apprenant – Codesign-it! http://codesign-it-ventures.fr innovation collaborative Tue, 15 May 2018 06:01:59 +0000 fr-FR hourly 1 https://i2.wp.com/codesign-it-ventures.fr/wp-content/uploads/2015/08/Co_logo_small.png?fit=32%2C32 apprenant – Codesign-it! http://codesign-it-ventures.fr 32 32 110756974 Prêts pour un apprentissage récursif ? http://codesign-it-ventures.fr/2018/05/15/prets-pour-un-apprentissage-recursif/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/05/15/prets-pour-un-apprentissage-recursif/#comments Tue, 15 May 2018 05:56:19 +0000 http://codesign-it.com/?p=1816 [...]]]> Que signifie apprendre aujourd’hui ? Comment se mettre en posture d’apprentissage ? Comment mieux appréhender le parcours de l’apprenant ?

Lors de l’embarquement de la session d’avril, première matinée des trois jours consacrée à une réflexion sur le D.U Codesign, les participants ont tenté de mieux comprendre les enjeux de la formation en expérimentant le prototypage du parcours de l’apprenant. Faire un pas de côté et mettre en perspective récursivité et pédagogie inversée, tels étaient les enseignements « mis en jeu ». Retour sur un embarquement récursif.

Rituel de la première matinée de session, l’accueil des nouveaux arrivants. Cette fois, ils sont 4. Normalement, chacun a été informé de ce qui se passe dans le DU par un autre « DU’z’ien » ou « Du’Zienne ». A chaque session, les nouveaux arrivants se présentent rapidement et reçoivent un cahier par « l’embarqueur », un cahier qui servira peut-être de journal de bord. Cette fois, Édouard Cazamajour qui co-facilite cette session avec Catherine Foliot propose une nouvelle consigne de présentation.  « L’embarqueur » doit partager un mot à « l’embarqué », un mot qui l’accompagnera pendant le DU. « Lâcher-prise, exploration, changement, plaisir »… Que des mots inspirants pour un voyage collaboratif !

Parce que les groupes ne sont jamais les mêmes, – c’est la particularité de chaque session -, il n’est pas toujours facile de mettre un nom sur un visage. Afin de mieux se connaître, Édouard propose d’utiliser le diagramme de Venn. L’idée est d’échanger par trois sur nos points communs et de les écrire dans les intersections formées par les trois cercles. Les nouveaux arrivants se mettent chacun dans un groupe différent afin d’être intégrés tout de suite. On échange, puis on écrit nos points communs sur des post-it.

Après quelques minutes d’échanges, une nouvelle consigne d’Édouard :

  • Qu’est-ce qu’on partage au DU ?
  • Qu’est-ce qu’on ne partage pas ?
  • Qu’est-ce qu’on vient chercher ?

Une parole inspirante est écrite au tableau : « L’énergie de chacun est le cœur de la réussite du collectif. » Les discussions reprennent bon train. Dans mon trio formé avec Jean-Etienne et Anouk, nous échangeons beaucoup. Et ce que j’en retiens, c’est que malgré les motivations propres à chacun, l’année du DU est placée sous le signe du changement professionnel et personnel.

Le DU change aussi de coordinatrice. Nous assistons au passage de relais entre Mai-Liên et Julie pour qui une page se tourne. J’ai beaucoup appris sur les postures d’apprentissage et sur l’ingénierie pédagogique, partage Julie même si des questions l’animent encore : Comment fait-on pour comprendre ce qu’on attend de nous ? Comment fait-on pour comprendre l’enjeu des grilles PI (grille de pédagogie inversée) ?

Quant à Mai-liên, elle est passionnée par les questions d’innovation éducative et s’interroge la manière de créer les conditions pour que chacun puisse trouver sa voie…

D’ailleurs, elle nous partage sa vision du DU avec un prototype qu’elle a réalisé présentant l’écosystème de l’apprenant : « Il y a des vers de terre, l’eau qui fluidifie, le vent, qui décale, qui fait déplacer les éléments initialement posés, la terre qui structure, qui nourrit, les abeilles et les papillons qui permettent de se connecter, le soleil qui réchauffe et rassure, les petites pousses qui sont tous ces éléments que l’on apprend collectivement. Et il y a ces éléments qui composent et font le DU : les mentors, les intervenants, la grille PI, les lieux du DU, les collectifs de participants, les publications. C’est un système fragile et en mouvement.

