrer. Mais l’ancrage dans la réalité économique n’empêche pas d’apporter aussi des bénéfices directs et indirects à la société. Pour avoir travaillé sur des business models d’entreprises sociales, je pense même à l’inverse que cette réflexion est une formidable opportunité pour innover.

« Le modèle capitalistique de l’ego fou a apporté énormément de croissance et de progrès, mais maintenant on n’a plus besoin de ça. »

Autant se prendre à rêver qu’on peut résoudre plusieurs problèmes au lieu d’un, mais sans doute faut-il rêver aussi comme un jardinier. Rêver son verger dans 20 ans, enrichir la terre au jour le jour et se lever chaque matin avec la surprise de ce que les saisons vont apporter.

Quelle que soit la direction choisie et les différentes boutures et tendances qui pousseront à partir de ce collectif, son existence-même est déjà une étape considérable dans la fertilisation de la pensée.

Toute vie est résolution de problèmes

Dans la bibliothèque participative du 10co, j’ai trouvé un petit recueil de conférences de Karl Popper intitulé Toute vie est résolution de problèmes. Il y présente ce qu’il appelle son « schéma à 3 niveaux », qui décrit à la fois les comportements biologiques, la théorie évolutionniste et la démarche scientifique :

  1. le problème ;
  2. les essais de solution ;
  3. l’élimination.

Poppers explique que l’adaptation d’une espèce se produit lorsque survient un problème, c’est-à-dire un changement dans son environnement interne ou externe, qui la pousse à changer sa structure génétique. La démarche scientifique reproduit à peu de chose près ce processus, avec une spécificité qui est l’utilisation de l’esprit critique dans l’élimination des solutions.

Bibliothèque participative au 10co (mars 2018)

Il y a un niveau plus intéressant encore que celui du choix des solutions : celui du choix des problèmes. C’est à ce niveau-ci que ce situe je pense l’apport inestimable du design, puisque celui-ci cherche à résoudre des problèmes qui n’ont pas encore été identifiés par les personnes qui y sont confrontées.

Mais c’est aussi la manière dont le design identifie ces problèmes qui est essentielle. Le design « crée » des problèmes en entrant en empathie avec l’utilisateur-cible.

Si la démarche scientifique est la suite logique de l’évolution, alors le design entraîne un changement de paradigme avec le passage à l’évolution choisie.

« On est une des tentatives de la vie de progresser vers quelque chose de plus juste. »

Il convient toutefois rester modeste dans notre acceptation de la notion de « choix ». Plus la recherche en neurosciences avance, et plus elle nous montre que les processus conscients ne représentent qu’une infime partie des informations traitées par notre système nerveux.

Nous avons beaucoup moins de contrôle sur nos décisions que nous ne nous plaisons à le croire. Et cependant il y a une ressources que nous possédons en quantité limitée car elle fonctionne chez nous de manière linéaire : le temps d’attention. Aussi la principale décision qui nous incombe est-elle de choisir sur quoi porter notre attention.

Zoom sur la cuisine du 10co (septembre 2017)

Les chaussures du cordonnier

Pourquoi porter son attention sur les entreprises et sur les organisations ?

Les cadres et leur réunionite, les travailleurs robotisés, les bullshit jobs, les services outsourcés au bout du monde, les organisations en perpétuelle réorganisation… le monde du travail frôle parfois l’absurde et on a du mal à se dire que c’est là que se joue l’avenir de l’humanité.

Pourtant peu de sujets méritent autant notre attention que celui de ces agencements particuliers et des principes qui les gouvernent. Non seulement parce que nous y passons une part considérable de notre temps, mais aussi parce qu’il sont soumis sans relâche aux coups de boutoir du principe de réalité.

L’entreprise est l’espace où s’organisent de façon visibles les hiérarchies et c’est par cette coopétition (relativement) pacifique que l’évolution teste ses prochains embranchements. C’est un endroit où s’actualisent les ambitions, où l’individu et le groupe confrontent leurs visions et les mettent à l’épreuve de l’action.

« Comment on invente un monde qui ne meurt pas dans le réchauffement climatique? Comment on invente des orgas qui ne broient pas les individus? »

Malgré tous les bienfaits qu’elle a amenés, la modernité a laissé dans son sillage des dommages colossaux. Dommages humains, sociétaux, écologiques, qui sont en train de nous rattraper et qu’on ne peut plus ignorer. L’entreprise industrielle a beaucoup de défauts. Elle a toutefois un mérite, qui contribuera peut-être à nous sauver : elle a inventé l’innovation.

Je pense avec Michael Schrage que le produit le plus important de l’innovation, c’est l’innovateur. Or à présent que le numérique exige d’innover fréquemment sur les usages pour ne pas se retrouver dépassé, tout le monde se met au design pour identifier avant les autres les problèmes qui ne sont pas encore nommés.

Le design thinking se diffuse et déploie avec lui ses principes vitaux : empathie, suspension du jugement, tests. Problèmes, essais, éliminations. De plus en plus vite, de plus en plus profond.

« J’ai envie qu’on fonctionne de façon plus collective. Si on prend ce sujet-là, on peut faire des étincelles. »

En parallèle, le design se penche sur les processus et sur les organisations, creuse encore, cherche les fonctions latentes et produit des milliers de prototypes d’évolution collective.