Et aux participants de souligner : « Mais il n’y a pas de coordinatrice dans la maquette ! »

Soudain Mai-liên réalise qu’elle s’est oubliée sur le plateau de jeu. La coordinatrice, c’est le garde-forestier, s’exclame Catherine Foliot.

Dans cette métaphore de la forêt, poursuit Catherine, on a envie de réinterroger le parcours de l’apprenant. C’est une façon de mieux comprendre la vie secrète des arbres. Nous sommes tous interdépendants, complète Mai-liên.

Catherine propose de réfléchir sur ces trois questions :

  • Qu’est-ce qu’apprendre aujourd’hui ?
  • Quels sont nos maîtres, nos guides, nos référents ?
  • Quels sont les liens avec la posture de l’apprenant aujourd’hui ?

Après un temps de réflexion personnel, nous échangeons en sous-groupes. Dans le mien, ça fuse. Dès qu’on parle d’apprentissage, chacun se sent concerné. Apprendre aujourd’hui soulève de nombreuses problématiques. Pédagogique : le système éducatif doit permettre à chacun de trouver sa place ou encore l’expérimentation en classe de nouveaux modes d’apprentissage – jusqu’où pousser la pédagogie ? Scientifique : des études sur les neurosciences ont montré l’impact sur le cerveau de l’apprentissage descendant. Futuriste : l’utilisation de l’intelligence artificielle pour le recrutement, en passant par l’obsolescence des compétences.

Pour moi, apprendre aujourd’hui, c’est savoir repartir de zéro, c’est savoir changer de point de vue, c’est être capable de faire quelque chose dont je ne me croyais pas capable. Me reviennent les paroles du philosophe Alain Badiou que je partage au sous-groupe : « Le bonheur, c’est lorsque l’on découvre que l’on est capable de quelque chose dont on ne se savait pas capable. »

Après discussion, nous tombons d’accord sur le fait qu’apprendre, c’est finalement un moyen d’être heureux, un moyen d’approcher du bonheur.

Ensuite, Catherine nous délivre la consigne de prototyper le chemin des actions de l’apprenant dans son écosystème en tenant compte de cinq éléments :

  • Actions/tâches
  • Responsabilité
  • Engagement
  • Postures
  • Interactions

Le magasin est ouvert. Il regorge de fournitures en tous genres : pâtes à modeler de toutes les couleurs, grande feuille cartonnée, ficelles, agrafeuses, feutres. Chacun vient se servir, parfois hésite à prendre, ou bien amasse un maximum d’objets. La magie opère. Très vite, les participants retrouvent leur spontanéité d’enfant. De quoi réveiller son esprit créatif !

Dans mon sous-groupe, il y a comme un émerveillement partagé de jouer avec la pâte à modeler, d’y retrouver une odeur chimique qui donne envie de la manger. Très vite, une image s’impose à nous, celle d’un buffet de la connaissance. C’est de cette manière que nous envisageons le parcours de l’apprenant aujourd’hui. A table !

Lors de la restitution, nous précisons ce qu’est pour nous la métaphore du buffet : un empilage de connaissances, à picorer, à partager, à siroter. A la base du prototype, un socle bleu qui représente la responsabilité d’être heureux, de partager et de vouloir apprendre en permanence. Comme les « postures », représentées par les quatre pieds de la table, l’agilité, l’humilité, l’autonomie et la curiosité. Sur le plateau, les délices de l’esprit en n’oubliant pas la touche digitale !

Lors du feed-back, en mode chapeaux de Bono, c’est le rouge qui nous est donné par Jihène : « Ce prototype est généreux, c’est une belle invitation ». Et Martin d’ajouter : « En utilisant la table, vous avez pris en compte l’ensemble de l’écosystème »

Les prototypes réalisés par les autres sous-groupes sont des invitations au voyage.

Là, devant nous, se dresse l’aventure apprenante au cœur du DU. Le parcours de l’apprenant se construit d’allers-retours entre la vie professionnelle, le DU, la vie personnelle.

Ici, c’est un parcours d’élévation. L’objectif, c’est d’arriver tout là-haut, en prenant un chemin qui me permet de grandir « horizontalement » et « verticalement ».

Enfin, nous nous élevons dans l’espace. L’apprenant est au centre de ce monde cosmique où tout s’écrit et se reconstruit. A chaque étape, des actions et des postures. Le déséquilibre est intentionnel. Les apports de connaissance permettent de se rééquilibrer. C’est cela, être vivant.

« Cela m’évoque l’image du funambule », intervient Catherine, c’est le déséquilibre permanent qui permet d’avancer. Et pour conclure : « La maquette n’est qu’une partie de l’apprentissage. L’aventure du prototypage n’a de valeur que s’il est « feedbacké ». Ce sont des objets pour matérialiser les hypothèses, les valider ou non. »

Avant la fin de la session, vient le temps de la réflexivité. Deux questions nous sont posées par Catherine :

  • Qu’est-ce qui s’est passé ce matin ?
  • Qu’est-ce que ça produit pour moi et pour le groupe ?

Les constats positifs sont nombreux : « Prototyper en soi déclenche un moment interactif et ludique entre les participants, cela permet de faire baisser la pression, de s’assurer que le ressenti est partagé. Il émerge une dynamique intéressante où chacun peut s’exprimer. Dans le même temps, le sujet était bien choisi pour faire un prototype. » Pour ma part, j’ai découvert que le prototypage permet d’agréger de manière collective des pensées personnelles.

Ça y est ! Nous allons atterrir. Il en va de chacun d’être heureux de cet embarquement. J’entends par-ci, par-là : « C’était bien de démarrer la session comme ça ! Ça remet en perspective le pourquoi nous sommes là et notre posture d’apprenant ! » Et moi dans tout ça, qu’est-ce que j’en pense ? J’adhère à cette idée que le collaboratif génère quelque chose de plus grand. Je me dis que le bonheur partagé, c’est aussi lorsque nous découvrons que nous sommes capables de quelque chose dont nous ne nous savions pas capables… Et c’est le « nous », l’important.

Cet embarquement aura permis de paralléliser les parcours d’apprenants (« nous » en tant que participants et/ou « nous » en tant que facilitateurs). Et si en mathématiques, deux parallèles ne peuvent se rencontrer, lors d’une session de codesign, les droites peuvent parfois converger vers le bonheur d’apprendre collectivement.


Un grand merci à Catherine, Edouard, Julie et Mai-liên d’avoir créé les conditions de cette « découverte ».

Restitution proposée par Odile Lefranc-Monsinjon, participante du Diplôme Universitaire Codesign

Licence Creative Commons Cette œuvre du Diplôme Universitaire Codesign est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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La recherche et l’écoute : allez ouste, dehors ! http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/la-recherche-et-lecoute-allez-ouste-dehors/ http://codesign-it-ventures.fr/2018/04/03/la-recherche-et-lecoute-allez-ouste-dehors/#comments Tue, 03 Apr 2018 17:26:14 +0000 http://codesign-it.com/?p=1673 [...]]]> Ce matin-là, nous nous interrogeons sur la posture du chercheur. Dans ce contexte, Catherine Foliot nous invite à construire la cabane du codesign.

Inspirée par la « Cambra » de l’artiste Ben (Vautier) à Nice, Catherine Foliot nous invite à construire la cabane du Codesign. Cambra signifie « chambre » en vieux niçois. L’œuvre de Ben est un cube sans porte ni fenêtre dans lequel les visiteurs peuvent entrer et jouer. Il n’a cessé de la transformer pendant 8 ans. Une œuvre ouverte et évolutive, un musée de Ben dans le musée de Nice. Délicieusement récursif.

A l’image de l’œuvre de Ben, la consigne donnée par Catherine est très ouverte et laisse une grande liberté d’action. Nous sommes invités à penser la fonction des murs et l’espace.

Avant de se lancer, nous vérifions qu’il est possible de construire notre cabane avec des tableaux Plume. Design frugal. Nous assemblons 4 panneaux pour voir si ça tient : un mur de chaque côté, un mur de fond, et un toit. Vote with your feet : chacun est invité à toucher le mur sur lequel il a envie de travailler. Se forment ainsi 4 sous-groupes, chacun responsable d’un pan de cette future cabane. Au sein de chaque équipe, on nommera un connecteur pour faire le lien avec les autres équipes et vérifier la cohérence des travaux.