Puis le design se penche sur lui-même, devient méta, problèmes-essais-éliminations, et alors le design invente le codesign. L’évolution collective choisie.

S’il y a bien une chose qui me semble être un besoin impérieux aujourd’hui, c’est de diffuser les pratiques de design.

« Quand je forme des gens avec qui je veux travailler, la première valeur dont je leur parle c’est l’amour. »

La diffusion du game design m’importe particulièrement bien sûr car dans sa quête du fun le game design a mis à jour et explicité certaines vérités fondamentales. « Fun is just another word for learning », écrivait Raph Koster. Le game design a aussi son rôle à jouer.

Le codesign c’est encore autre chose. C’est, si je puis dire, la prochaine étape.

« Chacun des membres est une particule folle qui bouge dans un espace qui crée des interactions, des connexions, chaque choc c’est un nouveau élément qui se crée. Ça chauffe, ça chauffe comme un big bang. »

Avec toutes les frayeurs que l’on se fait sur l’IA, tantôt Némésis, tantôt Salvatrice, on en oublierait presque les milliards d’ordinateurs quantiques qu’on vient tout juste de connecter au réseau. Sept milliards de cerveaux et potentiellement dans les mains de chacun un canal branché sur le savoir de l’humanité, en accès direct avec droits d’administrateur. Ça y est, on y est, on a les outils des dieux, et maintenant qu’est-ce qu’on en fait ?

On a intérêt à savoir collaborer…

L’expérience du codesign est particulière. Elle nous permet d’accéder collectivement aux fonctions non-conscientes de notre cerveau. Et dans l’espace intersubjectif où se synchronisent nos inconscients se produit un saut quantique. L’impossible devient possible.

Sauter dans le vide quantique

Tous les membres du collectif seront d’accord avec moi je pense pour dire que le codesign est important.

« On est un collectif de cordonniers mal chaussés. On pourrait quand même se faire des belles godasses. »

Pourtant dans les commentaires que les membres faisaient sur leur identité et sur leur mission, c’est un concept qui brillait par son absence.

« Dans un cadre où on est interdépendants et où on n’a pas de contraintes, on n’a plus de sponsor. »

Je me demandai pourquoi tant de personnes parlaient de conseil, de facilitation, de coaching, de collaboratif, d’innovation, et si peu de « codesign ».

Alors je me rappelai cette journée au DipCo, en août 2016. La restitution, ma peur des mots.

Et si…

Se pourrait-il que ce collectif ait peur de son propre pouvoir ?

Il y a un passage que j’aime beaucoup au début du livre de Jesse Shell « The Art of Game Design ». Je ne résiste pas au plaisir de le retranscrire dans sa version originale :

Magic Words

 

Would-be designers often ask me, “How do you become a game designer?” And the answer is easy: “Design games. Start now! Don’t wait! Don’t even finish this conversation! Just start designing! Go! Now!”

And some of them do just that. But many have a crisis of confidence, and feel stuck in a catch-22: If only game designers can design games, and you can only become a game designer by designing games, how can anyone ever get started? If this is how you feel, the answer is easy. Just say these magic words:

I am a game designer

I’m serious. Say them out loud, right now. Don’t be shy — there’s no one here but us.

Did you do it? If so, congratulations. You are now a game designer. You might feel, at this moment, that you aren’t really a game designer yet, but that you’re just pretending to be one. And that’s fine, because as we’ll explore later, people become what they pretend to be. Just go on pretending, doing the things you think a game designer would do, and before long, to your surprise, you will find you are one. If your confidence wavers, just repeat the magic words again: I am a game designer. Sometimes, I repeat them like this:

Who are you?
I am a game designer.

No, you’re not.
I am a game designer.

What kind of a designer?
I am a game designer.

You mean you play games.
I am a game designer.

Cela fait des années que je travaille sur des jeux, et pourtant il y a toujours une partie de moi qui a besoin de revenir régulièrement à ce mantra. Peut-être ce type d’exercice pourrait-il se révéler utile pour les membres du collectif… Dans tous les cas ça ne peut pas faire de mal…

Alors allons-y, répétons à haute voix :

Je suis codesigner
Je suis codesigner
Je suis codesigner
Je suis codesigner…

Conclusion

Il ne faut pas tomber amoureux de ses idées, c’est une devise bien connue des designers. On l’apprenait aux étudiants de première année quand j’enseignais le game design en université. On leur disait aussi : « la première chose qui va s’effondrer dans ce prototype, c’est votre ego. »

Il ne faut pas tomber amoureux de ses idées, mais il faut tout de même savoir en quoi on croit. Depuis que j’ai entamé ma réflexion sur la vie et le jeu, j’ai appris à me méfier des instructions. Très peu d’instructions sont capables de rester valides sur la durée sans porter en germe leur propre destruction. Si la vie est un jeu, je n’ai pour l’instant trouvé qu’une seule instruction perpétuellement valide : « régénère ! ».

Régénérer c’est bien tout l’enjeu, je crois, de l’incroyable époque où nous vivons. Dans les écoles, dans les entreprises, dans les tiers-lieux, dans les familles, dans les communautés en ligne et dans toutes les sociétés à travers le monde, la vie est en train d’apprendre la régénération collective de la conscience. Son processus de soin au niveau méta. La cicatrisation volontaire.