Les équipes se mettent en action, l’exigence de concret et la dimension ludique semblent réveiller les énergies. Les connecteurs se mettent rapidement en écoute.

Dans mon équipe, on aborde d’abord les notions d’inclusion, de coprésence. La cabane du codesign doit être un espace qui accueille, qui protège, qui fait grandir, qui nourrit. Elle héberge l’intelligence collective, la créativité augmentée.

Nous dessinons une fenêtre pour ouvrir sur l’extérieur. Sortir du cadre, sortir de l’entre-soi, s’ouvrir à la diversité des points de vue. Qu’est-ce que le codesign change dans notre perception au monde ? Inversement, comment est perçu le codesign par un regard extérieur ?

Le toit est riche en symbolique. La charpente soutient, le toit protège et isole du froid. Il a une ouverture vers le ciel, les étoiles, la lumière, le soleil qui inonde la pièce. C’est un lieu de rêverie et de convivialité. C’est aussi un lieu responsable où les abeilles fabriquent du miel et les panneaux solaires produisent de l’énergie. Enfin c’est un lieu connecté au monde via son antenne.

Dans cet exercice, nous avons pu éprouver la posture du chercheur : observer, analyser, tester, déployer. C’est une posture exigeante qui se nourrit d’imperfection et d’impermanence. Il s’agit à la fois de penser ce qu’on fait et de faire pour penser. Dans mon groupe de travail, nous étions enlisés dans des débats conceptuels jusqu’à ce que l’un d’entre nous prenne un feutre et commence à dessiner une fenêtre. Ce simple geste a projeté toute l’équipe dans une dynamique d’action.

Mais le processus collaboratif a été très affaibli par le manque d’écoute au sein de l’équipe. Comment partager une vision si on n’arrive pas à s’écouter? Comment construire un espace collaboratif sensé accueillir les conversations si nous-mêmes n’arrivons pas à construire cet espace d’écoute et de collaboration entre nous ? C’est vrai aussi pour la collaboration avec les autres équipes. Nous aurions pu aller beaucoup plus loin dans cette cohérence et cette continuité entre les murs. Mais comment collaborer avec l’extérieur quand on a déjà du mal à collaborer à l’intérieur ?

Forts de cette expérience, nous nous sommes fixés des règles pour l’activité suivante: l’utilisation du bâton de parole. Cette technique a immédiatement prouvé son efficacité en facilitant les échanges entre les membres du groupe.

L’écoute est un prérequis au sein d’un processus collaboratif. Mais comment se donner les conditions pour une bonne écoute? On revient toujours à la nécessité d’un cadre, de règles, de rôles pour veiller au bon fonctionnement. C’est sans aucun doute parmi les premières activités à pratiquer dans le cadre du D.U. Codesign pour qu’il soit véritablement apprenant.

La démarche du chercheur, comme celle l’artiste, est souvent perçue comme solitaire par nature, même si les laboratoires de recherche et les résidences d’artistes sont là pour les sortir de cet isolement. Et si on observait leur façon d’écouter et d’interroger le monde pour nourrir nos expériences collaboratives?

Références :

MAMAC – Musée D’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice

La Cambra de Ben (Vautier)

L’Homme Spatial, Michel Lussault

La théorie U, Otto Sharmer

Le Vantage Point Model, MG Taylor

The Art of Hosting


Restitution proposée par Hélène CHANEL et relecture par Laurent DUCLOS, participants du Diplôme Universitaire Codesign.

Merci à Catherine Foliot pour son intervention !

Licence Creative Commons Cette œuvre de Codesign-it! est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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Quelle société apprenante voulons-nous ? http://codesign-it-ventures.fr/2017/11/29/quelle-societe-apprenante-voulons-nous/ http://codesign-it-ventures.fr/2017/11/29/quelle-societe-apprenante-voulons-nous/#respond Wed, 29 Nov 2017 14:13:50 +0000 http://codesign-it.com/?p=1365 [...]]]> Nous accueillons Amodsen Chotia du CRI (Centre de Recherches Interdisciplinaires) sur un sujet passionnant : les enjeux liés à la société apprenante. Amodsen CHOTIA, biologiste et physicien, est chercheur en innovation pédagogique dans le champ des Sciences du vivant au CRI.

I – QU’EST-CE QUE LE CRI ?

L’ambition du CRI est de créer de la valeur autour de l’interdisciplinarité. Il accompagne et impulse de nouvelles idées au bénéfice des différents acteurs de l’éducation : les rectorats, enseignants, chercheurs, chefs d’établissements, et surtout les apprenants ! Il organise des rencontres pluridisciplinaires afin que chaque spécialiste puisse réinterroger sa propre discipline avec une perspective nouvelle enrichie par l’interdisciplinarité. Discipline > Pluridisciplinarité > Interdisciplinarité

Le CRI  est un hub. Un lieu physique de rencontres, hébergeant de petites équipes de recherche pour faire progresser l’éducation, offrant des espaces de prototypage, prolongé par un écosystème numérique pour apprendre et partager. La coopération à toutes les échelles est clé dans l’apprentissage.

Les étudiants du CRI sont immergés dans ce hub, et y réalisent des boucles d’apprentissage.
Exemple de boucle d’apprentissage dans le champ des sciences du vivant :

Observer > Questionner > Prototyper > Apprendre en faisant ou Apprendre en jouant > Essai/erreur.

Les chercheurs stimulent ces boucles d’apprentissage par leur posture de mentors bienveillants. Les interactions et itérations sont permanentes et croisées entre étudiants, entre chercheurs, et entre étudiants et chercheurs. La pédagogie inversée est créatrice de valeur par rapport à la classique pédagogie descendante, ce sont les étudiants qui ont l’initiative des questions adressées aux chercheurs qui les stimulent et les accompagnent.

Ce dispositif pourrait-il s’appliquer à d’autres lieux de formation ? À l’école élémentaire ? Aux masters ? Aux écoles doctorales ? A la formation continue et à la société toute entière ?

Son rayonnement repose sur la diffusion de recommandations pour des structures éducatives apprenantes.Le CRI a notamment formulé des propositions pour des universités apprenantes :

Son enjeu est d’adapter le système scolaire aux évolutions sociétales en cours . « Le système scolaire est une étape importante dans le processus de socialisation. Il détermine la vision du monde de chacun, sa manière de penser, de se comporter. »

Nous faisons toutes les deux le constat que le fonctionnement de la plupart des organisations tant privées que publiques procède aujourd’hui de celui vertical de l’école de la République. Au sommet de la hiérarchie les anciens bons élèves, en bas les moins bons. Les processus de décision sont verticaux et descendants, on se réfère à des cadres et modèles éprouvés peu propices à l’expérimentation, aux itérations répétées et à l’innovation requises pour s’adapter aux évolutions sociétales. Le droit à l’erreur n’existe pas.

Au terme de cette présentation du CRI, nous formulons l’hypothèse que la transformation du système éducatif peut être une réponse aux grands enjeux de transition.

II – POURQUOI ET COMMENT TRANSFORMER LE SYSTÈME ÉDUCATIF POUR RÉPONDRE AUX DÉFIS DE LA TRANSITION ?

Notre société toute entière doit devenir apprenante afin de faire face à des transformations majeures. L’enjeu est créer un système éducatif construisant la confiance de ceux qui demain vont vivre un nouveau monde qu’on ne peut leur décrire.

Sir Ken Robinson a produit il y a 6 ans une analyse fine des origines et des limites du modèle éducatif actuel. Il est le produit du cartésianisme des Lumières conjugué aux enjeux économiques de l’ère industrielle. Il opère une sélection entre les individus capables d’adopter un raisonnement linéaire dit académique et les autres, relégués au bas de l’échelle sociale. La collaboration, essentielle au processus d’apprentissage, y est proscrite : c’est de la triche. En exigeant des enfants une attention exclusive à des programmes académiques, au détriment de leur sensibilité et de leurs autres aptitudes, il tarit leur capacité à adopter une pensée divergente. Celle-ci diffère de la créativité. La créativité est un processus permettant l’émergence d’idées originales ayant de la valeur. La pensée divergente, compétence nécessaire à la créativité, est l’aptitude à identifier de multiples réponses à une question, de multiples interprétations possibles de celle-ci, à penser latéralement, pas seulement de manière linéaire ou convergente. Une étude a montré que 98 % des enfants détiennent cette aptitude à un niveau extrêmement élevé, et qu’elle se détériore profondément au fil des années de scolarisation, aux termes desquelles on considère qu’une personne est « éduquée », c’est à dire « formatée ».