On a beaucoup à faire. Tant d’instructions incorrectes qui restent gravées, tant de disparités, tant souffrances qui se perpétuent encore. Ces vieux schémas ce n’est la faute de personne, on ne pouvait pas faire autrement. Il faisait froid et la nature était peuplée de bêtes sauvages. On a dû prendre leurs moyens de subsistance à d’autres humains, on a dû les tuer, parce qu’il fallait bien survivre. On a mémorisé ces schémas de survie et on a les a transmis de génération en génération. L’Homme est un loup pour l’Homme. C’est eux ou nous.

Et puis on a inventé Internet.

Enfin notre espèce s’est tendu un miroir pour elle-même. C’est vrai, il n’est pas toujours très flatteur. On sort un peu chamboulés de la poussée d’hormones qui nous a permis de nous extraire de la survie et de jouir du confort moderne. On a encore beaucoup de chemin à faire. On arrive au terme de ce long tutoriel qui nous a amenés de la première étincelle de conscience à l’invention du web, au travers de millions d’années d’une odyssée bipédique.

On commence à comprendre que personne ne viendra nous sauver et qu’il faut qu’on s’en sorte tous seuls. Mais ce n’est pas grave. On est adultes maintenant. On a en nous toutes les ressources dont on a besoin, tout le potentiel est là.

On a juste besoin d’apprendre quelques principes pour mieux collaborer et quelques règles pour rédiger de meilleures consignes.

Et alors que je m’amusais dans mes réflexions sur les instructions, d’un coup, cette réalisation.

Tout y est, le verbe, l’impératif, le point d’exclamation… L’autoporteur ultime… L’ADN inscrit dans l’instruction…

« Codesign it ! »

Ils sont forts quand même.

Don’t fall in love with your ideas, c’est sûr, c’est un bon conseil pour les débutants. Mais ces gens-là que j’ai côtoyés ont fait leur éducation sentimentale. Ils sont capables de distinguer l’amour de l’attachement. Ils ont bien plus de bouteille que moi. Ils n’ont pas besoin qu’on leur dise quoi faire. Même si dans l’insolence de ma relative jeunesse, je ne peux pas m’en empêcher. Ils en feront bien ce qu’ils veulent.

Pour moi ce moment partagé s’arrête mais j’espère bien que pour beaucoup d’autres il va continuer, parce que je préfère un monde où il y a ce collectif-là.

Puisqu’il faut, selon le bon mot de Laborit, vivre avec le modèle et mourir pour l’œuvre, à ces démiurges dépassés par leur création j’ai envie de dire :

Fall in love
Ride on the dream
Go all the way
Then let it go
And start over

Vas-y Codesign-it, fais-toi des bottes de sept lieues. Jette-toi dans le vide. Fais-nous rêver.

Ta sponsor inconditionnelle,

C.

Epilogue

« Et si la vie était un jeu ? »
Cette question, je l’ai prise très au sérieux
Quel en serait le but ? Comment y jouer ?

J’ai commencé par le play-tester
Puis je l’ai nommé : The Endgame
(C’est une histoire en anglais)

Et dès que je l’ai prononcé, j’ai vu ce sentier déjà balisé
Chaque époque a ses pionniers

C’est un jeu de regards
Observer la nature en chacun de nous, elle sait déjà tout

Je ne sais pas ce qu’on va y trouver
Mais je crois que la musique est la clé

Les contours de l’ennemi se dessinent

Les Toltèques l’appelaient le Parasite
Par-delà le temps et l’espace, ils nous ont envoyé des instructions
Je les entends répétées dans les cafés, dans la rue, n’importe où
Elles tournent et tournent comme un virus
« Que votre parole soit impeccable, n’en faites pas une affaire personnelle, ne faites pas de suppositions, faites toujours de votre mieux »

J’ai vu le Parasite dans l’esprit de sérieux
L’ennemi se loge dans la culpabilité
J’avais honte de m’amuser
« Il faut être grave car le monde va mal.
Il y a de vrais problèmes. Il faut éviter le divertissement.
Il faut faire des efforts. »
S’efforcer, mais ne pas regarder
Ce n’était pas la vérité

Le fun est le cadeau que la nature nous a fait
Des milliards d’années pour nous offrir
Le plaisir de créer et de résoudre des problèmes, à l’infini

Ce jeu est un jeu de game design

Le fun est notre responsabilité

The real game starts at the Endgame


Texte proposé par Coline Pannier, game designer, enseignante, partenaire et ex-résidente du Collectif Codesign-it!

Licence Creative Commons Cette œuvre de Codesign-it! et Coline Pannier est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

Exceptions :

“ASE : cultiver l’intelligence collective” Copyright © 2018, Capgemini. All rights reserved

“MG Taylor Axioms” Copyright © 1996 – 2000, MG Taylor Corporation. All rights reserved

“Magic Words” by Jesse Shell Copyright © 2008, Elsevier Inc. All rights reserved

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Digital collaboratif : une solution, pas un gadget http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/digital-collaboratif-une-solution-pas-un-gadget/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/digital-collaboratif-une-solution-pas-un-gadget/#comments Tue, 03 Apr 2018 19:48:12 +0000 http://codesign-it.com/?p=1689 [...]]]>

Facilitation Graphique par Frédéric DEBAILLEUL

Lors de cette session, Romain DAVID est venu nous présenter l’activité de son entreprise WISEMBLY ainsi que son histoire.