Quelles sont les alternatives ? Comment changer de paradigme en matière d’éducation ?

Voici quelques Ted Talks de Ken Robinson pour y voir plus clair :

Changer les paradigmes de l’éducation
L’école tue la créativité
Comment échapper à la vallée de la mort de l’éducation
Déclencher la révolution

Nous avons choisi de rapporter ici sous un angle très subjectif ce que nous retenons de cette intervention pour notre parcours personnel. Nous travaillons dans le champ du développement des compétences et de la transformation RH dans des organisations de service public et sommes toutes deux mères de famille, portant un regard attentif et souvent critique sur l’école de nos enfants.

C’est avec ce prisme que nous avons choisi et collecté les réflexions et propositions des différents groupes, les plus fécondes, à notre sens, pour répondre à ce défi. Cet inventaire constitue l’ébauche d’une boite à outils à expérimenter, s’approprier, enrichir.

Apprendre pour saisir le présent et appréhender l’avenir

Via la formation initiale, on apprend surtout le passé : les programmes de l’élémentaire au Bac portent sur l’étude du passé, de la préhistoire au 21ème siècle. Ceci contribue mais ne suffit pas à éclairer le présent, ni surtout à y repérer les signaux faibles de l’avenir afin de s’y préparer et surtout de le construire. Il faudrait enseigner la prospective inventée par Gaston Berger, industriel et philosophe, ancien résistant devenu directeur général de l’enseignement supérieur au ministère de l’éducation nationale de 1953 à 1960. Celle-ci permet à tous de construire le présent en fonction de l’avenir que nous souhaitons. Gaston Berger nous incite à «voir loin, large» (pour dépasser les vues étroites des spécialistes), à «prendre des risques» (la prospective permet une liberté que n’autorise ni le court terme ni l’urgence), et de «penser à l’homme».

«(L’avenir sera) alors ce que nous aurons voulu qu’il fût» car «regarder un atome le change, regarder un homme le transforme, regarder l’avenir le bouleverse ».

Libérer l’école et les apprenants 

Parallèlement à la création de l’école laïque et obligatoire, on a créé des corps enseignants et une science, les sciences de l’éducation, qui ont comme confisqué la fonction enseignante. A tel point que les parents qui aujourd’hui décident de prendre en charge l’éducation de leurs enfants parlent de « faire l’école à la maison »… Il nous paraît important de reconnaître à la société dans toutes ses composantes son aptitude à former. L’école ne doit plus être un lieu unique (l’école ou l’université) pour un ou deux temps (formation initiale puis professionnelle) mais partout, dans la société ouverte et toute la vie.

De la même façon, le statut d’apprenant est plus souvent associé à la nécessité de combler un déficit de connaissances qu’à un processus naturel d’adaptation au présent et de préparation de l’avenir.

Faut-il s’affranchir des modèles existants ?

Si les cadres et les modèles sont utiles, rassurants, ils ne facilitent pas l’émergence d’une culture et de postures d’ouverture, de curiosité, de créativité, d’innovation, encore moins la prise de risque, l’audace, les logiques d’essai/erreur. Se référer à des modèles expose au risque de reproduire des schémas de pensée et d’action inadaptés aux besoins actuels. Une fois les modèles intégrés, maîtrisés, l’enjeu est de s’en affranchir. Et d’insuffler très tôt des logiques d’observation, de questionnement, de test, et d’itération, dans lesquelles l’erreur est reconnue comme une étape de l’apprentissage.

C’est bien le schéma de l’expérimentation que nous avons à mener dans le cadre du DU : observer un contexte, le questionner, poser des hypothèses (ou tout du moins une) pour tenter de résoudre une problématique, réaliser des tests et observer ce que cela produit…

Hybrider les formats pour passer de l’école pour TOUS à l’école pour CHACUN

L’enjeu de l’éducation, c’est que chacun, quelles que soient ses aptitudes, puisse se construire, faire grandir sa confiance en lui et être reconnu comme individu. Des parcours personnalisés prenant en compte les projets et talents de chacun permettraient de recontacter l’envie innée d’apprendre, alimentée par le sens que chacun verrait à la réalisation de son futur souhaité.