Au travers de son récit, Romain nous a partagé les pivots qu’ils avaient pu réaliser avec ces co-fondateurs.

Cette start-up est née d’une idée d’un groupe d’amis en école de commerce. Ils ont créé une application sous le nom de Balloon qui a été utilisée in fine d’une autre manière par leurs utilisateurs.

L’idée initiale était de créer un réseau social géolocalisé notamment pour les soirées étudiantes. Balloon est devenu un outil d’aide à l’organisation de conférence avec la possibilité de les rendre interactives.

Aujourd’hui après plusieurs pivots, Wisembly est une application qui permet d’améliorer la gestion des réunions en redonnant le contrôle aux collaborateurs.

Ce récit nous a donné deux enseignements immédiats qui sont :

1 – Le fait de tester une idée permet d’observer le comportement des utilisateurs pour créer,
2 – Les entrepreneurs ont cette capacité à prendre des risques et à trouver l’opportunité qui crée de la valeur pour un utilisateur.

Au sein de DU nous fonctionnons suivant une boucle de Pédagogie Inversée. Après chaque intervention, nous problématisons en sous-groupe sur le sujet, nous cherchons une tentative de réponse et nous la formulons. Nous obtenons un Feedback et nous terminons par une phase de réflexivité. Cette étape nous permet d’ancrer notre apprentissage.

Cette session de travail collaborative a particulièrement mis en valeur le codesign. Romain DAVID nous a partagé son expérience. Les groupes se sont formés. Ils ont tous travaillé de manière individuelle avec des angles différents sans se coordonner ou « se passer le mot ».

Les modes de pensée des entreprises demandent souvent tout gérer, paramétrer, préparer pour que les personnes soient efficaces ! Il ne faut pas perdre de temps ! il faut être concret ! Cette demande de contrôle nous encombre de détails qui flouent notre pensée et nous empêchent de réfléchir au vrai sujet. Nous devons nous déconditionner pour laisser une place suffisante pour poser le problème.

Modèle de cadrage

Or, en faisant cela nous risquons de nuire à la motivation des équipes, à la recherche du sujet qui peut intéresser chaque individu, d’avoir la liberté de choisir un angle d’approche d’un sujet.

Le D.U permet de montrer, via l’expérimentation qui y est menée, que la capacité d’un groupe à résoudre un problème est liée à plusieurs facteurs. Après avoir posé la problématique, il chemine ensuite au travers du modèle de cadrage (illustration ci-contre) afin de définir son fonctionnement.

Lors de cette session chaque sous-groupe a donc pris un angle différent.

La diversité des groupes et la motivation liée à la capacité à choisir en autonomie les objectifs, le process et les next steps ont crée en une matinée un feedback riche pour Romain DAVID.

 

5 problématiques en lien avec l’histoire de Wisembly ont été choisies. Elles sont décrites ci-dessous :

Facilitation Graphique par Evy Raelison

En seulement 4 heures, les résultats nous enseignent que trois composantes essentielles ressortent, par rapport aux modes de management classique. :

  • La formulation d’hypothèses
  • La diversité des groupes
  • La liberté de choix

Dans notre groupe, nous avons travaillé sur les pivots réalisés par Romain et ses co-fondateurs. Notre problématique était la suivante :

Il est difficile de trouver le bon moment du pivot parce que :

– Il faut (re)prendre des risques,
– la concurrence est forte,
– cela exige de reconstruire un écosystème,
– cela demande de changer alors que ça marche.

Après avoir tenté de traiter la question, nous avons interviewé Romain pour valider ou infirmer nos hypothèses.

Romain et ses co-fondateurs ont réalisé 3 pivots majeurs en 6 ans. Nous avons essayé d’identifier quels étaient leurs ingrédients pour réussir. Il y a une certaine forme de récursivité dans leur capacité collective à rebondir régulièrement avec en plus à chaque fois un effet d’échelle intéressant.

En conclusion, cela m’inspire l’hypothèse suivante : la capacité qu’à une entreprise à réussir tient aussi sur sa capacité à créer un jeu d’équipe qui fonctionne en autonomie et capable de pivoter naturellement pour un but qui lui est propre. Pour Romain et ses amis, leurs drivers étaient l’adrénaline, le challenge et la singularité et non pas de créer la meilleure application. Vive le Why ! Vive le codesign !

 


Merci à Romain DAVID pour son intervention !

Merci aussi à Léo Veyrier pour l’inspiration !

Restitution proposée par Edouard CAZAMAJOUR, participant du Diplôme Universitaire Codesign.

Licence Creative Commons Cette œuvre de Codesign-it! est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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Codesign et science citoyenne, un délicat mélange http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/codesign-et-science-citoyenne-un-delicat-melange/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/codesign-et-science-citoyenne-un-delicat-melange/#respond Tue, 03 Apr 2018 18:54:37 +0000 http://codesign-it.com/?p=1682 [...]]]> Doing It Together Science (DITOs) est un vaste projet visant à augmenter la participation du public et des responsables politiques dans la recherche et l’innovation scientifique à travers l’Europe.

Lors de sa présentation Imane Baïz, qui fait partie du CRI (Centre de Recherches Interdisciplinaires) pour manager le projet DITOs, nous a permis d’aborder la complexité du sujet et de ressentir l’organisation titanesque que cela représente. Une des intentions fortes exprimée est celle de passer d’un citoyen passif à un citoyen actif dans son environnement. Le champ d’action allant au-delà des sciences participatives, comprenant le Do-It-Yourself sur le thème du biodesign.

Au travers du partage d’enseignements de cette session pour le D.U. Codesign, j’ai regardé avec curiosité ce que le mélange a pu générer, me demandant ce que le codesign peut apporter pour œuvrer dans le sens de cette intention.

Tel un plat de spaghetti…

Une image que nous avons fait émerger est celle d’un gros plat de spaghettis. C’est pour autant le propre d’une situation complexe, et du codesign de s’y atteler collectivement.

DITO(s) cherche à rendre le citoyen actif, de par le développement d’un esprit critique de la science, et la réalisation d’actions concrète, le DoIT (Do-It-Together), et chercher à poser les fondements institutionnelles à la science participative, réalise des activités de lobbying. DITO(s) s’adresse à tout public, à travers des ateliers, des conférences et autres formats. Chacun ayant son langage, des intérêts différents, et des niveaux de maturité et d’implication différents.

Nous avions aussi notre propre compréhension du problème, venant d’autres sphères que celle des sciences citoyennes. La phase de problématisation n’avait rien d’évident.

En outre, nous avions tendance à formuler des objectifs plutôt que des problèmes, fermant d’autant les possibilités de réponses. Et puis nous pouvions adresser des problèmes desquels nous n’étions pas responsables, introduisant un biais dans la réponse. Greg Serikoff a pris pour exemple le problème suivant : « Assurer la pérennité de l’écosystème au-delà de l’établissement public ». C’est un objectif, pas un problème. Assurer la pérennité est déjà une solution. Et elle sous-tend que c’est notre responsabilité de l’équipe présente, ce qui introduit un biais.
En évitant de bien poser le contexte, nous orientions la réponse. Le codesign consiste à créer des problèmes ensemble pour les résoudre ensemble, et une vigilance est ainsi à porter sur des réponses qui pourraient induire une manipulation.

Pour aborder ce délicieux plat de spaghetti, nous avons travaillé en essaim. Pour démêler la situation et mieux qualifier nos problématiques, nous avons eu recours après la phase de problématisation en 3 groupes, à une seconde phase de problématisation, en essaim.
Nous avons dans cette itération élaboré la problématisation par groupe de deux, produisant cette fois 9 sujets.

Le travail en essaim permet de fragmenter le problème en plein de sous-problèmes. Il développe en outre l’agilité, le droit à l’erreur, et il est une façon d’optimiser les ressources.Dans la séquence, cette phase a permis aussi d’apporter du dynamisme, la phase de réponse s’est tenue à bon rythme.

Comment s’orienter dans une soupe d’anguilles ?

En préparant cette publication sur cette co-création de problèmes, je me suis demandé ce que nous avions apporté de plus que la mise en lumière du plat de nouilles, si nous avions contribué à aider Imane à s’y orienter, même si ce n’était pas expressément le but. Je me suis égarée. J’ai laissé la publication de côté. J’ai perdu mon temps. J’ai fait un pas de côté. J’ai saisi un des livres de Georges Didi Hubermann que j’avais sous la main, au sujet d’une autre science, l’histoire de l’art. « L’image survivante. Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg »

Sa question « Comment s’orienter dans la « soupe d’anguilles » ? » m’a fait écho à notre plat de spaghettis. Et la similitude ne s’est pas arrêtée aux images culinaires. Je vous laisse déguster. Plus loin il précise que Aby Warburg avait pour intention de « faire justice à l’extrême complexité des relations et détermination».

Reprenons notre chemin…

Cette mise en mouvement a bien opéré, il me semble, entendant la vivacité et le nombre des retours d’Imane, acceptant aussi les remises en question, jusqu’à celle du mot science, telle une scientifique. En outre, elle a pu imaginer notamment l’idée de voir DITOs comme une plateforme de mise en relation entre les différents acteurs de la société.

La configuration du temps et de l’espace, la variation de rythme, les conditions de l’environnement sont autant de variables qui ont joué. Ce que nous avons offert ce sont autant d’occasion de déplacer son point de vue.

Il peut être frustrant d’en voir tout de suite les effets, et la façon dont cela peut se traduire et se stabiliser dans le temps. Mais il est à espérer que les traces laissées par cette méthode permettent des transformations profondes et justes, et donc une moindre perte de temps et d’énergie, une optimisation des ressources de management du projet. DITO(s) me semble chercher à opérer ce même mouvement dans les sciences.