Nous préconisons une école dynamique sachant s’adapter à chacun et encourageant une posture apprenante, audacieuse et agile, tout au long de la vie. Elle ne rejetterait pas en bloc le système classique au profit de systèmes alternatifs mais concilierait le meilleur des deux mondes en recommandant des méthodes, parcours, contenus, personnalisés, adaptés aux besoins, profils et potentiels de chacun (enfants/adultes).

Dans ces systèmes hybrides, protéiformes, chacun pourrait se positionner sur les différents curseurs et les faire évoluer, pour bénéficier de la meilleure trajectoire … pour lui-même !

Exemples de curseurs :
– Lieux ouverts type FabLab vs lieux fermés type salle de classe
– Parcours unique vs parcours séquentiel, itératif et personnalisé choisi par l’apprenant
– Apprentissage collectifs vs individuel
– Théorique vs pratique
Facilitateurs bienveillants proposant des ressources inspirantes vs enseignants
– Posture passive vs posture apprenante, audacieuse et participative

Nous nous laisserions bien tenter par un système en mode PARKOUR !

Cohabiter avec les Intelligences Artificielles : un défi pour la société apprenante ?

La cohabitation entre les humains et les Intelligences Artificielles (IA) représente elle aussi un défi pour la société apprenante. Comment collaborer, co-apprendre ? Peut-on concevoir des démarches collaboratives entre intelligences humaines et intelligences artificielles ? Une pédagogie inversée augmentée ? Une forme de trans-pédagogie ? Voici un nouveau défi à relever pour les équipes du CRI et le collectif Codesign-it !

Certains se sont prêtés au jeu en proposant de nouveaux blocs thématiques pour enrichir nos connaissances :

– technique (interface, augmentation, making, 3 lois de la robotique, algorithme),
– intelligence du futur (veille, langage, art, etc.),
– relation (rapports aux émotions, à la sexualité, à l’éthique, à la psychologie, à l’éducation citoyenne, affranchissement des genres, transhumanisme),
– organisation (management inter-intelligence, nouvelle place du travail dans la société, création d’un job de CRO (Chief Robot Officer) ?

III – CE QUE NOUS RETENONS

Cette plongée au cœur d’un sujet central pour nos sociétés ne nous laisse pas indemnes ! Comment faire pour que d’autres s’emparent du sujet ? Comment essaimer, polliniser, partager les réflexions  via des canaux variés qui permettront à tous de prendre conscience des enjeux et des expérimentations menées dans une logique d’appropriation, de test et d’essaimage …

Hybrider et inclure pour accélérer la transformation ? Faire bouger les lignes collectivement en intégrant l’ensemble des parties prenantes nous semble être une clé. Pour cela, nous rêvons de faire tomber les frontières de la sphère éducative en invitant les entreprises à s’interroger, à contribuer, à s’engager à chacun des niveaux, bien au-delà des dispositifs existants (apprentissage, stage…), dans des rencontres et actions communes fertiles.

Nous rêvons d’un monde apprenant en mouvement permanent où chacun des membres de l’écosystème aurait la possibilité de jouer l’ensemble des rôles à tout moment pour stimuler sans cesse les boucles d’apprentissage : un jour « apprenant », la minute qui suit « producteur de contenus », le lendemain « diffuseur », puis « co-financeur », ou encore « facilitateur », etc.
Un monde où le vivant serait utilisé partout, tout le temps, pour apprendre à tout moment. Un monde où l’audace, la prise de risque, le droit à l’erreur seraient reconnus, encouragés et intégrés dès le plus jeune âge.

Un monde qui permettrait à chacun de développer tout au long de sa vie les compétences qui lui seraient utiles pour s’intégrer, évoluer, transformer, innover. Des compétences utiles pour lui mais aussi pour le collectif. Un monde où l’école n’existerait plus parce qu’il existerait des milliers d’espaces d’expériences et d’apprentissage tous différents.

Nous rêvons d’un monde qui offrirait aux générations futures la promesse de vivre une Aventure Apprenante tout au long de leur vie. Une aventure unique, une aventure qui ne serait pas linéaire, qui ne serait pas prédéterminée, une aventure hybride, personnalisée où chacun aurait la possible de n’emporter que le meilleur…pour lui-même, et au bénéfice de tous.

Pour aller plus loin : Synthèse du rapport Taddei sur la société apprenante 

 

Restitution proposée par Sarah Illien et Hélène Amoussou, participantes du Diplôme Universitaire Codesign.

Merci à Amodsen CHOTIA pour sa stimulation, Alain BIRIOTTI pour sa facilitation

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Apprentissage intemporel http://codesign-it-ventures.fr/2017/11/23/apprentissage-intemporel/ http://codesign-it-ventures.fr/2017/11/23/apprentissage-intemporel/#respond Thu, 23 Nov 2017 10:27:17 +0000 http://codesign-it.com/?p=1269 [...]]]>

Machine à remonter le temps (auteur inconnu)

Je me suis plongée dans ma mémoire de première session du D.U., alors que je m’approche de la dernière. Et Philippe Labat a dessiné deux cercles …. Présence… Design… Elle était toujours bien présente. « La complémentarité équilibrée entre le Design et la Présence est fondamentale dans ce métier »

Le doudou dans le sac… « nous influençons l’environnement de nos participants mais commençons par nous faciliter notre environnement ». C’était en décembre 2016, un matin, une intervention au sujet de l’auto-facilitation. Prendre soin de soi pour prendre soin des autres.

Une multitudes d’astuces, de conseils. Jusqu’à une mise en pratique de techniques de respiration…  « Inspirer par le torse et expirer par les pieds pour s’ancrer, par la tête pour s’aligner, par le ventre pour se recentrer »…Se faciliter son corps. Il a identifié ainsi neuf points d’attention :

1. l’environnement personnel de travail
2. la relation avec les sponsors
3. le rapport au réel
4. la créativité
5. la relation avec l’équipe de facilitation
6. la relation avec les participants
7. la pensée, le langage et la mémoire
8. le corps
9. l’attention aux autres et à soi même

Pour faciliter ce plongeon dans les mémoires du D.U, Philippe nous a facilité la vie jusqu’au bout, en nous offrant un trésor, une mise en mot exhaustive de ce qu’il était venu nous livrer. (ici, un lien vers l’article de Philippe) En premier abord, nous retenons ce qui nous interpelle, ce que nous pouvons intégrer. En revenant sur ce contenu, il révèle de nouvelles richesses. Chaque mot, chaque phrase, pèse son poids et nécessite un temps d’incorporation. Un trésor inépuisable et intemporel qu’il s’agit de faire vivre et réactiver. Apprendre c’est mettre en pratique. C’est ainsi l’esprit du DU de ne pas transmettre un savoir théorique mais de constituer une communauté apprenante.

Avec Quentin, nous avons fait revivre ce contenu en nous mettant dans un état de présence et en nous lisant la version écrite de la présentation, avec la consigne de retraduire en une phrase ce que nous retenons de chacun des neufs points d’attention. Voici donc ci-dessous quelques bulles émanant de notre effervescence intérieure.


Cette lecture d’un équilibre entre design et présence fait échos à une récente session du D.U où Gregoire Serikoff a proposé une lecture des typologies de design : d’un côté le type design thinking, axé sur la production ; de l’autre le type théorie U, axé sur la présence ; et entre les deux un vaste domaine d’hybridation à explorer, ce que fait le codesign. Ou comment, dans le design d’une session, veiller à alterner des phases productives et des phases de présence à soi et aux autres. Cet apport de Philippe Labat l’enrichit en portant l’attention sur cette hybridation dans notre façon de préparer des sessions. Si cette double conscience est présente et incorporée dans la préparation, cela facilitera d’autant plus sa traduction dans la session. En portant attention à ce dont nous avons besoin pour nous faciliter la vie, nous faciliterons d’autant mieux celle des autres, et réciproquement.

Pour conclure, il me semble que la qualité de notre codesign dépend de notre capacité à voyager dans le temps permettant de rendre vivant la diversité des expériences et apprentissages que nous traversons pour les laisser s’exprimer selon les circonstances.

 

Merci à Philippe Labat pour son intervention.

Merci à Quentin Lebel, ancien participant du Diplôme Universitaire Codesign, pour la co-facilitation, la co-réactivation, la relecture et mise en forme.

Restitution proposée par Sarah Fortin, participante du Diplôme Universitaire Codesign

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