Une hypothèse

Ceci m’amène à poser l’hypothèse que le «pour quoi» de DITO(s), ne serait pas seulement de faire de la coordination, devenir une plateforme, mais de créer les conditions pour faire du codesign avec les sciences du vivant. Une sorte de BioCodesign ?? La démarche que nous opérons avec notre expérimentation du D.U., est d’ailleurs celle d’un scientifique nous a souligné Greg, mais de façon délinéarisée. Sous cet angle, utiliser des dispositifs visant à mettre en application des protocoles, n’est pas vraiment dans l’esprit de codesign. Cela pourrait aussi freiner la compréhension et le portage d’une tell e intention.Réaffirmer la vocation, réaligner les moyens, pourrait permettre une plus grande congruence et puissance de l’action.


Merci à Imane Baïz pour son intervention !

Merci à Nathalie Pillot dans son rôle d’activatrice et de relectrice.

Restitution proposée par Sarah Fortin, participante du Diplôme Universitaire Codesign.

Licence Creative Commons Cette œuvre de Codesign-it! est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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Un lieu pour faire sens http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/un-lieu-pour-faire-sens/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/un-lieu-pour-faire-sens/#respond Tue, 03 Apr 2018 13:42:06 +0000 http://codesign-it.com/?p=1644 [...]]]> Toute société s’organise dans l’articulation de sept dimensions:

  • politique : normes, règles, institution, gouvernance
  • naturelle : manifestations de l’incorporation des données physique et biologiques
  • économique : production et distribution des richesses et des biens
  • sociologique : tout ce qui participe à la construction du social
  • temporelle :
  • individuelle : valeur de l’autonomie, de la latitude personnelle, du choix
  • spatiale : questions liées à la distance, aux placements, aux côtoiements

Sébastien Rocq débute cette session par la présentation théorique de la notion d’espace social.

Aujourd’hui, il est primordial de parler aux personnes pour qui on crée un espace, dans un langage qu’elles comprennent, qu’à travers la dimension spatiale, il est proposé une disposition :

“L’espace est d’abord et avant tout une construction sociale” La production de l’espace – Henri Lefebvre

Dans le cadre d’un design d’espace dédié à la stimulation de l’intelligence collective, au codesign, apparaît essentiel qu’une partie du lieu, de l’espace ne soit pas programmée. Cette absence de programmation, de sur-design laisse alors place à l’appropriation du lieu par les individus. Car on ne pré-détermine pas ce qu’est un lieu avant que les individus en prennent possession, se l’approprient.

Sébastien cite Michel Lussault : “Il faut voir l’espace comme un agencement spatial des réalités sociales”

L’agencement, la construction d’un espace suppose alors une compréhension amont de la société pour laquelle il est pensé, designé. Cela dit l’importance de l’espace dans la démarche de codesign. L’espace, l’environnement influence les liens qui peuvent se créer entre les individus.

Sébastien nous parle de notre société et de sa transformation : nous sommes entrés aujourd’hui dans l’ère du collaboratif, notre économie aussi, nous sommes à la fois consommateur ET créateur. Il n’y a plus de frontière entre le pro et le perso et de cette mutation de notre société  découle aussi l’accroissement du besoin de chacun de s’approprier le lieu dans lequel il évolue (personnalisation de son espace de travail, habitudes de placement dans une salle de réunion, actions rituelles…).

Au même titre que la créativité ne peut naître qu’à certaines conditions : l’imagination doit être stimulée, l’esprit doit se sentir libre, l’individu à l’aise dans son environnement.

Alors, que doit-on rechercher dans la conception d’un lieu dédié à la naissance de nouvelles idées, à l’innovation?

Pour rendre une démarche d’innovation possible, il est nécessaire d’accepter qu’elle ne peut pas se faire en intra, l’internalisation ne fonctionne généralement pas : il faut créer une bulle ouverte dédiée à l’innovation. Ce lieu permettra de monter des prototypes, expérimenter, tenter, tester, itérer… Donner à voir, rendre matériel cette quête de nouveauté, d’innovation. Rendre possible la rencontre et l’union des forces, idées et créativité de chacun.

L’erreur serait de sur-designer, car à trop vouloir prévoir, organiser, anticiper, nous serions alors contre-productifs. Tout réside dans la juste mesure, le juste milieu. Le lieu se crée et s’invente au fur et à mesure, il se co-crée par les utilisateurs qui se l’approprient, le font évoluer, le transforment. Il doit pour cela rester accessible, ouvert : chacun doit pouvoir s’y retrouver.

Un lieu d’innovation, d’intelligence collective doit conjuguer trois dimensions :

 

Alors, quelle programmation peut-on en faire ? Quelle liberté y laisser ?

Julie Credou nous parle de son expérience de chercheuse et prend l’exemple du lieu de rencontres informelles de l’ENS Cachan. Ce lieu, hors cadre et pourtant installé au cœur de l’institution a permis à bon nombre d’étudiants chercheurs d’échanger et avancer dans leurs travaux, en partageant une bière (voire plusieurs), un instant, une conversation.

Pour Julie, il est évident et précieux de laisser la place aux rencontres fortuites, à l’informel. C’est la notion de sérendipité

 De ces lieux de rencontres et moments de déconnexion naissent de grandes idées, des réponses à des questionnements, des tests d’hypothèses. Ces instants permettent la célébration de chaque étape d’un projet mais aussi le partage sans cadre, sans peur du jugement de l’autre, sans bride pour l’imagination; grâce à ces lieux d’ancrage identifiés comme des lieux de confiance. Les moments rituels, informels font que les échanges brassent, les idées émergent. Les bienfaits de la spontanéité sont à préserver et demandent de l’ouverture, de l’empathie, de la bienveillance.

Convivialité, bienveillance, liberté, autant de notions auxquelles les pouvoirs décideurs doivent être attentifs et ouverts.

Car dans l’entreprise, comme dans un lieu de recherche, la démarche d’innovation appelle de la structure, de l’exigence. Et plus c’est structuré, plus il faut des moments rituels. Plus c’est exigeant, plus la pression est forte et plus le besoin de relâche est grand. Plus c’est important, plus on a besoin de feedbacks et de confronter les idées.

Pour l’entreprise, créer un lieu d’innovation, c’est créer un lieu porteur de sens.

Comment créer de l’adhésion autour d’un projet ? Il faut lui donner une intention.

Les impératifs pour que cela fonctionne :

1/ le projet soit rattaché assez haut dans l’organisation hiérarchique, aux décideurs. il faut un sponsor à haut niveau et un ancrage dans la réalité du terrain.

2/ ne pas laisser cet espace devenir un jouet, une posture, un outil de vitrine, de communication. Ce lieu a pour objectif de créer de la valeur ajoutée. Au sein de l’entreprise, le lab a pour objectif de matérialiser et donner à voir : il ne peut être seulement vitrine de la volonté d’innover. Afin d’éviter cet écueil, la définition et la méthode de sélection des projets est à penser en amont, dans la phase même de codesign de l’espace. Car l’espace ne devient lieu d’innovation qu’à partir du moment où il s’y passe quelque chose. Et cela réside avant tout dans le lâcher-prise du sponsor stratégique, dans son acceptation de l’idée que ce lieu doit fonctionner en dehors des normes de l’entreprise.

Le lieu doit être polyvalent dans ses usages (temps de travail collaboratif, temps de pause, temps de tests, prototypages…) cela s’accompagne d’un réseau d’acteurs capables d’en tirer parti et d’une équipe en capacité de le faire vivre.

Un lieu d’innovation a donc besoin d’un agencement, de fonctions et d’activités définies, d’une gouvernance et d’une équipe dédiée.

Les rôles “casquettes” d’une équipe Lab

Arrive alors le moment de problématiser. Le sujet : le lab, lieu de stimulation de l’intelligence collective. Lieu de proposition et d’émergence de projets. Lieu de recherches, de tests, d’apprentissages et d’échanges. Lieu des possibles : outils de prototypage, modularité, aspect ludique.

L’espace doit alors offrir à l’utilisateur toute l’autonomie nécessaire à sa créativité.

Un lieu d’intelligence collective, d’innovation collaborative est fondé sur l’initiative des acteurs et l’autonomie de leur travail.

Nous avons été invité à problématiser et réfléchir à des hypothèses pour la création d’un lab d’innovation au sein d’un grand groupe en nous basant sur le vantage points model.Nous avons donc travaillé par groupe sur des dimensions différentes. Certains se sont intéressés à l’ancrage stratégique, au programme d’activités, à l’aménagement du lieu et enfin au prototypage des activités. Chaque dimension est interdépendante des autres et nous avons tous pourtant réussi à réfléchir et proposer des solutions.

De cette séance de travail en groupe, il se dégage deux grandes conclusions :

  • le prototypage est un outil formidable pour matérialiser, accélérer la productivité, expérimenter de manière très rapide
  • il est important d’aborder tous les plans d’un projet de manière systémique et itérative

Ce que je retiens de cette session :

1/ notion de l’importance du sponsorship
2/ rôles de l’équipe et importance d’intégrer toutes ces dimensions dès le départ
3/ l’adhésion passe par un projet porteur de sens : ne jamais oublier le « pourquoi »
4/ la liberté passe par l’appropriation personnelle du lieu
5/ sur-designer est contre-productif
6/ les temps de pauses, l’informel stimulent aussi la créativité, la naissance d’idées car ils sont des temps de partage et d’échange précieux
7/ Importance d’aborder un projet de manière systémique

Pour aller plus loin :

http://laviemanifeste.com/wp-content/uploads/2007/09/michel_lussault.mp3 : interview de Michel Lussault

Bourdieu Pierre. Espace social et genèse des « classes ». In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 52-53, juin 1984. Le travail politique. pp. 3-14; doi : 10.3406/arss.1984.3327

http://www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_1984_num_52_1_3327

Lauriol Jacques, Perret Véronique, Tannery Franck, « Stratégies, espaces et territoires. Une introduction sous un prisme géographique », Revue française de gestion, 2008/4 (n° 184), p. 91-103. DOI : 10.3166/rfg.184.91-103.

URL : http://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2008-4-page-91.htm

La production de l’espace – Henri Lefebvre

Recherche et convivialité (Apérologie) – Office et Culture – Julie Credou


Restitution proposée Claire Lalanne, participante du Diplôme Universitaire Codesign.

Merci à Sébastien Rocq et Julie Credou pour leur intervention !

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Licence Creative Commons

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http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/un-lieu-pour-faire-sens/feed/ 0 1644
Pédagogie et intentions http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/1620/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/1620/#comments Tue, 03 Apr 2018 11:33:14 +0000 http://codesign-it.com/?p=1620 [...]]]> En cette après-midi de troisième jour de D.U., après des interventions inspirantes autour de l’apprentissage (« Qu’est ce qu’apprendre ? », par Cécile et Mathilde) et de l’innovation dans l’éducation, c’est tout naturellement que deux mondes se sont mixés.

Les étudiants du D.U. Codesign qui expérimentent la pédagogie inversée et la promo du D.U. des Acteurs de la Transition Éducative deviennent un groupe fusionné d’apprenants le temps d’une journée. Une opportunité pour tous de mettre en pratique et d’essayer des concepts pour travailler autrement.

L’après-midi s’est déroulé en deux temps. Nous avons tout d’abord vécu pour la première fois, ou pas, l’expérience de la pédagogie inversée, en rupture avec les modes traditionnels d’apprentissage. En voici les étapes :

  • Stimulation par Lucas Gruez. Super héros et acteur de l’innovation dans l’éducation. Lucas est prof d’histoire & géographie, mais aussi préfet des études, honoré du prix de l’Innovation et du développement professionnel, à l’occasion de la Journée de l’innovation du Ministère de l’Éducation Nationale en 2015, pour son expérimentation d’un “collège des Intelligences Multiples”. Pour en savoir plus, c’est par là: https://padlet.com/lgruez/DU)
  • Problématisation en sous-groupes
  • Présentation des problématiques en plénière
  • Mix des groupes pour répondre à l’une des problématiques posées
  • Mise en commun en plénière des tentatives de réponses
  • Conclusion et feedbacks de Lucas

 

Nous avons poursuivi l’après midi en assistant aux présentations d’expérimentations de 3 étudiants du D.U. de Codesign. Le debrief  nous a permis de rappeler et de clarifier ce qu’on attend d’une XP (hypothèse, solution). Ce que nous retenons de ce rappel est la difficulté que l’on peut avoir à ne pas transformer une expérimentation en récit de projet. Questionner, challenger, prototyper sont les conditions pour transformer un projet en expérience…

Alors, qu’est ce qu’une hypothèse d’XP ? La réponse en image et en exemple:

Une hypothèse doit être une réponse possible au problème choisi.

Problématique: La performance d’un world café est très variable.

Hypothèse: La présence de fraises tagada sur la table améliore la performance d’un world café

Conséquence vérifiable de l’hypothèse: Si je mets des fraises tagada sur les tables, on devrait améliorer la performance d’un world café

Expérience: Un world café avec des tables avec et sans fraises tagada

Résultats: toute chose égale par ailleurs (difficile à contrôler … car les participants sont différents sur les tables…) il y a plus de propositions et elles sont de meilleure qualité sur les tables avec fraises tagada. Les participants ont vécu une expérience qu’ils décrivent comme meilleure.

Interprétation: on peut donc valider notre hypothèse et dire que la présence de fraises tagada sur la table améliore la performance d’un world café

 

 

Aujourd’hui, je me pose la question suivante : « Est ce que je me souviens d’un moment particulier ? ». Un élément semble me sauter aux yeux, la dynamique de groupe. La manière dont le groupe s’est constitué, la façon dont il s’est mixé. C’est de cela que j’ai envie de parler.

Pour rappel, nous étions deux groupes de D.U. réunis pour une journée d’apprentissage. L’un était un groupe hyper constitué et plutôt homogène de sachants quand nous étions un groupe hétérogène de personnes concentrés sur le savoir-être et les processus collaboratifs.

Si j’écoute ma mémoire et mon ressenti, le matin la mayonnaise avait beaucoup plus pris que l’après-midi. Pourquoi mixer ces deux groupes était si compliqué l’après-midi ?

Pour ma part, ma matinée résonne avec les mots suivants : nouveauté, envie, découverte. L’envie de découvrir ces nouvelles personnes avec qui nous partagions cette expérience folle de la pédagogie inversée, l’envie de travailler avec elles, et surtout qu’elles nous apportent leur regard extérieur.

L’après-midi était sans doute plus bercée par la fatigue physique et mentale de ces 3 jours de course au savoir et aux expérimentations. Je doute que ma fatigue soit la seule raison à cette difficulté de mixer deux groupes. En faisant écho avec ma pratique professionnelle, je me rend compte que j’ai oublié LA CLEF : le(s) objectif(s) commun(s) !

Pour constituer un groupe qui fonctionne et qui a envie d’avancer ensemble il est primordial d’avoir pris le temps de parler un language commun, d’avoir une intention et un objectif communs.

C’est donc ça que nous n’avions pas partagé cette fameuse après midi, nous avons fait l’exercice demandé sans savoir ou nous – groupe – nous avions envie d’aller. Nous avions des attentes et des objectifs individuels non partagés au sein du groupe.

Le voilà donc le corps émulsionnant à introduire pour que l’eau et l’huile se mélangent.

individus + objectif commum = groupe

Wouah, finalement, cet exercice de réflexivité à froid est hyper puissant !


Restitution proposée par Marine Sonilhac, participante du Diplôme Universitaire Codesign.

Merci à Alain Biriotti pour sa contribution à l’écriture de ce post !
Merci à Cécile Roche-Boutin, Mathilde Sauzet-Mattei pour leur intervention !

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